Seth : Salut moi, c’est Seth Gueko. J’ai 40 ans. Je suis expert en punchline, le professeur et je suis apprenti entrepreneur.
Vous êtes devant la chaîne du disrupteur, attachez vos ceintures.
Franck : Salut Seth !
Seth : Salut Franck !
Franck : Je suis content que tu viennes ici répondre à quelques questions. Déjà, je te remercie d’avoir pris du temps parce que je sais que tu es quelqu’un d’assez occupé, puisque tu as plusieurs business. Merci de prendre du temps pour moi et pour répondre aux questions de la chaîne du Disrupteur. Je pense que ça va être très intéressant. Regardez bien cette interview.
Seth, tu es rappeur. Le rap, c’est un milieu très concurrentiel et ça fait quand même plusieurs années que tu es là. Ça fait combien d’années maintenant ?
Seth : Une vingtaine d’années maintenant.
Franck : Comment as-tu fait justement pour sortir du lot et pour avoir une carrière qui dure ?
Seth : Je pense que pour être un artiste, déjà, il faut créer quelque chose qui n’a jamais été vu et jamais entendu. Et je me suis toujours efforcé de travailler sur ça. C’était la quête de l’originalité. C’est comme ça que tu te démarques et que tu dures dans le temps en étant différent des autres. Des fois, tu peux cultiver cette différence ou des fois, ça se fait naturellement. J’ai eu beaucoup de chance que chaque chose soit arrivée naturellement. Je ne me suis pas dit : il faut que je trouve un nom original, un style de rap original. J’étais original malgré moi. Déjà, c’était quand je suis arrivé avec le premier titre qui m’a propulsé « Patate de Forain » de voir un blanc dans une cité avec tous les codes, avec Sefyu. Ça rappelait un peu les gens, les street clips comme « Pour ceux » de Mafia K’1 Fry ou « 93 Hardcore » de Tandem. Déjà, c’était différent de voir un blanc qui prenne cette position-là. C’était original aussi. Le titre de la première chanson, « Patate de Forain », c’était original. Le type de voix était original. Après dans l’esthétisme, j’étais encore un peu jeune, donc ça, c’est venu avec le temps.
Franck : C’est le premier morceau qui t’a vraiment mis en avant ?
Seth : Il y a eu beaucoup de lumière à partir de ce morceau-là. Du clip, surtout.
Franck : Qui avait été tourné à Saint-Ouen-l’Aumône.
Seth : Entre autres.
Franck : 95 centre du monde. Pour ceux qui ne savent pas. On l’a vu, tu en as parlé. C’était beaucoup dans l’esthétisme, mais en off juste avant cette interview, on parlait du rap plus contemporain, plus moderne, là maintenant. Et on remarque quand même, c’est un flow pour tous et tous pour un flow. Comment tu as fait niveau rap pur pour te différencier ?
Seth : J’ai tout misé sur la qualité des textes. C’est très important ça. Il faut être passionné par le rap pour prétendre en faire pour moi. Là, il y a des petits jeunes aujourd’hui, ils se lancent dans le rap, ce n’est pas leur passion. Ils le voient plus comme une issue. Tu n’as pas besoin d’être fort pour pouvoir en faire. Tu n’as pas besoin d’avoir des contacts pour être visible. N’importe qui peut faire un clip. À l’époque, pour être sur un site de rap, il fallait que tu sois fort, sinon tu n’avais pas accès à un site de rap. Aujourd’hui, tu donnes de l’argent à des sites, ils te mettent en avant. Tout est une histoire d’argent. Moi, j’avais misé sur la qualité. C’était ça la promotion. En fait, c’était de faire des rimes jamais entendues et avoir été à la bonne école, d’écouter les meilleurs pour pouvoir devenir un des meilleurs.
Franck : C’était qui que tu écoutais ?
Seth : À cette époque-là, j’écoutais ; ça pouvait aller du Ministère A.M.E.R à Arsenik, c’est 95 en priorité. Et l’école Time Bomb, c’était Oxmo, X-Men, Lunatic. C’était eux qui maîtrisaient mieux la rime.
Franck : Ton expatriation en Thaïlande, ça a marqué un réel tournant dans ta carrière et aussi dans l’évolution de ta marque. Donc, déjà, qu’est-ce qui t’a influencé ? Tu es resté combien de temps en Thaïlande ?
Seth : Une dizaine d’années, on va dire.
Franck : Qu’est-ce qui t’a influencé et comment ça a fait avancer ton raisonnement sur ta musique et aussi sur ton personnage ?
Seth : Ça, c’est du développement personnel. J’étais dans un autre monde où il n’y avait pas d’à priori sur la dégaine. Je me suis épanoui dans les tatouages, sans calcul. J’étais dans un autre monde. Pour moi, je n’allais pas revenir en France, donc je n’allais pas avoir le jugement puisqu’ils sont un peu en retard les Français sur la démocratisation du tatouage, par exemple. Et puis, c’est quand même des spots où ta dégaine est importante parce que c’est des plages où tu es tout le temps en tee-shirt ou en torse nu. En vrai, c’est plus tu es costaud, mieux c’est là-bas parce que tu es tout le temps en short et en débardeur.
Franck : C’est là que tu as commencé vraiment à faire du sport.
Seth : Oui, à faire du sport, à me dire les tatouages là-bas, c’est culturel, ça ne choque personne. Je me suis fait plaisir. Il faut voyager. Ça t’ouvre l’esprit. Tu vois des nouvelles choses. Ça m’a donné du nouveau vocabulaire. Ça m’a permis moi, pareil, je tombe amoureux passionnément de cette île. J’étais à Phuket. Du coup, j’ai tout de suite envie de transmettre ça aux autres. Donc, ça m’a élargi le champ lexical, une nouvelle langue aussi, le Thaïlandais. J’ai toujours aimé rebondir sur des nouveaux mots, utiliser des dialectes différents, donc là, j’avais encore quelque chose de riche. J’ai toujours eu le truc, le béguin pour mettre le doigt.
Franck : Tu mettais de l’italien, tu mettais aussi du gitan.
Seth : De l’italien, pas trop. C’est plus des mots maliens que j’aurais mis, des mots rebeu parce que c’est culturel des quartiers cosmopolites dans lesquels on a grandi. Des mots gitans, les gens ne connaissaient pas ça, les expressions. Là, une fois de plus, c’est l’amour des mots. Ils ont des manières de s’exprimer, moi qui me fais rire et ça rend les choses originales. Et puis, c’est encore mieux quand c’est cohérent quand tu peux les fréquenter, tu es avec eux. Ça apporte de la cohérence. J’ai eu un enfant avec une Congolaise. J’ai traîné beaucoup avec des Congolaises qui a fait que j’ai connu leur culture. Je suis quelqu’un qui s’imprègne de la culture des autres et j’essaie d’être une version ++ de moi en regardant ce qui se passe chez les autres. Je ne me cantonne pas à ma culture à moi, je m’intéresse beaucoup à la culture des autres. Et en voyageant, c’est là que tu deviens encore une version améliorée. C’est ça en fait, tout le temps de connaître le maximum de choses et d’en tirer les meilleures choses et d’évoluer comme un Pokémon. C’est ça le truc, un peu.
Franck : Là, tu es à quelle version ? Quelle l’évolution ?
Seth : Là, je régresse maintenant. J’ai progressé, je suis dans la phase, à partir de 40 ans, ça y est, c’est la dernière dizaine, la tranche d’âge où on peut encore prendre après, on redonne.
Franck : Mais c’est intéressant ce que tu dis. En gros, tu dis que le fait d’être expatrié, pourquoi tu t’es expatrié à la base ?
Seth : J’ai eu besoin de changer d’air. Et puis, je n’avais pas beaucoup voyagé avant. Il m’en fallait peu pour avoir les yeux écarquillés. Moi, juste avant, j’avais fait la Côte d’Azur que je ne connaissais pas. Donc, toute la région PACA, que ce soit Nice, Cannes, Monaco et Vintimille. Même quand j’ai vu ça, je me suis dit : il faut que j’aille habiter sur la Côte d’Azur. Il m’en fallait peu, tu vois. Après, j’habite à Miami. Non, ça aussi, c’est trop bien. Il faut que j’ouvre une boulangerie là-bas. J’ai dit : mais tous les Français qui vont là-bas, ils pensent à cette idée-là parce qu’on ne trouve pas de pain. Après, je découvre la Thaïlande, j’ai dit : mais, c’est ça le vrai truc. En fait, il y a un peu de la Côte d’Azur, il y a un peu de Miami, mais il n’y a pas ce truc de la course à l’argent.
Tu peux être là. Je ne sais pas, j’ai tout de suite pensé à une reconversion dans l’image, parce que ce qui m’avait choqué, j’ai tiré mon nom de rappeur Seth Gueko dans un film qui s’appelle « Une nuit en enfer », qui se tourne dans un bar à strip. Et ils sont dans un bar à strip qui part en couille à la frontière du Mexique. Et quand je vais en Thaïlande, c’est ça un des trucs qui me choquent le plus, c’est que je tombe dans un club de strip qui a la déco du film « Une nuit en enfer ».
Franck : C’était le Titty bar ? C’est ça ?
Seth : Non, le Titty Twister qui veut dire le téton tortille. Non, celui-là, il s’appelait le Suzie Wong, mais la déco, c’était la déco du film. J’ai dit : mais c’est un truc de ouf. Ils ont créé mon propre décor. Il est fait pour moi, ce bled-là. Après, j’ai dit : ah putain, les Français, ils se réunissent dans les mêmes endroits pour boire des coups ensemble alors qu’on est à 12 000 km. Il n’y a pas énormément de Français encore à cette époque-là. J’ai dit, imagine, j’ai mon bar ici. Les idées viennent naturellement. Je ne me suis jamais mis devant une feuille en me disant : il faut que je trouve l’idée du siècle aujourd’hui. Je suis un créateur d’idées. J’ai juste à me secouer comme un cocotier et les idées tombent par terre. Après, il faut savoir prendre laquelle est la meilleure. Ça ne se fait pas, c’est spontané, c’est naturel. Des fois, on peut dire que c’est quoi la recette pour réussir et tout.
Maintenant que tu restes cohérent et passionné et que tu mets de l’amour dans le truc, comme un cuisinier te le dira de toute façon : 90 % de la recette, c’est l’amour qu’il met dedans. Tous les deux, on peut faire la même recette et ça n’a pas le même goût. Encore ce weekend dernier, on a fait venir un chef étoilé pour créer un burger dans le restaurant. Il reste 48 heures. Il le fait. Il a un goût. Il sort et laisse la recette. Je le regoûte moi-même, ce n’est pas le goût que quand c’était lui qui le faisait. Tu vois ?
Moi, je pense que dans la vie, c’est juste l’amour et la passion qu’il faut rajouter, c’est l’ingrédient mystère que certains n’ont pas.
Il y a des gens qui se lancent dans le rap, ce ne sont pas des passionnés de rap. Ils le font parce qu’ils veulent la flamme. Ils veulent : je veux de l’argent, je veux être une star. Je veux des filles en after après mon show case, je veux de l’argent. Ce n’est pas ce que je voulais quand je faisais du rap. Quand j’ai commencé le rap, je voulais qu’on dise : ah, c’est le meilleur lui. C’était ça ma recherche. Je ne courais pas après la flamme, je n’ai jamais couru après la flamme. Je fais les choses que j’aime et je les fais à fond.
Franck : Il y a des choses que tu dis qui sont très intéressantes. La première, déjà, c’est le fait d’être allé dans ce bar-là qui t’a donné l’envie de créer ton propre bar. Comment il s’appelle ton bar ?
Seth : Il s’appelait Seth Gueko Bar et avant ça, il s’appelait le Bad Cowboy. J’en ai eu deux. Il y a une évolution. Au début, c’était un petit, au milieu de 100 bars avec chacun avait son comptoir. Et après, on m’a donné l’opportunité, quelqu’un qui a cru en moi de se dire, si on lui fait un bar à lui, ça peut tout exploser. Ça, c’est des choses auxquelles tu ne peux pas penser quand tu dis oui, mais ça, c’est des projets à des milliers d’euros, c’est des projets à 500 000 euros.
Moi, je ne les ai pas donc, je ne peux pas me projeter de me dire oui, je vais ouvrir un bar sur la plus grande avenue marchande de Thaïlande. Ouais, ce serait bien. Mais après, j’ai compris dans la vie que le truc qui coûte le plus cher, ce n’est pas l’investisseur qui met l’argent, c’est celui qui a l’idée de génie. Derrière les idées de génie, il y a toujours des gens qui veulent mettre de l’argent. Sauf qu’ils vont te faire croire que si c’est moi qui aie mis l’argent, c’est à moi que doit revenir l’argent que toi, ta partie créative ne représente pas plus que celui qui investit, alors que si, normalement, même un investisseur, aujourd’hui, je donne une idée.
Aujourd’hui, je suis convaincu que c’est ce qui s’est passé avec le Barlou Burger. Demain, le même mec faisait un burger, ça pouvait marcher. Mais de le faire avec Seth Gueko, avec moi, mon univers Barlou Burger, en m’inspirant et tout ça, c’est venu naturellement. Je te dis sur un claquement de doigts. C’est ce qui fait que l’idée prend une tournure et elle s’envole et elle décolle. Et ça, ce n’est pas un plan que j’ai élaboré avec un stratagème.
Franck : Est-ce que tu ne penses pas qu’il y a une base quand même ?
Seth : Oui, là-bas, c’est que j’ai travaillé 20 ans sur mon image. J’ai capitalisé sur quelque chose sans jamais me dire :
Ce n’est pas grave, prends ton temps, tu es en train d’investir sur toi. Et ça, c’est le meilleur des investissements.
Aujourd’hui, si je fais un business avec un mec, je vais dire investissement : moi de départ, je mets 0 euro. Moi, je vaux que ton business il va marcher ou pas. C’est quoi le plus important ? C’est d’ouvrir un très gros restaurant, mais qui ne marche pas. Ou c’est quoi, en fait, le truc ? C’est qu’il faut qu’il marche sur la durée et qu’il ait du passage. Après généralement quand tu ouvres un business, un commerce, c’est que ce soit dans l’alimentaire, le côté nouveau d’un établissement, le début si tu sais t’y prendre, tu peux avoir du roulement sur le premier mois. C’est nouveau. En fait, les gens, ils viennent par la curiosité. Et à chaque fois, tu vois, c’est une histoire de transformer l’essai. C’est transformer les gens qui te suivent en potentiels acheteurs. C’est fidéliser. Et moi, la meilleure manière que j’ai de fidéliser les gens, c’est que je ne les ai jamais déçus.
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Il y a encore cette aura autour de moi de se dire : Seth, il n’a jamais baissé son slip par rapport à ne pas avoir fait de la musique de vendue ou quoi. Et parce que j’ai tout. J’avais ce choix-là de toute façon de faire des hits. C’est le truc le plus difficile. Moi, je n’ai jamais été à la recherche de faire un hit, même quand la maison de disques a dit : oui, mais faut rentabiliser les frais que ça coûte. C’est bon, tu nous fais écouter 14 morceaux qui sonnent New York, il est où le single qui va pouvoir, l’étendard, porter le drapeau.
Je ne leur donne même pas. Je ne veux même pas, ils l’ont en dernier, je m’en fous. Ce n’est pas sur ça que je kiffe. Celui-là, c’est le dernier que je fais, que je fais à contrecœur, qui me dégoute, tandis que des mecs qui vont en maison de disques aujourd’hui, ils ont deux gros singles, ils leur donnent ça. Et c’est pour ça que si vous regardez bien sur Internet des artistes très puissants, très très puissants qui vendent des singles. Pour vous, vous vous dites, mais c’est des milliardaires, carrément, tellement ils sont bastonnés à la télé que tu vois, ils ont des hits qui tournent en radio et tout. Mais quand ces artistes créateurs de singles de tubes de l’été sortent un album, ils font des scores, mais ridicules. Je ne sais pas si tu as déjà vu ça. Tu regarderas, sans te les citer, mais en première semaine, parce que ça n’intéresse pas les gens de dire : je leur achète un album. Ce n’est pas un album, ce n’est pas un truc avec un début et une fin. C’est des compilations de singles. Donc, tous les hits les plus connus, ils ont déjà tourné, il n’y a rien à découvrir sur leur album.
Tu vois ce que je veux dire, ce ne sont pas des artistes. Les gens veulent se divertir et ils consomment du single parce que c’est ce qui les fait et tout. Mais ils ne font pas des albums intéressants. Il y a des chiffres qui sont étonnants. Tu vois moi, je me dis, une personne comme Aya Nakamura qui fait des milliards de streams, des millions de vues, je me dis : la première semaine, c’est quoi ces chiffres ? Et je vois des chiffres moins de 10 000, mais ce n’est pas possible. C’est incroyable. C’est bizarre, cette information.
Franck : Pourquoi on avait parlé tout à l’heure, on avait parlé justement de ces chiffres-là. Mais c’est intéressant ce que tu dis puisque moi, je pense que l’industrie de la musique a changé. Avant, on achetait un album parce qu’il y avait tout un concept autour de l’album, il y avait tout, les morceaux.
Seth : Tu découvres l’artiste sous différents angles. Aujourd’hui, les gens n’écoutent que ce que tu as mis, les titres que tu mets en avant pour défendre l’album et généralement, ces titres-là, la maison de disques, elle est celle qui les choisit. En fait, les gens peuvent passer à côté de certaines pépites parce qu’ils se font un jugement sur les morceaux que tu as mis en avant. Ils ne sont pas forcément des fois révélateurs d’un album entier qui aura peut-être plusieurs facettes, plusieurs images, plusieurs ambiances.
Franck : C’est aussi pousser avec les algorithmes, par exemple de Spotify ou Deezer. Quand on regarde, par exemple, on voit taper Seth Gueko sur Spotify, on va tomber sur le morceau qui a été le plus écouté. On va d’abord écouter celui-là, alors qu’il y en a d’autres qui sont impressionnants.
Seth : C’est un bon signal. Si tu ne sais pas sur quoi cliper ton prochain titre et tu laisses le public s’accaparer un titre, c’est bien ça. C’est un bon testeur de dire : c’est celui-là qui a pris. Moi, je n’aurais pas misé sur celui-là, mais il plait. Ça, c’est bien. C’est une fois que l’album est sorti. Donc, il y a le single du public qui se fait tout seul, celui que tu n’as pas clipé et que les gens se dirigent vers celui-là.
Franck : Pour juste revenir sur un point aussi que j’ai noté dans ce que tu disais, je t’ai observé de loin, quelqu’un de Saint-Ouen-l’Aumône, qu’on se connaît quand même depuis tout petit, et j’ai toujours remarqué qu’il y avait quand même, tu avais un attrait de ta personnalité dans la différenciation parce qu’on le voit bien même tu étais soucieux du vêtement, dès le début. Tu es soucieux de l’image. Quand j’avais vu le clip « Patate de Forain », je m’étais dit, même si ça correspondait quand même à une image globale du hip-hop, il y avait ce souci d’aller chercher le détail. Donc, tu avais déjà cette base-là ?
Seth : Dans le détail, tout est dans le détail, vraiment. Après, moi, je suis un passionné. C’est un mot qui revient beaucoup. Je suis un collectionneur. J’aime les choses rares. Je me suis toujours intéressé de me distinguer, être original. Ça a commencé aussi avant d’être un artiste de je ne veux pas être habillé comme les autres. Tu vois, aujourd’hui, notre école, les petits, ils veulent tous s’habiller pareil. Finalement, on se retrouve comme les keufs qu’on critique, mais avec un uniforme. Quand tout le monde avait le survêtement Lacoste rouge et vert, je voulais le jaune parce que personne ne l’avait.
J’ai toujours été à la quête de la pièce que personne n’a parce que c’était une manière de différencier.
Et c’est vrai, finalement, ça met un point sur ta personnalité. J’ai toujours aimé les choses raffinées, les bons parfums.
Tu vois les gens, ils sont à la course aux grosses autos, moi j’ai attendu 40 ans, je ne la sors même pas, mais j’ai eu une Mustang qui ne vaut pas super cher. Mais c’est une Mustang de collection. C’est différent, ce n’est pas ce que les artistes ont. C’est par la passion de la Mustang. J’aime bien les belles lunettes. Je suis collectionneur de lunettes depuis toujours. Tu regarderas tous les meilleurs rappeurs pour moi, qui sont les meilleurs, l’élite du rap, élitiste en fait, ceux qui font des meilleures punchlines, qui ont une écriture raffinée, ils aiment tous la même chose, le même style de marques de vêtements, le même style de marques de lunettes, le même style d’auto. C’est avoir les choses que les autres n’ont pas. Quand j’écris mes textes, j’ai toujours essayé de trouver la rime que personne n’a et c’est comme ça que je suis devenu un artiste fort.
Après des fois, la grossièreté du personnage, elle a cannibalisé un peu la plume que j’ai. Parce que des fois, l’image prend le dessus. Donc, des fois, on peut passer à côté du truc de dire quand des fois, ils entendront Seth Gueko, il est super technique, il a une plume, mais il fait que dire bite et chatte. Ils n’ont pas été voir plus loin. Mais c’est moi qui mets des barrières dans les roues. Mais j’aime bien. On dirait que c’est moi qui fais exprès de faire ça. J’éloigne. C’est comme les tatouages, ce sont des répulsifs tout ça. Ça ne vous plait pas, tant mieux, laissez-moi tranquille. C’est une aura protectrice. C’est de dégouter les gens. Laissez-moi dans mon truc.
Franck : Sais-tu quelle marque qui fait ça de repousser comme ça ?
Seth : Non.
Franck : C’est une marque de luxe. Quand tu regardes, j’ai fait une vidéo sur Rolex, pour ceux qui veulent aller voir, allez voir la vidéo, Rolex en fait, il faut que tu es sur une liste d’attente pour avoir la Rolex. En plus, tu es sur la liste d’attente et ça dépend du bon vouloir du bijoutier que tu as en face de toi. En gros, tu es son pote, la liste d’attente, tu vas pouvoir l’avoir. En gros, tu n’es pas son pote, tu ne l’auras pas. C’est une stratégie de luxe. En fait, ils choisissent leurs clients.
Seth : Donc, j’ai toujours été à la recherche de la rime que personne n’avait trouvée. C’était important pour moi de faire ça. De faire, ils disent : le bâtard, il l’a. C’est comme des collectionneurs de cartes et que tu as la carte rare.
Franck : La carte rare Pokémon.
Seth : C’est ça. Ça revient beaucoup, mais c’est ça. C’est toujours à la recherche d’être différent des autres, de se distinguer des autres. Mais si tu ne l’as pas, dès le début, je ne pense pas que tu pouvais devenir une star ou quelqu’un d’iconique, mais finalement, il y en a qui deviennent des stars, mais elles montent aussi vite qu’elles redescendent. C’est comme le permis, c’est le buzz, l’important n’est pas de l’avoir, c’est de le garder sur la longévité. Et moi, je suis content de ma carrière. Elle est sur la longévité, je suis un carriériste. Je n’ai pas eu des pics où on peut dire oui, il y a eu des disques d’or et tout. Mais en fait, je suis encore là et je ne fais pas vieux jeu. Aujourd’hui, je te dis tout le monde veut ressembler aux autres rappeurs. Je veux être comme lui. L’autre, il a des cheveux rouges, moi je veux des cheveux verts. Il n’y a pas ce truc naturel d’être différend par soi-même.
Parce que moi, c’est viscéral, c’est organique. J’ai toujours voulu être différent.
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Franck : En 2013, tu sors ton sixième album, Bad Cowboy. Donc, on sentait déjà les prémices du mouvement Barlou, dont on va parler dans la suite de l’interview. Mais ce que tu as essayé de créer avec Bad Cowboy, tu me diras peut-être que je me trompe, mais moi, dans ce que j’ai senti, j’ai senti que tu voulais déjà créer une sorte de mouvement. Mais ça a moins marché, ça a moins fonctionné. Pourquoi ?
Seth : Ce n’est pas que ça a moins fonctionné, c’est que les choses, tu avances dans le temps. Tu prends la température, ce n’est pas que ça a moins fonctionné. On trouve quelque chose, tu le peaufines, tu ressers encore l’étau.
Franck : Barlou, c’est l’évolution de Bad Cowboy.
Seth : C’est la même chose, en fait. Avant, je disais que c’était les Gueko youth au lieu de Ghetto youth, c’est-à-dire les jeunes du ghetto. Je trouve mon truc. En fait, je me fraye un chemin. Bad Cowboy est le premier logo qui a été super-tatoué avant Barlou, la tête de mort avec le chapeau. Il y avait quelque chose qui ressemblait un peu à du Sons of Anarchy. On regarde comment les choses sont bien faites. Ce sera pareil après, avec un peu le côté Ragnar Viking, la dégaine que j’ai faite naturellement d’un crâne rasé, tatoué, avec une barbe comme ça. Quelqu’un qui me découvre aujourd’hui peut se dire : il s’est inspiré un peu, c’est bien. Il s’est inspiré des délires racines blancs, viking, yeux bleus et tous. Cette dégaine-là, la première photo que moi je poste sur Internet, la série n’est même pas sortie aux États-Unis. Je suis précurseur sur des trucs sans le vouloir. Et pareil Bad Cowboy, c’est la jaquette en jean. C’est un logo et, c’est la Thaïlande qui montre ça, le truc qu’il m’apprend, les clubs de motorcycle club, les gangs mais à la Française, les gangs de blancs.
Franck : Tu avais une moto, avec marquée bad cowboy derrière.
Seth : Ça, c’est la pochette de l’album Bad Cowboy. On est en Thaïlande. Justement, mon revival en Thaïlande, c’est le morceau Bad cowboy. Donc, c’est quelque chose qui a été très fort à l’heure d’aujourd’hui. C’est une tournée, c’est tout un visuel, c’est Seth Gueko qui est parti en Thaïlande, qui est dans les bars avec des clubs de motos Harley. Et ça, il y a Sons of Anarchy et je te dis encore, les planètes s’alignent. SOA, notre ville Saint-Ouen-l’Aumône, on l’a toujours écrit, SOA. Et SOA fait Sons of Anarchy en même temps. Je n’ai jamais surfé sur le truc, je n’ai pas regardé Sons of Anarchy et après trouvé mon idée. J’ai développé cette idée-là et en même temps en France, tu as Sons of Anarchy qui arrive. Finalement, je surfe sur une vague que je n’étais même pas là pour ça. J’étais là pour faire du snorkeling, j’étais là avec mon tuba et mes palmes et je retrouve sur une planche de surf. Et c’est cool.
Donc voilà, on trouve un chemin. Là, je me dis il y a un truc comme ça, ils aiment bien. C’est là aussi que je vois qu’il y a d’autres gens qui s’intéressent. Il y a une communauté de gens, qui sont proches du rock, qui aiment bien ce que je fais puisque dans la dégaine, il y a quelque chose de rock’n’roll qui se développe. Au début, je ne mettais pas en avant et qui là, s’épanouit parce que la culture rock en Thaïlande, les Harley, les bikers, ce n’est pas si loin que ça. Les rappeurs, c’étaient des mecs avec des grosses casquettes et des baggy. Là-bas, la dégaine, moi Marcel short en jean et Vans, tu es plus dans des codes rock, en fait.
Franck : Tu ne l’avais pas au début, ça ?f
Seth : Ça se développe quand je suis en Thaïlande. Moi, au début, je suis arrivé en Thaïlande avec mes petits tee-shirts Vuitton de petit gars qui a fait un peu d’argent dans la street et qui veut montrer ses signes ostentatoires de richesse. Mais après, là-bas, j’étais plus dans le truc relax de conduire une moto assise. Il y a les motos couchées et les assises, les cafés racers et tout. C’est une dégaine que tu dois avoir là-bas de toute façon. Tu ne mets plus de jean, tu ne mets plus rien. C’était tout le temps torse-nu, Marcel, déjà torse nu. Au début, alors, je cachais le manque de muscle par des tatouages. C’était un stratagème. Ça fait encore mieux les tatouages quand tu es balèze, en fait. Après là, je me développe dans le tatouage, je me fais plaisir, les bijoux en or, les trucs. Parce que c’est une dégaine qu’ils ont tous là-bas, c’est très testostéroné. Tous les mecs qui font de la boxe thaï, les hooligans, c’est une rue très testostéroné. Je ne peux pas dire un autre mot.
En Thaïlande, je vois dans ça et après, je vais me faire plaisir aussi. Il y a des salles de muscu partout. C’est du développement personnel. C’est bien, il est un peu tard, j’aurais dû me mettre la muscu avant. Ça fait mieux. Tu te sens mieux dans ta peau. Tu as plus confiance en toi. Ah ouais, les gens, ils sont attirés par ça. Après moi, ils me disent : ce n’est pas Français, lui. Donc même, les Australiens, ils venaient, on commençait à ratisser un truc large parce que la dégaine, elle parlait à plein de gens. Ils ne se disaient même pas, c’est un rappeur. On aime bien sa dégaine, tatouage. Il a des bijoux, il a un bar. C’est qui lui ? Ce n’est pas un Français, ce n’est pas possible. Un Français, il n’a pas cette dégaine-là et je l’ai ressenti quand je suis revenu en France pour faire la promo de mon album Professeur Punchline et Barlou, que là aussi, sur les plateaux de tournage, quand j’arrivais, ils disaient c’est qui ce personnage-là, ce n’était pas trop vu.
Franck : Tu es différent.
Seth : Différent.
Franck : Il y a un truc, j’ai noté déjà, c’est que Bad cowboy, c’est peut-être plus dur aussi à assimiler pour un Français.
Seth : Bien sûr, à cause du mot bad cowboy.
Franck : Alors que Barlou, quand j’ai commencé à voir que tu mettais Barlou, Loubar, Barlou.
Seth : Putain, il y a encore des gens qui me demandent : excuse-moi, ça veut dire quoi Barlou ? Quand même ?
Franck : Ce sont des jeunes ?
Seth : Ouais, ce sont des jeunes. Ils ne font même pas l’effort. En fait, aujourd’hui, je me rends compte qu’on est face à une génération de feignants, mais de la fainéantise intellectuelle. C’est-à-dire, ils vont me dire, envoie l’adresse de ton restaurant. Après moi, je suis un personnage qui a toujours renvoyé les gens dans les cordes, un peu rentre dedans, qui a du répondant. Il ne faut pas que les gens soient surpris, ils me connaissent. Ceux qui ont suivi mon parcours savent que je suis un peu franc du collier, avec grande gueule un peu. C’est ce que les gens aiment bien, c’est ce qu’ils viennent chercher quand ils sont en concert. Je les envoie un peu bouler en disant va sur Google, je ne suis pas ta secrétaire. Tape Google, tu auras l’adresse du restaurant. Ils ne font même pas l’effort d’aller chercher. Tu dois leur donner toutes les informations. Il est halal ton restaurant. Va sur la page et tu verras ce qui est inscrit.
Franck : Je pense que c’est aussi une déformation des réseaux sociaux et de la proximité. En fait, les réseaux sociaux apportent de la proximité, mais ils ne disent pas que toi, tu as d’autres choses à faire, que tu es occupé, que quand je ne sais pas, tu vas acheter un smartphone, tu ne vas pas envoyer un message à Tim Cook pour demander où se trouve l’Apple Store.
Seth : C’est ça.
Franck : Les réseaux sociaux, l’avantage, c’est que ça crée une forme de proximité. Forcément, ça rapproche de la marque. Mais d’un autre côté, ils disent : Seth, il va me répondre, c’est son resto.
Seth : Il n’a que ça à faire. Bien sûr, il pense que toi, tu n’as que ça à faire et que c’est un dû. C’est ça, le problème, c’est que la personne qui te suit pense que c’est un dû parce qu’elle se dit ouais, mais moi, j’ai déjà regardé tes clips. C’est grâce à moi. Je pars du principe que c’est grâce au talent et au travail que je fais d’acharné ce qui arrive, c’est tout. Je suis là, j’apporte de la culture, du divertissement. Puis, on ne va pas me dire ouais, mais en plus, je me dois de vous répondre, je réponds à qui je veux. Mais même des amis qui m’envoient des messages, tu as vu des fois, on peine pour se parler, on peut mettre du temps une semaine à se répondre parce que je n’ai pas de comptes à rendre à qui que ce soit.
Franck : Tu es occupé. Tu as ton truc.
Seth : Puis répondre à salut, ça va, s’il y a des choses éloquentes, je réponds toujours. C’est intéressant, en fait, qui m’intéresse, où tu me parles de ma passion. C’est tout simple, une situation qui arrive à m’accrocher par ma passion. Et donc, du coup, je me fais un plaisir de parler avec des personnes, même que je ne connais pas. Tu vois, la proximité, je peux rencontrer des gens intéressants.
Franck : Parce que déjà dans le message, c’est plus recherché. Le mec, il cherche quelque chose pour t’accrocher. Et en plus, ce qui est marrant, c’est que si on reprend l’exemple du gars qui te demande l’adresse du restaurant, on lui placera une dédicace s’il voit cette vidéo.
Seth : Ils sont pleins et c’est beaucoup. Aujourd’hui, je suis surpris. Après, chacun sa communauté. Je me rends compte, comme j’ai une communauté, je ne peux pas mettre un lien sur les réseaux sociaux avec le swipe up. Quand je poste le lien en faisant swipe up, balancez vers le haut avec le lien, ça aussi, ils ont une fainéantise de le faire. Ils ne comprennent pas. Swipe up, ça veut dire quoi ? Je dis : donne-moi le lien de ton site en ligne de vente en ligne. Je l’ai posté avec un swipe up. Ça, ils ne comprennent pas. Ce n’est pas dans leur truc. Ils n’ont pas le réflexe automatique. Et pourtant, je transforme mieux l’essai quand je dis : tous ceux qui sont intéressés par des produits, contactez-moi en privé. Là, cette proximité de parler avec moi, tu peux lui envoyer le lien. Oui, il y a aussi, il m’a parlé, mais je lui donne un lien sur lequel il arrive à cliquer. Je critique ça, mais moi aussi, je suis comme ça. Quand j’ai un truc à chercher sur un téléphone, je dis toujours à ma femme, fais-le. Tu vois dans la technologie, je n’ai pas encore…
Franck : Oui, mais là c’est ta femme en l’occurrence ! Alors que le mec, il ne te connaît ni d’Ève ni d’Adam. Et surtout que le mec qui ne te connaît ni d’Ève ni d’Adam, moi aussi je suis un peu cash quand on me contacte et que déjà, on ne met pas les formes, c’est quelque chose qui m’insupporte. Et les mecs ne se rendent même pas compte que, par exemple, le gars juste tu lui réponds, tape sur Google, c’est trois minutes. Mais si tu passes ça, tu m’as dit, tu as combien, 300 000 abonnés, on va prendre 10 % qui fait ça.
Seth : Mais les artistes, généralement, ils n’ouvrent pas les messages. Donc là, j’ouvre tout, je regarde tout. Ce n’est pas que je n’ai pas que ça à faire, mais si c’est horrible. Cet appareil-là, c’est le cancer de notre génération. J’ai tout le temps l’impression d’avoir loupé le message de l’année ou qu’il va se passer un truc que j’ai laissé passer alors qu’il n’y a rien du tout. Je rafraîchis ma page comme un fou.
Franck : On appelle ça le FOMO. C’est le “Fear of missing out”. C’est la peur de rater quelque chose. C’est conçu comme ça d’ailleurs les réseaux sociaux, c’est le fait que tu veux toujours y aller. C’est une sorte de petite décharge de dopamine pour voir si tu as une notification ou un message. Et le scroll à l’infini, ils l’ont développé exprès justement.
Seth : Ça, tu le gardes, tu me croiras, je suis beaucoup sur les réseaux, plus à rafraichir ma page pour voir des compteurs et voir ce qui plait, là où je me trompe. C’est sur ça que je fais une analyse. Je n’ai jamais fait le truc découvrir avec les propositions, que ce soit sur Snap ou Insta. Je me dis le temps que je passe sur les réseaux sans avoir été piqué par ça, je ne l’ai jamais fait, je n’arrive pas. Je ne comprends pas. Quand on me présente des choses, ils ne m’intéressent pas, en fait.
Franck : Tu parles de l’algorithme.
Seth : Non d’en découvrir en fait. Ils proposent des choses qui pourraient te plaire. Je n’ai jamais scrollé sur ça. Je vois des fois ma femme, elle passe du temps sur son téléphone. Elle scrolle des choses et qu’elle s’arrête sur des choses qu’ils lui proposent qui sont sympas. Moi, je ne l’ai pas eu, ce truc-là. Moi, c’est juste vraiment moi, moi et on en est où là ? Cette photo ?
Franck : Peut-être que tu étais déjà assez occupé…
Seth : Alimenter, mais s’est toujours trouvé la belle photo, le truc pour les burgers et tout. Là, aujourd’hui, je m’épanouis plus dans la food community.
Franck : Mortelle d’ailleurs. Je saute les questions, mais ce n’est pas grave. Mortelle la pub qu’ils t’ont faite. Je suis allé sur leur Insta.
Seth : Nevada club, des gens du 95. C’est un partenariat d’amoureux de l’agglomération Cergy-Pontoise et qui m’a filé un coup de main.
Franck : Mortelle la pub. Et le personnage (je saute les questions) aussi du burger, mortel.
Seth : Ça, c’est une idée de moi dans ma tête. Je suis de la génération 1990. On est des enfants de la télé. On a eu la chance de connaître toutes ces choses-là. C’était le génie créatif. Il était à son apogée. Je pense que c’est une période où les gens ont consommé beaucoup de drogues, pour avoir créé des trucs aussi ouf. Il y avait le Muppet Show, les Fraggle Rock et tout ça. J’ai toujours aimé ce truc de la ventriloquie, les marionnettes, je ne sais pas, la texture. Je suis plus un fan des Star Wars où il y avait les monstres qui étaient faits avec du latex quand ils ont fait en images de synthèse. J’aime bien le côté organique, une fois de plus le toucher d’une marionnette. Je dis, si on faisait une espèce de personnage qui me donne la réplique, qui peut dire les conneries que moi je ne peux pas dire pour rester politiquement correct, s’il y a quelqu’un à taper des doigts, c’est sur une marionnette et elle peut dire ce qu’elle veut, avec une dégaine entre un burger loubard, le Barlou Burger, un peu Renaud, un peu Negan pour ceux qui ont la référence de The Walking Dead. Il a son bandana rouge, sa paire de lunettes comme toi et son perfecto. Et ça aussi, ça a fonctionné à fond.
Franck : Et sa batte de baseball.
Seth : Non, il n’a pas de batte. La marionnette, elle n’a pas de batte. Negan avec sa fameuse batte.
Franck : Mais tu as fait un morceau.
Seth : Qui s’appelle Lucille 2.
Franck : Tu t’es essayé à beaucoup de choses : il y a la musique, le cinéma, série télé aussi, je crois que c’était dans « La Flamme ».
Seth : Après, c’est ça encore. Tu vois, le mot, il n’est pas bien pesé. Je me suis essayé. Moi, je ne m’essayais pas. Je suis un rappeur. C’est dans ça que je suis épanoui. Aujourd’hui, je sens que ça, c’est secondaire. Ce n’est pas alimentaire pour moi. Je le fais par passion, parce que j’ai envie d’immortaliser mes punchlines et dans toutes les rimes que j’ai trouvées, il m’en reste encore plein qui n’ont jamais été faites. C’est ce que j’ai envie d’immortaliser sur des galettes. C’est de l’art que je fais. Je ne suis pas à la recherche de faire un album. Est-ce que c’est le temps pour moi d’en faire un ? Je crée mon truc, ça prend le temps que ça vaut. J’estime faire des œuvres d’art.
Du coup, je me concentre un peu sur les restos et puis l’énergie et la passion que j’ai mis dans ma musique. C’est pour ça que j’utilise des trucs de ma musique en raccord avec mes menus, avec le nom de mes burgers. J’ai mis autant de passion dans mon restaurant, ça va être dans la décoration, dans le côté unique, jamais vu. Il y a le goût du burger qui est important, mais la déco, l’emballage autour aussi, c’est important.
Franck : Les toilettes. Moi, j’ai fait une story avec les toilettes du Barlou burger. Je ne sais pas s’ils sont toujours pareils.
Seth : Toujours.
Franck : Mais le papier peint, c’est des comics. Moi, tu as gagné un client. Franchement, les comics, c’est ma vie.
Seth : C’est ma petite idée, aussi.
Franck : Mortel.
Seth : C’est les chambres de kids, des films qu’on a regardés quand on était petit, que Stranger Things a fait en série tous ces trucs un peu à la Spielberg, les Goonies, ET, les chambres de petit avec des Marvel Comics un peu partout. Ça rappelle aussi les contes de la crypte, mais sans que ce soit hardcore.
Donc, du coup, je te disais je mettais la passion que j’ai mise dans mon écriture, dans les ingrédients des burgers. Là, je ne m’essaie pas, je n’essayais pas d’être un cuisinier. Je fais un truc unique en son genre. Je suis là, j’aime les burgers, je fais de la muscu. J’aime bien me faire un bon gros burger quand je me suis privé pendant une semaine que je suis en diète et que je fais cheat-meal. Je ne sais pas, c’est de superposer des steaks, du fromage. Ça dégouline. C’est le porn food en fait, tu baves comme tu aurais pu baver sur une nana, là, tu baves sur les formes dégoulinantes d’un burger.
Je ne m’essaye pas, je vais dans le truc, je le fais, ça prend. Petit Phuket, je passe 10 ans en Thaïlande, je dis les gens, je suis revenu en France, il n’y a pas de resto qui a le goût. Ce n’est que des choses cohérentes, tu remarqueras. On m’a proposé plein de trucs. Demain, il y a un fleuriste, une opportunité et je sais que le business, je ne saurais pas quoi en faire. Les fleurs, ce n’est pas mon domaine. Tu vois ce que je veux dire ?
Franck : Bien sûr.
Seth : Je ne veux pas partir dans tout et n’importe quoi. Je ne vais pas faire, tu as vu, des pompes funèbres, le fusil à pompe funèbre, tout trouvé avec. Le jeu de mots c’est des choses que j’aime bien, que je sais défendre, que je saurai parler des heures. Donc, du coup, pareil, le cinéma, ce n’est pas moi qui vais me diriger vers le cinéma.
Franck : On est venu te chercher.
Seth : Ce sont les gens du cinéma qui viennent me chercher.
Franck : Parce que tu es un personnage.
Seth : Je suis un personnage et qu’ils essaient de s’accaparer le power du rap. C’est ça, le vrai truc. Même la mode aujourd’hui, tu regardes les défilés de mode aujourd’hui, tu vois des artistes rap pour que ça soit relayé par le public rap qui, elle, est aujourd’hui la force numéro un de la consommation. C’est ça, donc le cinéma aime bien prendre des rappeurs parce qu’ils se disent : on va gagner la promo. C’est de la promo gratuite. Tu mets un rappeur dedans, tous les fans du rappeur, ça va parler sur les médias raps, les fans du rappeur et tout. Après, voilà, je fais un peu de sport. J’ai un petit gabarit qui peut ressembler à un antihéros ou à un bad asse, truc. Après, carrière d’acteur, je m’en fous un peu. Je préfère jouer le méchant qui n’a pas trop de dialogues, qui a une tête d’enculé. Puisque ce sont ceux qui me fascinaient dans le cinéma. Mais je préfère Negan que Rick. Negan, il n’a pas forcément des dialogues, sa batte. Lucille, elle ne parle pas beaucoup.
Franck : Les antihéros, quoi.
Seth : Moi, je préfère ça, c’est plus facile, ça me correspond. Même le personnage que je me suis fait que j’ai créé, de toute façon c’est moi, ça réduit l’étau. Je ne veux pas faire un film en étant un policier avec une dégaine comme ça … À part, je pourrais jouer le jeu de les enlever au fond de teint pour pouvoir en faire à un rôle où je n’ai pas de tatouages. Mais j’aime bien les méchants dans les films. Du coup, même moi, sans le vouloir, comment je me suis façonné, ça pourrait me diriger vers un rôle de méchant au cinéma. Ce n’est pas calculé, mais je pense que c’est ancré en moi. C’est le cas de le dire.
Franck : C’est une suite cohérente.
Seth :
Très important le mot cohérence.
Franck : Ça, c’est quand on regarde avec le recul, ce que les gens maintenant, ça dépend à quelle époque ils t’ont connu, mais si on regarde bien avec le recul, c’est vrai que moi, je vois un cheminement et une cohérence.
Seth : Mais je ne fais pas de virage. Il n’y a pas de virage à 360 degrés. C’est une évolution. Tu vois, on m’a vu au début un peu dans l’univers, un peu gitan, torse nu, marcel blanc, bijoux en or. Après, c’est marcel blanc, bijoux en or, tatouages, mais un peu pour eux, les gens, les gitans sont tatoués, c’est des taulards. Donc finalement, il y a un fil conducteur, il y a le côté rebelle, marginal. En fait, c’est ça le truc. Mais je suis resté le même avec quelques kilos de muscles en plus, quelques kilos de graisse à certains endroits, quelques kilos d’or et quelques litres d’encre.
Franck : Qu’est-ce qui t’a donné l’envie de créer un restaurant thaï à Pontoise ? J’insiste bien à Pontoise parce que je parle toujours, je mets toujours en valeur le 95. Pour moi, c’est très important, et Nicolas ça te fait la même chose. C’est très important pour moi. Un salon de tatouage toujours à Pontoise, avec le Barlou Tattoo Shop, un restaurant de burgers également à Pontoise, donc 95 centre du monde. Donc, c’est quoi la liaison entre le rap et tes autres business ? Parce que là, tu es passé et je vois les rappeurs, il y a les rappeurs. Et pour moi, il y a les entrepreneurs et les rappeurs entrepreneurs. Toi, tu fais le pont entre les deux. Comment tu as eu cette évolution ?
Seth : Ça a commencé en ayant un bar en Thaïlande, en étant un rappeur qui fait parler de lui par la musique et qui sert de la promo de la musique pour parler de ses établissements. Mais finalement, en Thaïlande, j’ai même été coupé du monde du rap et de la promo. C’était le truc, il était fou, un français qui a un bar en Thaïlande, qui reçoit les rappeurs. Tout le monde fait la fête ensemble, tu peux boire un coup avec ton rappeur préféré. C’était un after show, une séance dédicace tous les soirs.
Les gens, il faut qu’ils se rendent compte que le travail que c’est. Quand un rappeur chante dans une boîte de nuit, qu’il est payé, je ne sais pas, il va être payé entre 7 000 et 12 000 euros pour chanter 15 minutes. Et après, il veut fuir les gens. Il veut rentrer, passer par-derrière. Il ne veut voir personne. Ils veulent être aimés par le public, mais ils ne veulent pas passer du temps avec eux. Moi, j’offrais aux gens la proximité.
C’est grave quand même quand je suis sur place, le monde qui vient. Et dès que je pars en France, il n’y a plus personne. Il tourne moins le bar. Mais quand je viens en France, je travaille dans le rap. Ce serait bien que j’ai un bar en France. Mais non, ce n’est-ce pas une station balnéaire. J’ouvre un bar en France, ce n’est pas pareil. Il y a de la retenue parce que les gens sont là. Il y a la culture du français qui a honte de dire à l’autre que c’est bien. Il peut croiser une star, je ne le calcule pas, un peu par jalousie. Ou tu as celui qui est sur le suceur de bite pour le like qui va venir vouloir quand même te voir, c’est lequel la star, c’est celui qui a les lunettes ou celui qui a la casquette. Il y a des gens comme ça, c’est la conquête du like, qu’ils ont plus besoin d’un coup de pouce que d’un like ces gens-là.
Et du coup, je me suis dit comment je peux faire, il n’y a pas un bar en Thaïlande. Mais quand je reviens, comment je transforme ça parce qu’il y a un manque à gagner. Je retourne en France pour la promo, mais le bar tourne moins bien. Et après, ce sont des opportunités. Je rencontre un gars, il me dit : je suis tatoueur. Je dis : tu as des économies de côté. C’est comme ça que ça s’est passé.
Franck : C’est le premier le Bar Tattoo Shop.
Seth : Tattoo Shop, c’est le premier.
Franck : C’est le Petit Phuket en premier ou le Barlou Tattoo Shop.
Seth : Tattoo Shop, le premier.
Franck : En quelle année ?
Seth : 2017. Donc, là, je jongle encore entre le bar en Thaïlande et la France. Je me dis que ça me fait un spot où je peux rencontrer les gens. C’est à côté de chez moi. C’est un petit coin qui est cool parce que les gens peuvent se dire : c’est chez Seth Gueko, dans sa cité. Donc, tout de suite, il y a un a priori, ça va être au pied des tours, il y aura un peu des casse-cou. Des fois, il y a des gens qui s’identifient à toi, qui sont cool. Ce sont des gens qui ne s’inventent pas de vie, qui peuvent être des fois gênés de se retrouver face à des groupes de gens qui les intimident. En fait, quand tu vois le petit village de Pontoise comme il est magnifique, fait de pavé, une ville médiévale et tout. C’est une très belle place. Les gens sont détendus. C’est ça un lieu cool. En fait, ça ressemble à des vacances. Il était un petit village de Nîmes. J’ai trouvé ce petit lieu qui est cool. Les gens qui n’ont pas eu la chance de me voir en Thaïlande, ils ont un autre endroit pour me voir. J’ai fait un salon de tatouage puisque j’allais le faire en Thaïlande quoiqu’il arrive ça. Et je me dis après, il y a la communauté Barlou, il y a le branding de ma marque Barlou qui, si vous voulez, les gens s’accaparent le logo. S’ils le font tatouer aussi, je me dis attends-moi.
Franck : C’est venu de l’album Barlou, ça, oui,
Seth : Mais j’ai même juste mis le logo sur ma page Insta. Avant même qu’il y ait l’album qui sorte, avant même le clip, je crois une semaine après, tout le monde m’envoyait : regarde, j’ai fait le tatouage Barlou. Je ne l’avais même pas fait encore, un truc de ouf. Sur le visage, sur le front, sur les joues, c’est vraiment un truc assumé où les gens, ça leur parle tout de suite. Le A d’anarchie, le Barlou écrit à la bombe de peinture façon warrior, Barlou Loubar. Ça fait, tu as vu le verlan, les codes rap, mais avec des mots rock. Donc, j’ai trouvé une fusion entre le rap et le rock.
Franck : C’est sorti comme ça ?
Seth : Tout seul. J’ai dit avec un pote, j’ai trouvé, il faisait ça va mon loubard. On est en Thaïlande, ce mot-là, ça va ma racaille, c’est plus du loubard quand tu es en Thaïlande. C’est du vieux briscard. C’est des mecs qui sont à l’affût de tout, d’une bière, d’une soirée, d’une bagarre et tout.
Franck : D’une meuf.
Seth : Je ne voulais pas le dire. Déjà, ça va mon loubard, mais moi, j’aime bien parler d’une manière différente des gens. Même quand tu m’entends parler, tu dis j’ai rencontré un mec. Sa manière de s’exprimer, elle est trop marrante. Il a son dialecte à lui, toute une fois de plus d’être original. Et je disais en parlant de loubard, c’est un peu trop simple. Ce n’est pas si recherché. Il n’y a pas quelque chose de recherché. Si j’ai le mot, faire de la recherche c’est important.
Ça va mon Barlou, ça va mon Barlou et tout d’un seul coup comme ça, les mots, ils viennent d’eux-mêmes. Je commence à appeler tous mes fans mes Barlou. Salut les Barlou. Alors, mon nouveau logo Barlou, vous en pensez quoi ? Je ne sais pas comme ça au détour d’un post Instagram mon Barlou, hashtag Barlou, Barlou, Barlou, ça va Barlou, des tags. À l’époque, c’était ma couillasse. J’avais dit ma couillasse, c’est ça qui avait accroché. Après, j’ai fait le morceau bistouflex sur la branlette. Donc les gens aimaient bien dire bistouflex. Il y a tout le temps un mot qui sort du lot et qui émerge et tu peux en faire quelque chose.
Franck : Tu avais des onomatopées aussi. C’étaient des Zdedededex.
Seth : C’étaient des Zdedededex. Il y a aussi après le fils caché, Jack Mess. Mais c’est plus tête de roumain, zgeg de poulain. C’est âmes libres, ça venait des marques de fabrique et je n’en suis pas à mon premier tour d’essai. J’ai toujours eu ce truc de mettre le mot sur des mots clés qui fonctionnent, donc pareil créateur de facile. Quand j’ai ouvert le Petit Phuket, je ne l’ai pas appelé le Barlou Thaïlandais. Le Petit Phuket, c’est le Petit Phuket. Barlou Tatoo Shop, ça fonctionne à fond. Barlou Burger, ça fonctionne à fond. Demain, je fais un barber, je ne vais pas l’appeler Barlou Barber. C’est trop téléphoné. Il n’y a pas de recherche. Je vais l’appeler autrement. Tu vois ce que veut dire, je vais trouver un autre mot pour ne pas que juste il y a à mettre Barlou devant un mot. Donc Barlou, ça prend une dimension que je ne réalise même pas. Je te dis, les gens se font tatouer le mot juste quand je crée un logo qui, je ne sais pas, il a une histoire le logo, il évoque trop de choses aux gens.
Franck : Ça te fait quoi faire ? Quand tu vois, les mecs, ils t’envoient…
Seth : Tu ne réalises même pas tout ça, frérot. Aujourd’hui, il y a des gens, ils se tatouent mon visage. Je crois, tatouage Barlou, c’est le logo le plus tatoué au monde, plus que le logo Jordan ou le logo, je vais dire, Nike. Mais les gens ne sont pas trop tatoués. Il faut être un peu débile pour se tatouer le logo Nike. Mais Barlou, ils n’ont pas l’impression de se faire tatouer. C’est là où j’étais fort, Seth Gueko.
Franck : Parce qu’ils sont marqués quand même.
Seth : Ils sont marqués, mais les gens, ils ne sont pas tatoués, Seth Gueko. Seth Gueko, il y a un côté trop fan. Les gens, ils ont du mal avec ça. Là, ils appartiennent à un groupe.
Franck : À un mouvement.
Seth : C’est autre chose, ils s’identifient. Et c’est là où, au début, il y a des gens, il y avait des petits gars qui essayaient de me reproduire ma barbe en collier de l’époque. Et plus moi, je me suis transformé, j’étais à la recherche de cette originalité d’être un personnage unique en son genre et que moi, je voyais des clones de moi à ma version max, tête rasée, tatouage sur la gueule, barbe comme ça, habit comme ça. L’identification, elle a été jusque dans mon évolution extrême. Les gens, ils ont été aussi à me copier. C’est là que j’ai vu l’impact que j’avais sur les gens qui veulent même me ressembler.
Franck : Qu’on te copie, c’est plutôt bon signe.
Seth : Ce n’est pas bon signe. Je ne sais pas quoi, avoir du recul sur ça, bon signe non. Mais je me dis là, ah ouais, ce n’est pas des coups de hasard. À chaque fois, tu te dis, ils veulent te ressembler. C’est bon. Quand le mec, il est à l’identique, on dirait ton sosie, je pourrais l’envoyer passer le permis à ma place. Le jour où on me tuera, si on veut me tuer, tu as une chance sur mille de te tromper. Il y en a plein des Seth. Mais voilà, j’ai laissé aux gens de s’épanouir dans le tatouage, en France, en tout cas. Et voilà Barlou à fond, les gens sont tatoués à fond.
Après pareil, ça se compte en plus, je ne sais pas, d’une vingtaine de milliers de gens qui sont tatoués. C’est un truc de fou. Sans compter ceux qui portent juste le logo sur eux.
Franck : Tu as fait une marque de tee-shirt.
Seth : C’est une marque de vêtements tout simplement. Une marque de tee-shirt, c’est vraiment bas. Ça s’appelle du merchandising. On est dans les claquettes, on est dans les mugs, dans les bombers. Il y a tout. Le produit, il se dérive sur tout. Et c’était en 2015. En 2021, ça marche encore. C’est que ce n’était même pas un phénomène de mode. Je suis créateur de mode. Je ne suis pas victime de la mode, en fait.
Je suis un criminel de la mode, je la flingue.
Franck : Je savais que j’allais avoir des potes cinglés dans cette interview, même s’il est tôt le matin. Lorsque je suis allé au Barlou Burger, il y a plusieurs choses qui m’ont frappé. Bon, déjà, j’y suis allé parce que j’aime bien les burgers, mais je voulais vraiment voir ce que tu avais fait. C’était un objet de curiosité. Je me suis dit comment il a transformé l’essai ? Est-ce qu’il a réussi à transformer l’essai de sa marque ? J’y suis allé et j’ai été vraiment surpris de voir que tout l’univers était cohérent. Je l’ai noté pour être sûr de ne pas l’oublier. Dans une des vitrines, on voit plusieurs de tes albums. Sur le mur, il y a un dessin de Nappa, un personnage de Dragon Ball qui a un tatouage Barlou. Les burgers sont aux noms de certains de tes morceaux. Donc, comment tu fais pour réfléchir à tout ton univers pour que tout soit exactement cohérent ?
Seth : Je n’y réfléchis pas. Des fois, les gens, ils veulent la recette mystère, mais je te l’ai dit, c’est la passion et c’est l’amour. C’est un pote, il m’a dit : je vais ouvrir un truc de burger. Demain, j’ai repris une franchise. J’ai dit, mais non, tu es bête. Pourquoi on ne l’a pas fait ensemble. Je ne sais pas moi, il y a un truc Barlou Burger comme ça, un burger. J’invente le truc spontanément parce que déjà, je suis un artiste. C’est inné, ce mécanisme-là, d’essayer trouver des idées tout de suite. C’est comme créer des rimes. Les gens, des fois, ils me disent : comment tu fais pour écrire ? Ça, c’est en toi, soit tu aimes ou soit tu n’aimes pas. C’est des talents. J’ai réussi à mettre le doigt sur le mien et là, c’est moi. En fait, je me dis que c’est le génie créatif, le talent, ce n’est même pas l’écriture, parce que j’arrive à transformer ce côté artiste avec des burgers.
J’ai dit, viens on fait ça.Il me dit, non, moi je vais appeler l’autre le terminator, le destructeur. Je dis regarde-moi, il y a le Barlou, c’est pour les gros costauds qui veulent manger. Le bad cowboy, on lui donne un coup texan parce que barbecue cowboy, il y a quelque chose qui va avec. Le Savoyard, on l’appelle le tartiflux. C’est un mélange de tartiflette. Je me fais plaisir, la frite de patate dure, la frite de patate douce, patate de forain, frite faite à base de patate de forain. Tout s’est emboîté naturellement, comme si c’était écrit de façon, les choses sont écrites, il n’y a pas de mystère. Et là, c’était juste le moment où tout s’emboîtait.
Qu’est-ce que je dirais à Seth Gueko que je rencontrerai 25 ans en arrière ? Je lui dirais patience. C’est juste la patience en fait. À l’époque, je n’avais même pas l’ambition de devenir moi dans la vie, je veux être un entrepreneur, je veux de l’argent, non. Je voulais être juste le meilleur punchlineur du rap. Et c’était ça qui me suffisait à me rassasier pour quand je me suis plongé dans ça. J’avais envie que les rappeurs que j’écoutais, ils se disent ouais, il est trop fort, lui. Et ça, je l’ai très vite réalisé. Ce truc-là que les meilleurs que j’écoutais de me retrouver à rapper avec eux, qui me disent : tu es trop fort, c’est le meilleur.
Pour moi, je m’en fous du disque d’or, mais d’avoir écouté les gens dont j’étais fan, mes idoles, ils sont devenus fan de moi. C’est une satisfaction de ouf. C’est qu’avec cette réussite-là que j’envie d’éclabousser les gens. Mais les thunes, les bijoux, les trucs et tout ça, c’est de la merde. Ça, on ne les emporte pas avec nous. Tu vas mourir, tes enfants, ils ne sauront même pas quoi en faire, ils n’ont pas la valeur. C’est important la valeur des choses. Toi, les choses que tu t’es battu, c’est que pour les avoir et tout, là ils vont les revendre pour avoir un peu d’argent et s’acheter de la merde avec. Ce que j’ai laissé, c’est des pièces d’art pour moi. Ça se décortique. C’est tellement riche, je me suis pris la tête. Les gens sont passés à côté des fois. Mais quand ils vont se replonger dessus, ce sera comme les pyramides du Louvre. C’est des hiéroglyphes, les trucs. Ils vont se prendre la tête, en disant : mais putain, il était trop fort ce bâtard. Ça fait 20 ans, il a envoyé des punchlines comme ça, sans jamais régresser. Elle est là ma fierté. Après là, on bouffe des burgers, c’est cool. J’ai envie de faire des autres trucs, j’aimerais bien faire un restaurant healthy, santé avec des trucs, riz, brocolis avec ton grammage de protéines pour les gens dans le sport.
Franck : Parce que ça, ce serait aussi raccord avec, on avait parlé une fois, j’en avais parlé une fois avec toi à la salle de sport, tu fais attention quand même.
Seth : À ce que je mange. Après, c’est encore plus dur pour moi d’être tous les jours à faire des photos avec des burgers et de ne pas pouvoir les manger. Tu imagines la force mentale de faire ça. C’est dur parce qu’ils sont appétissants les burgers. Il va vous mettre un extrait.
Franck : De toute façon, je voulais mettre la pub parce qu’elle est très bonne.
Seth : Elle est ouf. J’ai les gens qui l’ont vue, j’ai été contacté par des gens de tous les univers différents. C’est encore mieux qu’un clip de rap, la qualité. Déjà, quand j’ai fait mes clips, j’ai toujours voulu les clips comme les Américains, en me disant quand un jour un Américain va regarder mon clip, il peut regarder. Des fois, je vois des clips de rap français, même moi je suis un français, je n’ai pas envie de regarder. Quel manque de recherche, quel manque d’originalité. Et comme j’étais en Thaïlande, je mettais mes clips, je savais ce qu’était l’impact quand tu passais entre trois clips de rap américain et je mettais mon clip derrière. Je n’étais pas ridicule, ni dans la dégaine ni dans la sonorité. C’était ça mon fer de lance et que je voyais des Australiens qui s’arrêtaient au bar, qui regardaient. Tu vois, le clip, il ne paraissait pas ridicule au milieu de trucs américains forts. Ils regardent à côté et disent : c’est lui qui a, mais ça doit être un truc de fou, ce gars-là. Il me voyait comme un américain, en fait.
Quand je te parle de l’américain, je n’idéalise pas les États-Unis, mais en termes de rap, ils sont vraiment… Aux États-Unis, des rappeurs, ils mettent 200 000 dans leurs clips de rap. En France, ils font des clips avec des iPhone, une bécane de crosses et des mecs, on dirait qu’ils vont jouer au foot à la gay pride.
Je me suis toujours pris sur l’esthétisme, mis de l’argent à perte pour avoir des beaux clips, mais ça restera dans le temps parce qu’il y avait de la passion et de l’amour. Je n’aurais jamais cru que moi, quand j’étais en Thaïlande, que je reviendrais un jour en France en me disant : mais j’ai fait plus d’affaires en France qu’en Thaïlande, alors qu’en Thaïlande, c’est le pays de la seconde chance qu’il te laisse des mecs qui ont un peu tout foiré en France de se dire : ouais, ils peuvent se refaire et ouvrir un business qui marche et tout. Mais c’est très dur de faire des affaires qui marchent en France. J’étais à la bonne école là-bas, je suis revenu, ça marche. Et peut-être que dans 10 ans, dans 5 ans, je serai au Canada ou autre part.
Franck : C’est quoi le futur pour ta marque, pour ton mouvement ? Comment tu le vois ?
Seth : Continuer à faire de la musique, c’est ça la base qu’il veut le public, puisque faire des pubs pour des burgers, c’est cool, mais ce qu’ils aiment, c’est m’entendre rapper. J’ai encore un chapelet de punchlines hardcore sous le bras. De quoi sortir un truc en fin d’année et que les gens, le temps qu’ils le décortiquent, qu’ils le digèrent, ça va prendre bien 2 ans parce que c’est riche en écriture et tout. Après moi, je vais avoisiner les 44 ans. Après, entre temps, j’aurai des petits business, des Barlou Burger se franchisent. On en ouvre deux à la rentrée. Il y aura Rouen, le prochain. Et là, toutes les villes m’appellent, ils en veulent tous un.
Franck : Mortel. Puis un autre truc que je trouve très intéressant, c’est que tu as choisi d’être dans une rue à Pontoise. C’est quoi le nom de la rue ?
Seth : Non, il y a toutes les rues. Moi, je relie la place Notre-Dame, la rue de Rouen et la rue Pierre Butin.
Franck : Mais en fait, ce qui est intéressant, je m’étais dit que j’étais parti au Barlou Burger, je suis parti avec un pote, j’ai dit ouais, il est fort parce que le mec…
Seth : C’est un circuit.
Franck : Ouais exactement. Il va se faire tatouer. À la rigueur, il va se faire tatouer, peut-être même le logo barlou.
Seth : Mais ils le font.
Franck : Et il ressort.
Seth : Il vient manger un burger, il va se faire tatouer. Après, il peut finir au thaï à emporter pour aller chez lui. Mais entre temps, on a ouvert aussi un shop de donut. Donc, tu peux aussi prendre avec tes enfants dans l’après-midi ton donut original. On a repéré un truc, j’aimerai bien le faire, un hôtel avec un restaurant en bas, donc ça veut dire qu’on peut booker un mec qui viendrait d’en bas de la France, on peut le garder avec nous un week-end. Il peut se taper tous les restos et pourquoi ne pas fournir parce qu’après, ce serait comme une excursion. Mais ça, c’est l’école Thaïlande qui l’ait tout à portée de main. Il peut se balader dans Pontoise. Il vit une expérience et il peut avoir, qui sait, après, je suis ambitieux, mais je ne me fixe pas des plans sur la comète. Ce qu’il est possible de faire, j’arrive à l’envisager. Mes rêves ont des limites, mais je me dis faire une salle de sport, ce n’est pas tout de suite. De toute façon, physiquement, il faudrait que je sois encore plus au top pour prétendre me lancer à ça dans le fond, mais que le mec m’accompagne durant son week-end, aller faire un training avec moi dans ma salle.
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Franck : Je ne l’ai pas prévu dans les questions, mais parce qu’à force d’annexer Pontoise comme ça, tu n’as jamais pensé à une candidature de maire.
Seth : Non, elle est très bien, Madame Von Euw est très bien. Son équipe est très bien. Voilà, on va voir s’ils vont faciliter mon développement dans Pontoise avec tout ce que je fais pour la ville. On donne du boulot à tout le monde, on crée de l’emploi et tout. On va voir si la ville le soutiendra. En tout cas, on ne nous met pas de bâtons dans les roues, c’est déjà bien. On nous laisse nous épanouir, mais on n’a pas fini avec Pontoise. Je vous le dis. Voilà, voilà monsieur.
Franck : En tout cas, merci beaucoup Seth. J’ai l’habitude de dire Nico. Merci beaucoup en tout cas pour l’interview, pour les qualités de tes réponses. Je mettrai tous les liens. Je te demanderai évidemment, tous les liens que tu veux que je mette en dessous. Donc spécial dédicace aux mecs qui ne trouvent pas le restaurant.
Seth : Il va te demander l’adresse quand même dans les commentaires.
Franck : Je te laisse le mot de la fin si tu as. Le mot de la fin, c’est pour toi.
Seth :
Ce n’est que le début.
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