Aujourd’hui, le Disrupteur interviewe Sandor BERECZ, 23 ans, directeur de l’entreprise Uni’Brick qui est une entreprise spécialisée dans les ateliers d’animation et l’événementiel avec des briques Lego.
Franck :
Bonjour Sandor, comment tu vas ?
Sandor :
Moi, ça va et toi ?
Franck :
Ça va, à part qu’il fait un petit peu frisquet mais…
Sandor :
Il fait un peu frisquet.
Franck :
On va faire une bonne interview. Écoute, je t’ai découvert avec l’émission Lego Master avec mon fils qui est vraiment assez fan de Lego. D’ailleurs je lui ai dit que j’interviewais aujourd’hui un des participants de Lego Master, il m’a dit : « Ah la chance. C’est trop bien » et tout, tu vois le genre ? Donc, voilà, après quelques recherches sur internet, j’ai découvert ta société qui est Uni’Brick.
Sandor :
Tout à fait.
Franck :
Donc, déjà je trouve que le concept est super intéressant. Est-ce que tu peux nous parler un peu plus de ce concept-là et surtout comment tu as eu l’idée de créer ce type de société ?
Sandor :
Je vais traverser, je vais faire qu’est-ce qu’elle propose ? Comme ça, ça amènera vers pourquoi j’ai eu cette idée-là. Uni’Brick c’est une société où je fais pas mal de créations d’ateliers et d’événementiels. Enfin, c’est, voilà, c’est : atelier événementiel grosso modo. Et donc, ça s’adresse à un public, soit d’enfants. Donc, à ce moment-là, j’interviens dans des centres de jeunesse dans LMJC. Donc, auprès des enfants, ou alors, je m’adresse aussi à un public d’adultes, de travailleurs pour animer des séminaires en entreprise. Donc, c’est tout ce qui est journée de team building, cohésion etc.
Et en fait là, le but c’est d’utiliser la pièce, donc, la brique de Lego à des fins de travail. Et je mets des guillemets sur le mot : travail, parce que le but c’est d’apprendre, entre guillemets, de découvrir, de se questionner, etc. tout en s’amusant. Parce que le but ce n’est pas non plus de se sentir vraiment, comme sur un séminaire où on est en formation vraiment, avec quelqu’un qui nous explique des choses. Là, le but, c’est vraiment de redécouvrir un peu une façon, parfois de se connaître.
Quand j’anime un atelier par exemple avec une nouvelle équipe où les gens ne se connaissent pas, il faut apprendre à se découvrir aux autres et la brique permet ça. Même si comme ça, on pourrait juste penser que c’est un jeu. Donc, voilà, je fais ces petites choses-là.
Et puis à côté, l’événementiel, c’est d’animer soit des stands, soit des petites animations sur des événements type Japan touch, des expos, ça peut être un festival. Enfin, ça dépend vraiment de ce qu’il y a. Et l’idée m’est venue tout simplement parce que depuis que je suis tout petit, je suis fan de Lego. Je devais avoir 7 ans quand j’ai commencé et ça ne m’a jamais quitté. Et j’ai, très longtemps, voulu travailler pour la marque en tant que designer, sauf qu’il faut avoir des pré-requis assez élevés, on va dire, en design ou alors c’est « l’ingénierie », et je ne suis pas du tout un ingénieur, vraiment pas. Et donc…
Franck :
C’est ce qu’ils appellent Brick Master non ?
Sandor :
Non, c’est vraiment les designers de chez Lego, ceux qui conçoivent les boîtes qui sortent dans le commerce. Ces gens-là ont un talent vraiment fou et…
Franck :
Ceux qui conçoivent les…
Sandor :
Ah oui.
Franck :
Par exemple, ils se disent, je ne sais pas, on va faire le Yoda, on va prendre l’exemple de Yoda.
Sandor :
Oui, c’est ça.
Franck :
C’est eux qui disent comment ils vont faire.
Sandor :
Exactement oui. Et ces mecs-là ont vraiment une créativité incroyable. Et quand j’étais en étude sup, donc, j’ai fait des études de commerce et j’ai eu la possibilité de faire des stages dans une start-up, etc. Et ça m’a vraiment donné envie de monter ma boîte parce que j’avais fait d’autres stages en entreprise, vraiment entreprise, et je n’avais pas aimé le climat et la manière dont c’est dirigé etc. Donc, moi, je suis un peu, on va dire, part de cette génération qui veut faire un peu bouger le… enfin qui ne veut pas faire bouger, mais qui veut un petit peu évoluer dans la manière de diriger une entreprise, etc. Donc, je me suis dit : « Bon bien, go se lancer ! » Donc, voilà, après les démarches, c’est parti.
Franck :
On va parler d’un gros débat qui anime beaucoup de questions. Moi, je sais que j’ai beaucoup de clients qui me posent cette question : « Franck, t’es super créatif dans ce que tu fais. Comment tu fais ? » Alors, est-ce qu’on naît créatif ou est-ce qu’on devient créatif ?
Sandor :
Je pense que t’as et l’un et l’autre. T’as des gens qui naissent créatifs. Les artistes pour moi naissent créatifs, même si l’environnement dans lequel tu grandis fait que tu deviens de plus en plus créatif. Quelqu’un qui côtoie des artistes, quelqu’un qui côtoie des musiciens, quelqu’un qui lit beaucoup, devient plus créatif. Mais je pense que tu nais avec une part de ça en toi. Après, il y a des gens qui vont partir de rien et parce qu’ils vont cravacher comme des ouf deviennent créatifs. Mais je pense que c’est « une formation cérébrale » du fait que t’as des idées qui vont fuser ou pas et du coup… mais je pense que oui, il y a quand même une part d’innée et il y a une part de développement.
Franck :
Donc, ça se travaille ? Tu penses que ça se travaille en lisant ?
Sandor :
Oui, ça se travaille. Ça se travaille c’est ça, mais pas de manière, on va dire primaire, tu vois ? Ça se travaille parce que tu lis beaucoup parce que tu vas faire des tableaux si t’es dans la peinture ou dans le dessin, voilà. C’est en bossant toujours ça que tu finis par, comme un sportif qui finalement, genre, augmente son niveau parce qu’il est toujours sur l’entraînement, quoi. Mais ça ne se travaille pas en, par exemple, je n’en sais rien. Apprenons à être créatif quoi.
Franck :
C’est une certaine forme de curiosité, c’est ce que tu veux dire ?
Sandor :
Ça doit venir de là aussi, oui.
Franck :
Ok.
Sandor :
Tout à fait.
Franck :
Justement comment tu fais toi pour stimuler ta créativité autant en tant qu’entrepreneur ? Parce que c’est ce qui est fort avec… c’est pour ça, moi, je tenais à t’interviewer, c’est parce que je me suis dit : « Il est fan de Lego, il fait une société où à l’intérieur, il utilise sa passion et en même temps il transmet sa passion ». Donc, toi comment tu fais pour stimuler ta créativité en tant qu’entrepreneur, autant que dans la vie de tous les jours ?
Sandor :
Dans la vie de tous les jours, par rapport aux Lego, c’est assez simple : YouTube, Internet te permettent de voir beaucoup de choses et donc, d’imaginer comment toi tu pourrais les refaire, etc. C’est à partir de là que tu simules ta créativité.
Franck :
Qu’est-ce que tu tapes ?
Sandor :
Ça dépend de sur quoi je travaille. En ce moment, je travaille beaucoup sur Harry Potter. Donc, je vais chercher, des gens qui ont fait…
Franck :
Voilà. Oh là là ! Là, c’est bon, là c’est, je mets ça dans l’interview, je vais voir mon fils il va… et moi, tu travailles sur avec Potter. Là, t’es… là t’étais là et là, t’es passé là, là.
Sandor :
Le step up.Non mais je pense que c’est surtout ça. C’est à force de recherche. C’est à force de taper « Château Harry Potter » sur Internet. Je pioche des idées, etc. et puis ça m’amène à réfléchir. Donc… et puis après c’est juste en manipulant. Moi, je fais beaucoup partie de la team manipuler pour travailler. Et après pour mon entreprise, ça vient du fait que tu cherches toujours à essayer de lancer des projets, trouver des idées pour développer ton truc.
Donc, tu te creuses un peu la tête au final, et ça te permet d’imaginer soit des solutions, soit des débuts de solutions, soit carrément des trucs que tu ne feras jamais parce que bon, ce n’est pas une bonne idée quoi. Mais le fait de, à chaque fois, te remettre en question, ça fait que tu deviens de plus en plus créatif ; et d’en parler aussi, je pense, avec des gens.
Franck :
Oui, d’échanger.
Sandor :
Oui.
Franck :
Moi, j’ai appris quelque chose en travaillant sur ce sujet, parce que c’est un sujet qui me tient beaucoup à cœur, c’est la sérendipité. C’est le fait de remettre au hasard ce qui peut se passer dans ta vie. Donc, moi, j’ai appris. Ça, ça m’avait surpris, mais c’est vrai que je l’ai testé et ça fonctionne, c’est de ne rien faire.
Sandor :
Ah là…
Franck :
Oui, juste de se balader dans la rue en utilisant ni son smartphone, pas d’écouter la télé, de la musique, juste de regarder. Et il y avait d’ailleurs, je ne me souviens plus, je crois que… il ne faut pas que je me trompe, sinon on va me chauffer dans les commentaires, mais je sais qu’il y avait une sorte de technicien Suisse, je ne me souviens plus de son nom, qui a découvert le Velcro comme ça. Il se baladait dans la forêt avec son chien et il a vu les petites boules qui accrochaient. Il a regardé au microscope. Il a créé le truc Velcro et des années plus tard, il avait retrouvé ça sur des astronautes. Donc, comme quoi ça peut partir d’une simple balade quoi.
Sandor :
Oui, c’est ça, mais après tu vois, tu parlais de musique, moi, je sais que je suis hyper réceptif à la musique pour le coup et que la musique développe vachement de créativité. Donc, je travaille souvent en musique et ça c’est, je pense qu’on a tous un facteur externe qui fait que tu vas mieux travailler et peut être plus créatif.
Franck :
La créativité est un assemblage de briques. D’ailleurs, j’en parle dans une autre interview. Si vous voulez voir où on parle d’innovation et de créativité, c’est l’interview avec Cyril de Sousa Cardoso. Je vous invite à la regarder, elle est très intéressante. Il est auteur sur le sujet.
Donc, la créativité, c’est un assemblage de briques. C’est-à-dire qu’on prend des choses qui sont existantes et puis on les assemble et on arrive à créer quelque chose. Pourquoi est-elle importante pour un entrepreneur ? Parce que souvent on dit : « Mais non, il ne faut pas être créatif. Non, c’est trop. Ça vous perturbe. Il faut rester dans les cases. » Et est-ce que tu pourrais nous dire comment il peut s’en servir ? Comment il peut servir de la créativité pour son activité ?
Sandor :
Je pense qu’un auto-entrepreneur doit être créatif de nature. C’est-à-dire que si t’es…. Pour moi, si tu es auto-entrepreneur pour juste suivre…
Franck :
Entrepreneur tout court.
Sandor :
Oui, vraiment. Si t’es entrepreneur tout court pour suivre une ligne qui est déjà toute tracée, ce n’est pas que ça n’a pas d’intérêt, parce qu’il y en a qui le font et qui vont très bien réussir, mais je trouve ça dommage. Parce que justement tu as la possibilité de pouvoir faire quelque chose qui va sortir du cadre. Donc, t’as ce besoin-là d’être créatif. Au contraire, justement, la créativité a permis à certains, des grands de ce monde de développer des trucs de ouf.
Donc, je trouverais ça bête de passer à côté de quelque chose comme ça et de ne pas justement laisser libre cours à ses idées. Et tant pis si tu te foires. Je veux dire : t’as envie, je sais que je vais peut-être en faire crier plus d’un, mais on vit dans un monde où surtout en France, l’échec est encore trop dévalorisé. Alors qu’on s’en fout de se tromper. Je veux dire : tu te plantes, ce n’est pas grave quoi. Mais il faut justement laisser parler ses idées et bon voilà, ça marche tant mieux, ça ne marche pas tant pis, ce n’est pas grave, t’auras perdu un peu de temps à la rigueur, mais t’auras appris de ça quoi.
Et la créativité pour moi c’est ça. C’est justement de… alors ne pas tout faire passer, parce qu’il y a des trucs où on sait que c’est débile, mais quand t’as une bonne idée, que tu penses que c’est une bonne idée, aller jusqu’au bout et l’étoffer à max pour que ça pète.
Pourquoi est-ce que l’entrepreneur doit, pour moi, la stimuler ? C’est parce qu’il doit toujours « être remis en question », enfin, se remettre en question parce que c’est comme ça que tu évolues et c’est comme ça que tu grandis, etc. Mais… ce n’est pas vraiment des entrepreneurs, mais moi, je sais que je suis très, j’ai pas mal lu de choses sur Barack Obama qui n’est pas, enfin, c’est un entrepreneur dans le sens où ce type-là, part de « pas grand-chose ». Enfin, il n’est pas non plus parti de rien, mais il s’est toujours remis en question sur son boulot, et il finit par devenir le président, le premier président noir des États-Unis. Donc, l’achèvement, il est énorme.
Mais t’as des mecs comme Elon Musk, qui sont pour moi les vrais entrepreneurs du 21e siècle, des gars qui, ils ont lancé un projet, ça a marché, ils ont relancé un autre, ça a échoué, ce n’est pas grave, j’en relance un troisième. Ça va peut-être moyen marcher, mais j’en relance un quatrième et puis le quatrième, il explose. Donc, voilà le gars ne lâche pas ses idées, il les mène jusqu’au bout. Il est suivi par des gens qui ont confiance et parce que le gars, voilà, ne se remet enfin… se remet toujours en question et ne s’arrête pas à un échec. Et c’est pour moi, c’est pour ça que tu dois travailler ta créativité. C’est parce que ça te permet de toujours avoir des idées.
Franck :
D’ailleurs, tu disais tout à l’heure l’importance de l’échec, juste pour une anecdote, si on prend un autre grand entrepreneur qui a changé la donne sur le marché des aspirateurs, c’est Dyson. Et il avait échoué 5126 fois. Moi, je sais que ce chiffre m’avait marqué. Avant de sortir le 5127ème prototype qui fonctionnait. Donc, c’est toujours étonnant quand on demande aux gens : combien de fois vous êtes prêt à échouer ? Eux, ils disent ? Vingt. Mais non, ça se compte peut-être par centaines, c’est intéressant.
Sandor :
Mais Thomas Edison. Thomas Edison quand il trouve l’ampoule, il a trouvé, je ne sais plus, je ne veux pas dire de bêtises, mais il me semble que c’est genre proche des 9999 fois et la phrase, elle est dingue. Lui, il dit : « Je n’ai pas… ce n’est pas que j’ai échoué 9999 fois, j’ai trouvé 9999 moyens de ne pas fabriquer une ampoule ». Et cette phrase-là pour moi elle est, elle fait tout le sens dans la manière dont tu perçois l’échec et la réussite. Et lui il n’y a pas d’échec, c’est juste un moyen.
Franck :
T’apprends plus dans l’échec que dans la réussite alors ?
Sandor :
Ah carrément ! Parce que le truc c’est que quand tu réussis, c’est bien, mais est-ce que t’es capable ? Est-ce que t’as trouvé « une formule pour réussir » ? Non c’est juste… entre guillemets, oui, mais t’es peut-être arrivé à un moment où les planètes se sont alignées, quoi grosso modo.
Un gars qui réussit du premier coup s’il veut relancer un business et qu’il se plante, il ne saura pas pourquoi il s’est planté, parce qu’il va essayer de copier son premier business et ça ne va pas forcément marcher. Alors qu’un mec qui s’est trompé deux, trois fois, mais qui ne s’est pas planté de beaucoup, il sait ce qui n’a pas marché la première fois, ce qui n’a pas marché la seconde, ce qui n’a pas marché la troisième, la quatrième. S’il prend bien en compte tout ça, qu’il s’est bien posé les bonnes questions, ça va marcher mieux que le gars qui aura réussi la première fois. C’est mon point de vue évidemment, mais pour moi, je pense qu’il faut toujours se servir de l’échec, en fait, pour repartir derrière.
Franck :
Tous les jours, tu travailles avec des briques qui viennent de la marque Lego.
Sandor :
Tout à fait.
Franck :
Et en travaillant le sujet, moi, c’est vrai que j’ai été étonné. Je ne pensais pas qu’il y avait une telle communauté autour de la marque, mais c’est vraiment une communauté de fidèles quoi. Ils sont fans quoi de la marque ?
Sandor :
Oui, il y a du monde.
Franck :
Oui, et… dont tu fais partie d’ailleurs ?
Sandor :
Tout à fait.
Franck :
Puisque tu travailles avec cette marque-là. Donc, selon toi, comment ils ont réussi à fédérer cette communauté ; même plus, cette communauté de fans ?
Sandor :
C’est intéressant et je pense que ce n’est pas quelque chose qui peut s’expliquer facilement. Mais je dirais : Lego, ça existe depuis un moment et…
Franck :
C’est quelle année ça ?
Sandor :
Ça commence, vraiment, l’émergence de Lego c’est les années 60, 70 plutôt, où ça commence vraiment à bien rentrer et à être connu partout. Et donc, c’est la génération de, mes parents, enfin, voilà. Et donc, je pense qu’ils ont tout de suite tablé sur le long terme, parce qu’ils ont pensé à un jeu qui allaient être multi-générationnel. Donc, les parents allaient le transmettre à leurs enfants ou au moins leurs neveux, nièces. Bon voilà, il y allait avoir une transmission.
Et je pense que les enfants qui sont nés un peu dans les années autour de la mienne, donc, entre 90 et 2000, eux, ils ont grandi avec les Lego, que ce soit les leurs ou que ce soit ceux que les parents leur ont donnés. Et je pense que ça a été tellement fort qu’il y en a qui n’ont pas coupé, on va dire, le cordon avec la marque. Donc, ils vont le transmettre à leur tour aussi. Et qui, s’ils ont eu des petits frères, on va en parler aux petits frères, on va le montrer aux petits frères, puis on va le montrer aux petites sœurs, puis montrer aux copains, copines etc. Et en fait, ça a juste fait le tour.
Et derrière, Lego, ils sont capables de satisfaire énormément. Ils sortent sur des gammes comme Star Wars, Harry Potter. Ils vont toucher un public qui est peut-être fan de la licence et qui, du coup, va acheter un produit dérivé, tomber dans cette…
Franck :
Sur une marmite.
Sandor :
Oui, c’est ça. C’est vraiment tombé dans une marmite. C’est tomber dans une presque addiction. Enfin moi, je sais que j’en suis à un terme, à un point où j’aime bien. Enfin tu vois, il y a des fois où je me dis : « Oui, je vais acheter un set juste parce que j’aime ce côté à monter un set » alors que j’aime aussi créer mes propres trucs, mais monter un set, il y a ce côté très satisfaisant.
Franck :
C’est quoi un set ?
Sandor :
Un set, c’est la boîte que commercialise Lego. Nous, on appelle ça un set. Et t’as ce côté hyper satisfaisant où tu te poses chez toi. Tu te mets une série et tu montes ton truc et là, là, t’es heureux. Ça, pour moi, c’est une soirée type, tu vois ? C’est vraiment le truc, t’as fait une journée de merde, ce n’est pas grave, tu montes ton truc. Et là-dessus, il fédère. Et puis après, il fédère parce que c’est une marque où ils sont hyper intelligents dans leur branding, dans la manière aussi de te récompenser sur les rewards d’achat, tu vois ?
Le programme de fidélité VIP, il a l’air tout bête, mais tu as des récompenses et puis tu as toujours un petit cadeau offert à partir d’un certain montant d’achat. C’est ça paraît un « attrape-couillon », mais le nombre de gens ; et même moi, j’en fais partie et je ne m’en cache pas tu vois. Mais on me dit : « Tu peux avoir un petit set pour 55 € d’achat ? », tu fais 55 € d’achat parce que tu as envie de l’avoir le petit set. Donc, à partir de là ils sont rois, tu vois ? Donc, ah non, ça ne m’étonne pas qu’ils aient réussi à fédérer. Et puis à bêtement ça fait 3 ans qu’ils ont sorti une gamme qui est adult friendly, qu’ils appellent « adult welcome », et c’est juste pour rechoper tous les parents qui ont joué quand ils étaient petits, leur offrir des sets qui sont graphiquement et visuellement super beaux.
Franck :
Tu peux donner un exemple par exemple ?
Sandor :
Oui, t’as les bonzaïs qui sont sortis il y a 2 ans.
Franck :
Ah oui, je l’ai vu. Je l’ai vu, j’ai failli l’acheter.
Sandor :
C’est un très beau set. Là, il a… qu’est-ce qui est… le Titanic.
Franck :
La Stan Smith. J’ai vu une Stan Smith.
Sandor :
La Stan Smith. Tu vas avoir tout ce qui est l’ISS pour ceux qui sont, qui aiment l’espace, il y a un piano qui est sorti. Enfin un bouquet de fleurs, c’est très art déco. Mais ça, je veux dire, même si tu n’es pas fan de Lego, il y a un petit côté sympa à mettre dans un salon, tu vois ? Et ils ont tablé là-dessus. Et ça marche de dingue. Eux sont hyper créatifs, hyper entreprenants dans leur manière de penser les nouvelles gammes etc. Et c’est rare que Lego se trompe. Je dis ça, mais, la dernière gamme qui est sortie a floppé totalement.
Franck :
C’était quoi ?
Sandor :
Vidiyo.
Franck :
Ça consistait en quoi ?
Sandor :
C’était une gamme qui jouait un peu sur le côté et pièces, et informatisé, enfin numérique, où il y avait des trucs, un peu, tu sais ? Pour faire du Tik Tok, voilà. Ça… c’était, entre guillemets, de mon point de vue, je vois l’échec parce que…
Franck :
En fait, ils ont lié technologie et lego, c’est ça ?
Sandor :
Oui, c’est ça. Ça peut marcher. Il y a un réel marché, mais pour l’instant ils ne l’ont pas trouvé. Ils ont sorti deux gammes un peu comme ça, ça n’a pas très bien marché, mais ça va venir, j’en suis sûr. Et le jour où vraiment ils vont trouver la solution, là, ça va exploser.
Franck :
Tu me racontais tout à l’heure en off, ça vient d’un, est-ce que tu peux me dire le menuisier… que ça a brûlé et tout ça ?
Sandor :
Et puis alors après dans l’histoire de Lego aussi, c’est là où tu vois que ce sont des mecs qui ne lâchent pas l’affaire et qui se réinventent tout le temps. Le fondateur de Lego qui s’appelle Ole Kirk Christiansen.
Franck :
Ce n’est pas facile à dire.
Sandor :
Non, ce n’est pas facile à dire. Et ce type-là était menuisier à la base. Il fabriquait des meubles. Et puis il a eu des enfants, il a eu l’idée de fabriquer des jouets en bois, ça a marché. Sauf que son atelier a brûlé une fois. Donc, il a refait un atelier, et ses enfants ont joué avec des allumettes dans l’atelier, l’atelier a brûlé une seconde fois. Et le mec n’a pas baissé les bras. Et il a entendu parler dans le même temps de jouets en plastique. Donc, il a investi tout ce qui lui restait dans une machine de moulage de pièces. Ça a fonctionné.
Ensuite, il y a eu la crise économique. Il est passé au travers de la crise économique en essayant de vendre au maximum ses jouets et en se serrant la ceinture, etc. La crise économique est passée. C’était la crise dans les années 80, un truc comme ça. Oui, si 80, c’était peut-être même un peu avant, mais il avait déjà commencé à bien produire, puisque, voilà. Et puis derrière bon, il avait transmis « à ses enfants ». Enfin, il y avait tout un, tout le processus était parti.
Franck :
C’est toujours une entreprise familiale aujourd’hui ?
Sandor :
Oui, je crois qu’aujourd’hui, même s’il y a eu un passage où c’était plus quelqu’un de la famille. Maintenant, c’est re-quelqu’un de famille. Et puis là, il n’y a pas longtemps, 2012 avec la crise des subprimes, c’est pareil, ça a chuté complètement. Et puis ce sont relancés derrière comme des dingues. Pareil en 99, ils avaient eu un petit coup de mou, et puis ils avaient lancé la gamme Star Wars qui a explosé les chiffres.
Franck :
Ah oui, apparemment, ça a été un gros coup.
Sandor :
Ah, la signature de Star Wars, ça les a propulsés à des années lumières devant Playmobil et tous les concurrents, Kapla, etc., qui ont été relayés.
Franck :
Ah oui ! Kapla.
Sandor :
Oui. Donc, c’est des mecs qui sont toujours, toujours, toujours acharnés.
Franck :
C’est intéressant parce que même dans une grosse marque comme ça, tu disais tout à l’heure l’échec, on a l’impression que Lego c’est là tout le temps et que ça restera tout le temps. Mais ils ont quand même eu des hauts et des bas.
Sandor :
Bien sûr. Mais après, voilà, ils ont toujours su trouver une solution. Là, quand il y a eu la crise financière la plus récente, c’est pareil. Ils ont sorti d’autres gammes. Ils ont essayé de se réinventer un peu. Ils ont ressorti des gammes qui avaient marché. Et puis là, il n’y a pas longtemps c’est pareil, il y a eu un petit flop 2016, 2017 un peu compliqué. Ils ont sorti Harry Potter, pouf.
Franck :
Donc, même en tant que leader, ils continuent à créer, en fait ? Ils ne restent pas figés quoi, c’est ça ?
Sandor :
C’est ça. Mais après Lego, c’est un leader un peu impérialiste. Il n’y a pas que des bons points chez Lego. Ils ont une politique qui est très dure aussi, avec les concurrents, qui est : je t’écrase. Donc, tu n’existes pas.
Franck :
Est-ce qu’il y a une guerre avec Playmobil ?
Sandor :
Non, alors cette guerre-là, elle est seulement chez les fans.
Franck :
Oui. Parce que ce n’est pas tout à fait le même type de jouet.
Sandor :
Non, non tout à fait. Par contre, MegaBlocks et Lepin qui étaient une marque, alors une contrefaçon, disons-le chinoise. Là-dessus, Lego ne rigole pas. Alors avec MegaBlocks, moins maintenant, parce qu’il y a eu des procès etc. Cela a fait mauvaise presse dans les deux camps, donc, il y a un « accord amiable » qui a été trouvé. Mais Lepin, c’est, il y a une vraie guerre commerciale et Lego a dégagé Lepin parce qu’il y a de la contrefaçon. Donc, de toute façon, voilà, il y avait une fraude, mais ils ont été sans pitié.
Franck :
Parce qu’ils ont fait breveter leur….
Sandor :
Alors la brique elle est brevetée, mais maintenant, elle est tombée dans le domaine public. C’est pour ça que MegaBlocks existe. Par contre, il y a certaines licences, notamment les licences, en fait. Toutes les licences qui sont de chez Lego ne peuvent pas être copiés, or…
Franck :
Leur licence, c’est par exemple les Lego Star Wars ?
Sandor :
Oui. Les Lego City, tout ça. Tout ce que tout ce que vous achetez en lego, ça appartient à Lego. Même si Star Wars appartient à Disney, mais ils rachètent la licence. C’est pour ça que ça coûte plus cher. Et du coup, tout ce qui sorte en termes de modèle en fait, ils brevettent les modèles à chaque fois. Donc, tu ne peux pas les copier.
Franck :
OK.
Sandor :
Et gare à toi si tu les copies.
Franck :
Oui, ils essaient vraiment d’avoir le contrôle total.
Sandor :
Oui, mais c’est une manière de faire quoi.
Franck :
C’est peut-être aussi une des clés de leur succès aussi.
Sandor :
Possible.
Franck :
Oui.
Sandor :
Carrément.
Franck :
Sandor, il y a quelque chose qui m’intéresse beaucoup, parce que t’as quel âge Sandor ?
Sandor :
23 ans.
Franck :
23. Donc, t’es super jeune quand même.
Sandor :
Oui.
Franck :
On peut le dire. Et moi quand, j’ai vu un peu ton parcours, je dis : « Putain les mecs sont jeunes comme ça, ils sont déjà en train de faire des entreprises ». Moi, ça me ça me sidère, parce qu’au même âge, je n’étais pas du tout au même point. Mais ça, j’en parlerai dans une autre interview. C’est quoi qui t’a poussé justement à entrer, à entreprendre à cet âge-là ? Parce que à cet âge-là, on n’a pas en général, je ne vais pas faire des stéréotypes, mais ce n’est pas forcément les priorités de la majorité des jeunes. C’est quoi qui t’a poussé à ça ?
Sandor :
Ce qui m’a poussé à ça, c’est ma troisième et dernière année d’étude. Je suis parti étudier en Finlande, qui fait partie des pays nordiques qui sont pour moi bien plus avancés que nous en termes de réflexion sur l’entrepreneuriat, la manière de réussir. Et j’ai fait beaucoup de cours sur l’entrepreneuriat, monter une entreprise, les micro-sociétés, etc.
Et j’ai eu la chance d’assister à une conférence qui s’appelle le « Nordique Business Forum ». Une conférence de fou furieux, avec des gens, des entrepreneurs essentiellement finlandais, qui viennent expliquer comment ils ont fait ; et par où ils sont passés, etc. Et t’avais des mecs, mais qui sortaient de… des personnes qui sortaient d’une autre planète. Les gars arrivent, ils se sont levés un matin, allez, vas-y ! Je vais faire des cuisines modulables, ça part. Et le gars réussit. Et tu te dis : « Mais enfin quoi ? Pourquoi lui ? Genre, lui le gars qui était, je sais plus, il était ouvrier à l’usine ? » Enfin bon, c’est en soit l’histoire est magnifique, mais tu te dis : « à quel moment le gars se lève comme ça du pied gauche ? » et il se dit : « Oui, vas-y je fais des cuisines… ! »
Franck :
Il y a des jeunes PDG ?
Sandor :
Ça dépend, ça dépend. Il y avait un mec qui avait plus de 75 ans et qui a relancé une entreprise. Et puis t’avais une gamine de 15, 16 ans qui faisait du prêt-à-porter. Et tous ces gens-là sont hyper côtés en Finlande, et hyper connus, et tu parles d’eux. Et puis bon, après t’avais un mec qui arrivait sur scène, c’était le guest, je ne savais pas. Et puis tu as Barack Obama qui se pointe sur le forum et qui explique comment lui il est devenu président des États-Unis.
Et à partir de là tu te dis, en fait : « Pourquoi aller bosser dans quelque chose qui ne te fait pas réellement envie quand t’as la possibilité de vivre de ce que t’aimes ? » Et moi, ma passion c’était les Lego. Et bon, voilà, à partir de là, tu changes complètement l’idée que tu t’es faite de ton avenir. Et je me suis dit : « Bon, maintenant je vais vraiment taffer sur… ». J’avais préparé ça, de toute façon, ça fait un moment que je préparais ça, mais au cas où je puisse le lancer un jour.
Et cette conférence-là m’a vraiment fait basculer ans cette idée de : « Ok, maintenant, je me lance ». Parce que j’ai envie de travailler pour ce que j’aime et parce qu’on n’a qu’une seule vie pour l’instant, sauf démonstration du contraire. Je vous attends dans les commentaires. Mais alors autant ne pas se faire chier à travailler pour quelqu’un ou quelque chose que t’aimes pas.
Franck :
Est-ce que tu aurais un livre à nous recommander qui t’a aidé directement, d’ailleurs ou indirectement, dans ton parcours d’entrepreneur ?
Sandor :
Alors je suis plus sûr de l’exactitude du titre, je passerai le mettre dans les commentaires si jamais je le, enfin…
Franck :
On mettra d’ailleurs les références de la chaîne de Sandor.
Sandor :
Le livre s’appelle : « Est-ce que… », c’est en anglais, mais c’est grosso modo : « Est-ce que le leadership, c’est inné où ça s’acquiert ? » Et c’est un livre qui est vraiment, vraiment super intéressant à lire et qui explique quelle est « la différence entre un leader né et un leader qui devient leader par la force des choses ou par son propre caractère, ou parce qu’il aime diriger ? » Parce que le gars fait vraiment la différence entre : « Qu’est-ce qu’un bon leader et qu’est-ce qu’un mauvais leader ? » sans stigmatiser évidemment, parce que on a toujours envie de dire que le bon leader, voilà, c’est un peu le mec parfait qui dirige gentiment, que tout le monde écoute, ce n’est pas, enfin, ça n’existe pas ce genre de personne. Il faut, voilà, il faut briser la glace, mais forcément qu’il y a un moment ou t’es obligé de parfois élever le ton.
Franck :
Taper du poing sur la table.
Sandor :
Exactement, mais ça fait aussi partie de prendre ses responsabilités pour moi. Mais par contre, t’as des gens qui savent parler aux autres, qui savent prendre le temps d’écouter aussi. Et toutes ces qualités-là, elles sont écrites dans ce livre-là. Il est très intéressant parce qu’il permet aussi de beaucoup remettre en question la manière dont tu vois le monde de l’entreprise aujourd’hui. Et les leaders de grandes entreprises sont les gens qui ne voient jamais leurs salariés, qui voient peu, même les, pas les sous exécutants qu’ils ont juste en dessous, mais les N-2, par exemple. Ils ne savent pas forcément qui ils sont.
Donc, c’est des gens qui ont perdu le l’aspect humain de leur boulot et qui sont juste là pour signer les contrats et encaisser les chèques. Enfin c’est réducteur ce que je raconte, mais c’est vraiment l’histoire de vous schématiser le truc. Et le gars « déplore » un peu ça parce qu’un vrai leader c’est d’abord quelqu’un qui est au proche de ces troupes. Un coach sportif est un vrai leader. Son sens, c’est à mon sens aussi, parce qu’il est auprès de ses humains et parce qu’il les entend, il les écoute et parce qu’il prend le temps aussi de réfléchir avec eux. C’est ça qui est important.
Franck :
Sandor, est-ce que je peux te poser une question ?
Sandor :
Dis-moi !
Franck :
Est-ce que tu peux me faire confiance ?
Sandor :
Bien sûr.
Franck :
Donc, je vais te demander de te tendre ta main.
Sandor :
C’est un tour de magie ? Alors, fais gaffe ! J’ai côtoyé Éric Antoine. Donc, tu t’attaques à du gros niveau.
Franck :
Est-ce que tu peux tendre ta main, je vais te mettre quelque chose à l’intérieur.
Sandor :
Dans la main ? Donc, je ne regarde pas.
Franck :
Exactement.
Sandor :
D’accord.
Franck (jeune) :
Tu peux ouvrir les yeux.
Sandor :
Oh !
Franck (jeune) :
Regarde ce qu’il y a dans ta main !
Sandor :
Un médaillon docteur Strange.
Franck (jeune) :
C’est ça. Tu sais ce qu’il y a à l’intérieur ?
Sandor :
Une pierre d’infinité, je suppose ?
Franck (jeune) :
Oui, la Pierre du temps, qui permet de retourner dans le passé. Qu’est-ce que tu dirais au toi enfant ?
Sandor :
Qu’est-ce que je dirais au moi enfant ? C’est une bonne question. Je pense que je dirais au moi enfant : « De ne jamais lâcher ce qu’il a envie de faire, de toujours croire dans ses rêves, de toujours croire dans ses objectifs, de persévérer à max. Parce que tout finit par porter ses fruits à un moment ou un autre. Donc, aucun effort qui est fait n’est vain ». Je pense que c’est le truc que je lui dirais et « d’éviter de manger trop de bonbons », accessoirement. Et de peut-être plus aller à la natation parce que ça m’a pêché un peu, à un moment. Mais voilà, je lui dirais ça.
Franck :
Écoute, merci beaucoup Sandor, en tous les cas d’avoir pris du temps pour répondre à mes questions. En plus, tu viens de Lyon. Donc, ce n’est pas à côté.
Sandor :
Mais je t’en prie. Merci à toi de m’avoir invité.
Franck :
Et puis est-ce que tu peux nous donner le mot de la fin ? Il est pour toi, tu dis ce que tu veux.
Sandor :
Attention ! Non, en mot de la fin, je dirais : « Écoutez-vous ! » voilà. C’est :
Et faites-le pour tous ceux qui ont la possibilité de communiquer ! Je trouve que c’est peut-être le plus important. Et enfin moi, après je pourrais m’étaler sur toutes les valeurs du respect, mais oui, voilà. Je pense que c’est, je terminerai là-dessus.
Franck :
Et écoutez ! C’est la fin de l’interview. En tous les cas, merci beaucoup Sandor. Et ce qu’on peut retenir, c’est que bien évidemment la créativité est moteur pour l’entrepreneur.
Sandor :
Attends ! J’ai un petit peu mieux si tu me permets.
Pour visionner l’intégralité de l’interview de Sandor, cliquez l’image ci-dessous :