Aujourd’hui, on s’attaque à un très gros dossier.
Éric Zemmour, l’homme qui a tout compris à la création d’une marque.
Écrivain, auteur, polémiste, chroniqueur télévisuel, essayiste, Éric Zemmour est un homme à multiples facettes et avec de multiples casquettes.
C’est une personnalité très clivante et il serait très facile de dire tout de suite : je déteste Éric Zemmour ou j’adore Éric Zemmour. Mais dans mes articles, on se concentre pour aller dans les détails, pour analyser comment des entrepreneurs, des artistes ou des personnalités créent une image de marque forte et différente pour vendre leurs produits.
N’oublions pas que même si Éric Zemmour a une pensée politique, son travail principal jusqu’ici est d’écrire des livres donc de les vendre. D’ailleurs, dans cet article, on verra en détail les chiffres de ventes de ses ouvrages. Trouver les chiffres de vente dans l’industrie du livre, ce n’est vraiment pas facile mais j’ai fait le job pour vous, on le verra plus loin.
Eric Zemmour est l’homme par qui la polémique et les ventes arrivent.
Jugé, condamné, idolâtré par certains, détesté par d’autres, Eric Zemmour a tout d’une marque qui fait parler et surtout vendre. Son best-seller, “Le suicide français“, s’est vendu à 400 000 exemplaires.
À chaque innovation, on observe toujours le même schéma : le contexte, l’idée et la faisabilité s’entrecroisent au sein de la zone de création.
Aujourd’hui, on ne va pas s’intéresser aux idées d’Éric Zemmour mais plutôt à pourquoi le contexte et la faisabilité ont fait qu’il a créé une marque disruptive qui suscite l’engouement de nombreux fans prêts à acheter ses produits et ses idées.
Dans ma première partie de cet article, on verra le contexte et l’histoire d’Éric Zemmour, parce qu’il est toujours important de contextualiser l’arrivée d’une marque. S’il a du succès à un moment précis, c’est qu’il existe dans son histoire des évènements dont nous n’avons pas connaissance. C’est ce que nous allons voir dans cette première partie. Et enfin, dans la seconde partie, nous analyserons la force de la marque Zemmour et comment vous pourrez utiliser les mêmes leviers dans la création de votre image de marque. Si vous souhaitez en savoir plus sur ce sujet, je vous invite à cliquer sur le bouton ci-dessous.
LE CONTEXTE
Comme toute grande marque, Éric Zemmour s’est construit avec le temps, le temps des échecs et le temps des succès. Il est issu d’une famille d’origine juive algérienne, de nationalité française, arrivé en France durant la guerre d’Algérie. Éric Zemmour est né à Montreuil en Seine-Saint-Denis en 1958. Son milieu est assez modeste avec un père, Roger qui est ambulancier et Lucette qui est femme au foyer. Elève apprécié de ses professeurs de français et d’histoire, alors qu’en mathématiques et en chimie, il n’était pas très bon. Il tente à deux reprises le concours de l’ENA (l’École Nationale d’Administration) qui permet d’accéder à la haute fonction publique et à la vie politique, mais il échoue. Sans faire de la psychologie de bas étage, je pense que cet événement l’a marqué au point d’être une pierre fondatrice de la pensée de son personnage et de sa marque.
Eric Zemmour commence sa carrière de journaliste dans la presse écrite au Quotidien de Paris un peu par hasard en 1986, avant de rejoindre en 1996 le service politique du Figaro.
Il est repéré en 1995 par Michèle Cotta qui est à l’époque la directrice générale de France 2 qui lui offre son premier passage dans son émission télévisée “La Revue de presse“.
On est encore bien loin du Éric Zemmour affûté et préparé aux débats télévisuels avec ses phrases qui font mouche et qui créent la polémique.
1995 est l’année de l’élection présidentielle.
Le président de la République en cours de mandat est François Mitterrand.
La droite et son leader Jacques Chirac semble être désigné gagnant mais le camp de Jacques Chirac est divisé puisque Édouard Balladur a le vent en poupe pour être élu. Je dis bien semble, car Jacques Chirac sera finalement élu au second tour face à Lionel Jospin.
En 1995, Jacques Chirac avait peur de la candidature d’Édouard Balladur qui au passage a finalement récolté 18 % des voix au premier tour contre 21 % des voix pour Jacques Chirac.
Pourquoi ces informations sont importantes dans l’histoire d’Éric Zemmour ?
1995 est la date de parution de son premier ouvrage, “Balladur immobile à grands pas“, qui est une analyse de la pensée d’Edouard Balladur. À cette période, on parlait beaucoup de Édouard Balladur comme l’outsider qui allait prendre la place du leader, Jacques Chirac. Éric Zemmour a donc surfé sur cette vague de notoriété pour sortir son premier ouvrage. À noter qu’Éric Zemmour est tout de même passionné de politique donc il a joint l’utile, avec les potentielles ventes que pourrait amener cet ouvrage, à l’agréable puisqu’il a une pensée à cette époque plutôt de droite et plutôt pour Chirac.
Entre 2003 et 2014, l’émission “Ça se dispute” sur Itélé oppose deux éditorialistes qui analysent et débattent à propos de la petite de l’actualité politique de la semaine.
Éric Zemmour est un de ses deux éditorialistes. Au début, il est confronté à Christophe Barbier, directeur de rédaction de l’hebdomadaire L’Express, puis à Nicolas Domenach, journaliste politique français.
Durant cette longue période, Éric Zemmour a affûté sa pensée et son concept de marque.
Ce qui est intéressant, c’est de regarder le débat de l’époque et de voir l’évolution d’Éric Zemmour dans le débat.
Il devient plus précis, plus clivant, plus incisif, ce qui lui vaut d’être repéré par une émission de télé à succès d’audience « On n’est pas couché », présentée par Laurent Ruquier.
Entre 2006 et 2011, il y gagne une véritable notoriété avec une réputation médiatique de sniper du PAF (Paysage Audiovisuel Français). L’émission était assez simple : Des invités sont sur le plateau de Laurent Ruquier pour parler de leurs projets, que ce soit des politiciens ou des artistes, et des chroniqueurs apportent leurs points de vue critiques. Ces passages TV ont donné suite à de nombreux clashs qui ont été relayés sur les réseaux sociaux. Certains passages d’Éric Zemmour extraits de “On n’est pas couché” accumulent des millions de vues sur YouTube. D’ailleurs, qui d’entre nous n’a jamais regardé ce type d’émission uniquement pour le clash ?
La culture du clash est un modèle qui vient des États-Unis.
Elle entraîne des pics d’audience et donc forcément intéresse fortement des annonceurs qui veulent placer leurs publicités.
Dans l’émission “On n’est pas couché“, ils forment un célèbre duo de snipers avec Éric Naulleau qui dira de lui :
“Avec un os, il reconstitue un dinosaure. C’est la marque des grands idéologues et des grands paranoïaques”.
Quelques années plus tard, il est évincé de l’émission. À vrai dire, j’ai eu beau cherché partout sur Internet, je n’ai pas trouvé les réelles raisons de son éviction.
En 2014, la chaîne CNEWS décide de mettre fin à la collaboration avec Éric Zemmour au sein de l’émission « Ça se dispute » suite à des propos que la chaîne a jugés choquants. Eric Zemmour avait déclaré dans un journal italien : “Les musulmans ont leur code civil, c’est le Coran, qu’ils vivent entre eux, dans les banlieues. Les Français ont été obligés de s’en aller ».
Mais il reste toujours à l’antenne sur une autre émission de télévision diffusée sur Paris Première depuis septembre 2011. On peut voir une grosse évolution dans cette nouvelle émission, qui s’intitule “Zemmour et Naulleau zen“, puisqu’elle est axée autour de la personnalité de Éric Zemmour. Les producteurs de télé se sont rendu compte qu’il faisait de gros scores d’audience. Ils ont donc monté tout un concept autour. Bien que de nombreuses polémiques tournent autour d’Éric Zemmour, bien que certaines chaînes de télévision décident de ne plus travailler avec lui, il est toujours à l’antenne et a toujours des succès d’audience.
Mais Éric Zemmour ne s’arrête pas là puisque c’est un boulimique de travail ; on le verra d’ailleurs dans la suite de cet article.
Depuis 2019, Eric Zemmour est au centre d’une autre émission, “Face à l’info” présentée par Christine Kelly (Ancien membre du Conseil Supérieur de l’Audiovisuel de 2009 à 2015) sur CNEWS.
Le 16 novembre 2019, l’émission rassemble 270 000 téléspectateurs, avec un pic d’audience à 331 000 spectateurs. L’audience ne cesse de progresser et le 28 octobre 2020, l’émission établit un nouveau record avec près de 706 000 spectateurs.
Et ce n’est pas la première fois puisqu’à l’époque de l’émission “On n’est pas couché” sur France 2, l’émission commence à 17 % de parts de marché (et ceci malgré l’heure tardive) et atteint un pic avec le passage d’Éric Zemmour entre 34 % et 40 % avant de chuter brutalement après son intervention.
De par son parcours, Éric Zemmour a compris la force d’être clivant dans les médias.
On comprend que sa pensée est plutôt passéiste et je pense même que sa communication et sa manière de voir les choses sont passéistes.
Lorsqu’il débute sa carrière, il privilégie la communication via les livres. Pour lui, c’est une manière noble de communiquer et c’est raccord avec son envie de devenir écrivain. Il en profite pour s’essayer à la politique alors qu’il a été éconduit de l’ENA. Il comprend la puissance du relais de la télévision en qui il croit. Mais la télévision est un média vieillissant. Les scores de ses clashs lui font comprendre la viralité des réseaux sociaux pour propager ses idées et ses produits.
Le contexte est posé et les briques associées pour créer la marque Eric Zemmour.
Le principe même d’une marque est de savoir nommer ses ennemis, avoir une identité de marque forte en clivant avec des prises de position reconnaissables.
LA MARQUE ZEMMOUR
Pour commencer cette seconde partie, laissez-moi citer Léon Zitrone, célèbre animateur de télévision :
« On parle de moi en bien ou en mal, peu importe. L’essentiel c’est qu’on parle de moi ! »
Et cette phrase-là, Éric Zemmour l’a bien comprise pour concevoir sa marque.
Vous ne pensez pas qu’Éric Zemmour est une marque ? Faites un test.
Tapez Éric Zemmour sur Google et vous arriverez à 6 millions de résultats. Tapez Zemmour sur Google et vous arriverez à 8 millions de résultats.
Bien que ce ne soit que des chiffres de résultats de recherche, on va voir par la suite les chiffres de vente sont très intéressants.
N’oublions pas qu’Éric Zemmour est à la base un auteur qui souhaite vendre ses livres.
Je dis bien à la base parce qu’aujourd’hui en 2021, beaucoup d’informations laissent à penser qu’il réfléchirait à se présenter à l’élection présidentielle de 2022. Mais ça aussi, on va le voir par la suite parce que les hommes politiques ainsi que leurs partis sont des marques avec leurs slogans et leurs produits (n’oublions pas qu’on peut vendre une idée afin qu’elle soit adoptée).
Dans notre société, les humoristes grossissent certains traits lors de leur sketch et de leur spectacle. Ils partent souvent d’une réalité pour en grossir au maximum le trait, c’est ce qu’on appelle une parodie.
Jonathan Lambert, humoriste sur le plateau de “On n’est pas couché”, se grime en Éric Zemmour et déjà à l’époque, il avait relevé que celui-ci était une marque.
Éric Zemmour est très productif.
Il a écrit 16 livres en 27 ans soit un livre tous les ans et demi.
À cela, on y ajoute ses passages en télé et ses chroniques dans les journaux de télévision et on comprend qu’il travaille énormément son sujet.
Il affûte son identité de marque qu’il diffuse par plusieurs canaux : le livre, la télévision, la radio et les réseaux sociaux.
Pour réaliser cette vidéo, j’ai cherché à avoir les chiffres de vente ou les chiffres de tirage des livres, mais impossible de trouver des informations sur Internet.
Ou tout du moins, on peut trouver certaines informations quand le livre se vend bien (les éditeurs communiquent largement dessus) mais quand celui-ci fait beaucoup moins de vente, c’est plus délicat à trouver.
J’ai appelé plusieurs éditeurs, sans succès, ainsi que le syndicat national de l’édition qui était aux abonnés absents.
J’ai dû payer pour avoir les statistiques des livres d’Éric Zemmour sur le site edistat.com qui donne des estimations de vente.
Chaque rapport pour avoir les estimations de vente de chaque livre m’a coûté 5,40 €.
Là aussi quand je vous raconte cette anecdote, c’est pour appuyer mon propos sur l’image de marque. Mon but est de vous donner un maximum de qualité et d’informations dans cet article. C’est pourquoi je m’en donne les moyens.
Si pour avoir les bonnes informations je dois payer, alors je paie.
Il en va de la qualité de mon travail et de mon image de marque.
J’en parle également dans l’article où j’analyse la stratégie de Daft Punk, ils ont payé des millions d’euros pour réaliser leurs propres projets ce qui a fédéré une image de marque forte.
Revenons-en à nos moutons ou plutôt à notre Zemmour.
Sa première grosse vente de livre est en 2009 avec « Le premier sexe » qui a fait 35 000 ventes. Rappelons que depuis 2006, il était sur le plateau de l’émission « On n’est pas couché » qui a été un véritable accélérateur de sa notoriété. Tous ces livres entre 2009 et 2013, ont fait plus de 10 000 exemplaires :
– “Mélancolie française” (2010) : 85 000 ventes,
– “Z comme Zemmour” (2011) : 14 000 ventes
– “Le bûcher des vaniteux” (2012) : 31 000 ventes
– “Le bûcher des vaniteux 2” (2013) : 25000 ventes
Son best-seller sorti en 2014, “Le suicide français“, se vendait en moyenne à 5000 exemplaires par jour sur ces deux premières semaines de vente, atteignant 32 000 ventes dans sa première semaine puis 43 000 sur la deuxième. Fin 2014, plus de 400 000 exemplaires ont été vendus ce qui en fait une des meilleures ventes de l’année avec “Merci pour ce moment” de Valérie Trierweiler, ancienne compagne de François Hollande. Après la parution du livre, en septembre 2016, la maison d’édition déclare en avoir vendu 500 000 exemplaires.
Elle confirme qu’il s’agit de son deuxième plus gros succès.
– “Un quinquennat pour rien” (2016) : 74 000 ventes
– “Destin français” (2018) : 109 921 ventes.
Dans l’industrie de l’édition, les auteurs touchent généralement 8 % de droits jusqu’à 10 000 exemplaires vendus, 10 % entre 10 000 et 20 000 exemplaires et 12 % au-delà.
Cette échelle de droit peut varier d’une maison d’édition à l’autre mais aussi en fonction, de la notoriété de l’auteur, de ses ventes précédentes, ou des prix qu’il a reçus.
Appliquons un calcul simple à la vente de son best-seller, « Le suicide français », sorti en 2014.
Le livre coute 22,90€, Eric Zemmour touche 12 % de ce montant soit environ 2€75.
Pour 400 000 exemplaires, nous arrivons donc à un montant de 1 100 000 €. Je mets ce chiffre entre parenthèses parce que ceci reste une estimation. Ce qui est certain, c’est qu’Éric Zemmour a réussi à vendre beaucoup d’exemplaires de ses livres et a gagné beaucoup d’argent grâce à cela.
C’est cinq derniers livres ont tous été édités chez Albin Michel alors qu’il n’avait jusqu’ici jamais fait plus de trois livres chez le même éditeur. On peut sûrement en déduire qu’il a un contrat spécifique avec cet éditeur.
Plus le poids dans la balance est important, plus on a de marge de négociation.
On peut nettement voir qu’il y a eu un avant et un après au niveau des ventes de ses livres.
Deux éléments sont venus se greffer pour permettre à Eric Zemmour de vendre plus de livres.
Avant 2009, il a écrit d’autres livres, dont certains écrits avec d’autres auteurs comme Patrick Poivre D’Arvor et le livre « Les rats de garde », mais qui ont rencontré très peu de succès avec très peu de vente.
La grosse différence entre avant 2009 et après 2009 est qu’Éric Zemmour a choisi un sujet qui fait parler.
Un sujet qui fait parler par une personne qui fait parler forcément cela attire l’attention surtout quand l’auteur est relayé par un des plus gros programme télé de l’époque. Il a su utiliser un sujet attractif avec un moyen de communication important.
Toute marque se doit de choisir ses combats.
Toute marque identifie clairement son « ennemi ».
Identifier un ennemi assure de fédérer sa communauté, d’avoir des points communs qui nous permettent d’être entourés des personnes qui nous ressemblent.
C’est un réflexe humain qui nous permet de survivre. En groupe, nous sommes plus forts que seuls, nous aimons être entourés de nos semblables.
Les plus grandes marques l’ont bien compris et ne se gênent pas pour identifier clairement leurs ennemis … (comme Pespi ou encore Samsung)
Éric Zemmour comme Pepsi ou Samsung, a clairement identifié ses ennemis : les féministes d’un côté et les musulmans de l’autre.
Plusieurs de ses déclarations publiques lui valent d’ailleurs d’être condamné par la justice française pour provocation à la discrimination raciale en 2011 et pour provocation à la haine envers les musulmans en 2018 et en 2020.
En se détachant complètement émotionnellement de cette analyse, on peut voir qu’il fédère toutes les personnes qui n’ont pas trouvé une autre marque capable de les représenter et de les fédérer.
Bien évidemment, quand on parle de nommer les musulmans comme ennemi, on pense à Marine Le Pen et Le Rassemblement National.
Si vous avez bien prêté attention aux deux spots publicitaires mentionnés plus haut, parlant de l’identification de l’ennemi des marques, j’ai choisi judicieusement des publicités d’outsiders contre une marque dirigeante. Une publicité qui vante les mérites de Pepsi contre Coca-Cola, une autre qui vante les avantages de Samsung contre Apple.
Le parallèle entre Éric Zemmour et le reste de la classe politique est intéressant. Éric Zemmour est une marque dissidente, un outsider. Actuellement, la marque dirigeante au niveau de la vie politique, est La République En Marche incarnée par un président de la République qui est Emmanuel Macron. À l’extrême droite, nous avons une marque concurrente qui est Le Rassemblement National incarné par Marine Le Pen. Dans l’analyse que j’ai faite de la stratégie d’image de marque de Daft Punk, on a bien vu que le groupe aux casques part d’une niche pour aller vers le plus grand nombre, je vous invite vraiment à lire cet article. Éric Zemmour emploie la même stratégie. Une stratégie de niche pour aller conquérir le plus grand nombre. De plus, il bénéficie d’un avantage incroyable puisque c’est une nouvelle marque. Effectivement, ces idées se rapprochent de celles de Marine Le Pen mais celle-ci est déjà présente aux élections présidentielles depuis 2012.
Si on remonte encore plus en arrière, nous avons un membre de la famille Le Pen aux élections présidentielles depuis 1988, donc depuis plusieurs décennies.
Une nouvelle marque qui arrive sur le marché est toujours plus attrayante qu’une ancienne marque qui nous répète depuis des décennies la même chose.
Surtout si cette nouvelle marque s’appuie sur une notoriété organisée depuis des années grâce à l’industrie du livre, les médias télévisés, la radio et les réseaux sociaux.
Le circuit de la notoriété et de la vente avec Zemmour s’alimente par lui-même.
Il crée la polémique,
ce qui engendre un buzz,
qui est relayé sur les réseaux sociaux,
ce qui amène plus de vente de ses livres,
ce qui amène la polémique par rapport à ce qui est écrit dans ses livres…
Et ainsi de suite, et ainsi de suite.
On ne peut pas ignorer ce qu’il dit car il a une voix qui porte, qui influence. Il est l’incarnation d’une marque dissidente qui préoccupe la marque dominante en l’occurrence le pouvoir en place. Le patron de CNEWS est très heureux puisque même si Éric Zemmour a beau provoquer de nombreuses mises en demeure de la part du CSA, côté chiffres, c’est le beau fixe. Il est au centre d’une machine très bien huilée optimisée pour le clash et le clic.
Certaines marques ont retiré leurs publicités de la diffusion de l’émission Zemmour et Naulleau. À vrai dire, des marques comme Nutella, Ferrero, Groupama ont retiré leurs pubs parce qu’elles ont été désignées sur les réseaux sociaux. C’est ce qu’on appelle le « name and shame » (traduit par : mise au piloris), désigne le fait de « déclarer publiquement qu’une personne, un groupe ou une entreprise agit de manière fautive ».
Le compte Sleeping Giants a publié ce tweet :
« Bonjour Nutella, en passant vos pubs sur Paris Première ce mercredi 2/10 pendant l’émission de Zemmour, vous le cautionnez et le financez. Est-ce délibéré ? Il est connu pour ses propos incitant à la haine raciale et religieuse (condamné 2 fois). »
Évidemment cela engendre encore de la polémique. N’oubliez pas la phrase de Léon Zitrone.
Les fans d’Éric Zemmour crient au scandale parce qu’on veut lui retirer sa liberté d’expression et ses détracteurs crient au scandale parce qu’on lui laisse trop la parole.
Et la polémique alimente la polémique : certaines personnalités refusent d’aller parler sur certaines chaînes puisqu’elles donnent la parole à Éric Zemmour.
Évidemment, tout ceci n’est que de la communication puisque d’après vous, une fois que la polémique est passée, devinez ce que vont faire ses annonceurs et ses personnalités ?
LA DISSIDENCE
On pourrait facilement penser qu’Éric Zemmour n’est juste qu’une machine à clic, une machine à buzz, une machine à clash mais la réalité est tout autre.
Éric Zemmour s’impose en marque dissidente. Il souhaite disrupter la pensée dominante. Être sur un plateau de télé et avoir la majorité des intervenants contre vous, n’est vraiment pas facile. Comme on dirait dans le jargon du 95, il s’agit de ne pas perdre ses baloches. Et sur cet aspect, on peut reconnaître à Éric Zemmour que quelle que soit la personne en face de lui, il n’a pas l’habitude de se décomposer.
Continuer à croire en ses idées, à son discours malgré une pression extérieure et intérieure très forte, c’est très difficile. La pression extérieure est représentée par les personnes qui ne pensent pas comme vous. Prenons un exemple : lors d’un repas à table, dîtes que vous êtes pour la peine de mort. Si la majorité de la tablée est contre vous (il y a de forte chance que ce soit le cas puisque cela représente la pensée dominante), votre opinion va être très difficile à assumer. Il y a même des personnes qui n’osent pas dire leur véritable opinion de peur de se confronter au groupe. La deuxième pression est intérieure puisqu’avant d’assumer ses propos, c’est un véritable combat contre soi-même. Il y a de nombreuses expériences sociologiques qui prouvent que l’être humain a tendance à se conformer à la majorité de peur du conflit. La majorité l’emporte sur la réflexion personnelle comme le démontre très bien l’expérience de l’ascenseur.
Tous les plus grands entrepreneurs ont été au-delà du conformisme pour affronter la pression du groupe à fin d’imposer leur vision. Voici ce que disait Henry Ford à ce sujet :
« Si j’avais demandé aux gens ce qu’ils voulaient, ils m’auraient répondu des chevaux plus rapides. Comment faire comprendre aux gens qu’ils vont devoir se déplacer grâce à un véhicule qu’ils n’ont jamais vu encore, qui doit se ravitailler dans des endroits qui n’existent pas encore, avec un carburant qu’ils ne connaissent pas alors qu’ils peuvent voyager à cheval et que ceux-ci peuvent s’arrêter quand ils veulent pour se « recharger » avec de l’herbe simplement. »
Bien qu’étant souvent seul sur le plateau à assumer ses propres idées, on peut avouer qu’il y a certaines fois, elles sont assez difficiles à défendre, il continue à contre-attaquer et pointe même les difficultés de ses opposants à avoir des arguments fondés.
On l’a vu dans la partie du contexte, plus jeune, il était un élève studieux en histoire.
Puis plus tard, il devient écrivain. Ce sont deux atouts qui lui ont permis de structurer sa pensée pour pouvoir l’argumenter.
Dès le début de sa carrière, Éric Zemmour savait qu’il allait affronter la majeure partie des personnes. Mais au lieu de se dire qu’il allait être laminé par la majorité, il a préféré l’affronter afin de faire porter sa voix pour fédérer toutes les personnes qui pouvaient penser comme lui.
Dans cet extrait, on voit clairement qu’il construit son identité de marque.
Si vous aussi, vous souhaitez vous construire une identité de marque forte, cliquez sur le bouton ci-dessous :
Faire penser qu’il y a des choses que l’on ne peut pas dire et que lui seul dit. C’est exactement pareil qu’une marque qui nous dirait de venir tester son produit parce que les autres ne veulent pas que vous accédiez à cette facilité. Prenons l’exemple d’Uber : ils ont construit leur marque sur la facilité d’accès aux déplacements que les taxis voulaient conserver. Ou encore le Bitcoin qui nous promet d’être indépendant de la centralisation des banques. Les marques s’opposent et construisent leur identité en partant du principe qu’elles amènent quelque chose que les autres marques ne veulent pas ou ne peuvent pas donner.
ZEMMOUR MAIS AVEC HUMOUR
Éric Zemmour a appris de ses erreurs du passé. Il a capitalisé sur sa notoriété faite grâce à une émission grand public. Ce qui lui a permis notamment de développer sa pensée et aussi de vendre énormément de livres. N’oublions pas au passage qu’il est certainement rémunéré pour toutes ces prestations télévisuelles. Ses passages font des records d’audience ce qui est bankable, non seulement pour les chaînes de télévision mais aussi les annonceurs publicitaires. Il a su fédérer une communauté à travers sa pensée dissidente qui va à l’encontre de la majorité. Aujourd’hui, de nombreux médias parlent de son éventuelle candidature à la présidentielle de 2022. Ce qui est certain c’est qu’Éric Zemmour ne laisse personne indifférent que ce soit en bien ou en mal.
Un jour a été nécessaire pour faire les recherches concernant cet article. Une autre journée a été nécessaire pour l’écrire, soit 2 jours de travail plein pour l’analyse en détail de l’image de marque d’Éric Zemmour.
C’est important de préciser que j’essaie toujours de vous fournir la meilleure qualité possible dans mes articles. Si vous trouvez que c’est le cas merci de rétribuer ce travail en prenant le temps de mettre un commentaire juste en dessous, c’est toujours utile pour le référencement.
Eric Zemmour conserve des fans parmi les téléspectateurs, les lecteurs et certains patrons de médias qui lui gardent le micro ouvert. C’est une bête médiatique qui a su se créer une image de marque forte et reconnaissable au premier coup d’œil.
Éric Zemmour a compris qu’il ne servait à rien d’être la copie d’une copie sinon on se transforme en photocopieur.
Pour regarder la vidéo qui traite de ce sujet, cliquez sur l’image ci-dessous :