DEVELOPPEMENT PERSONNEL : L’ESCROQUERIE DE NOTRE SIÈCLE

Le développement personnel réunit des millions de personnes et rencontre un succès indéniable à travers le monde.

C’est finalement un pur produit de notre époque. Souhaitant améliorer les consciences pour les diriger vers un bonheur certain, une certaine forme de tyrannie du bien-être émerge : « vivez pleinement votre vie » « soyez heureux » « ne jugez plus l’autre » « coupez vous des gens toxiques, qui ne pensent pas comme vous ».

Formé d’injonctions et de raccourcis simplistes, le développement personnel est basé sur une vieille promesse de l’American Dream, tous les rêves sont possibles à qui s’en donne les moyens.

Mais est-ce réellement aussi simple que ça ? Ce qui est certain c’est que le développement personnel est un vrai business bien juteux avec des scores de vente incroyables. Bien utile dans le pays dans lequel ce mouvement est né, l’Amérique capitaliste. Et ça les professionnels du marketing et les opportunistes du business l’ont bien compris.

Il existe un marché dans lequel beaucoup s’engouffrent dans la brèche. Quitte à croire à de nombreuses méthodes farfelues et à devenir des clones qui répètent tous les mêmes discours.

Dans mes articles, je vous incite à être différent, parce que c’est uniquement avec la différence que vous pourrez exister sur votre marché.

Le développement personnel est-il l’escroquerie de notre siècle ou un mouvement qui apporte énormément de valeur ? La vérité est qu’il y a beaucoup de choses que l’on vous cache.

LA NAISSANCE

Pour comprendre ce mouvement, il est important de savoir comment il est né.

Le développement personnel est apparu aux États-Unis, pays du marketing et de la consommation de masse (C’est important pour la suite) avec une première trace au 18ème siècle avec notamment des livres de Benjamin Franklin comme « Le chemin de la fortune ».

En 1943, Abraham Harold MASLOW,  psychologue Américain jette les bases du développement personnel avec la pyramide des besoins de l’individu.

Quelques années plus tard dans les années 1960, le mouvement New Age apparaît en Californie. C’est un courant spirituel qui favorise une approche individuelle de la spiritualité. À ce mouvement s’agrège tout un tas d’autres pratiques comme le druidisme,  le chamanisme et de nombreuses dérives mystiques. Le développement personnel ne garde que le meilleur des religions et des traditions et se débarrasse des aspects les plus contraignants.

C’est un terreau fertile pour accélérer sa conquête du monde. À cela, on peut ajouter des livres à succès, notamment de Dale Carnegie qui publie plusieurs manuels de développement personnel vendus à des millions d’exemplaires. Comme « Comment se faire des amis » … comme si il existait une recette pour se faire des amis.  Ou encore la célèbre méthode Coué du médecin Emile Coué.

Aujourd’hui, le développement personnel est partout. Il a infiltré toute notre société. Un certain nombre de livres américains, bien que datant de plusieurs années, se vendent encore à plusieurs dizaines de milliers d’exemplaires par an.

Anthony Robbins, leader du mouvement aux États-Unis, a écrit un best seller, « Pouvoirs illimités », un best seller aux millions d’exemplaires. Ce livre a pour objectif de nous permettre de devenir qui on est. Tout un programme.

Anthony Robbins sait parfaitement utiliser les rouages d’une communication pour ériger une image de marque impeccable. Il mentionne qu’il a conseillé Bill Clinton, Leonardo DiCaprio  ou encore Oprah Winfrey. C’est donc qu’il est forcément crédible. Tom Cruise, John Travolta, où Will Smith font partie de l’église de la scientologie. Est-elle donc crédible du fait que ces célébrités en font partie ? Le développement personnel répond parfaitement au schéma de la zone de création.

J’en parle dans quasiment tous mes articles. Pour qu’une innovation voit le jour, 3 zones doivent s’entrecroiser :

  • Le contexte,
  • l’idée
  • et la faisabilité.

Commençons par l’idée. Le développement personnel a mis du temps avant de se construire, de devenir attrayant. Mais l’idée de devenir meilleur parle à tout le monde. Idée validée.

Le développement personnel se répand dans un premier temps avec les livres. L’émergence d’une foultitude d’auteurs permet de répandre les idées. L’avènement d’Internet permet d’augmenter la zone d’influence de ce mouvement. Faisabilité validée.

La perte d’influence des institutions dans notre société, église, armée, famille, a été constatée à maintes reprises. L’univers déteste le vide. L’être humain a besoin de repères. S’il en perd d’un côté, il en cherche de l’autre. Aujourd’hui, l’homme, dans les pays les plus civilisés, n’a plus à se battre pour nourrir sa famille, à trouver un toit pour l’abriter. Alors qu’il y a à peine 100 ans, c’était beaucoup plus difficile. Ses préoccupations étaient toutes autres. Aujourd’hui dans une société où il fait bon vivre, l’être humain va donc chercher de nouveaux problèmes à résoudre. La quête du bonheur. Contexte validé.

Et l’émergence de ce mouvement a surtout crée un business bien juteux.

UN BUSINESS BIEN JUTEUX

En 2007, Steve Jobs présente l’IPhone. Ce produit a changé la face du monde avec un outil facilitant l’utilisation d’Internet au quotidien.

Qu’on aime ou non Apple, on ne peut que reconnaître que c’est un excellent produit. Les ventes explosent avec presque 2 millions d’unités. Aucun consommateur n’avait idée de ce produit. Nous ne savions même pas que nous en avions besoin. Quand un bon produit arrive sur le marché, il crée la demande.

Le développement personnel, c’est tout l’inverse.

C’est la demande qui va créer l’offre.

Je m’explique. Il suffit d’aller faire un tour dans votre librairie pour vous rendre compte du nombre de livres qui sont publiés sur le sujet.

En France, le phénomène commence tout doucement en 2014, puis les grandes maisons d’édition s’y sont mises progressivement car le succès était là. Le développement personnel occupe de plus en plus d’espace dans les librairies.

Selon une étude de l’Ipsos, 35 % des Français ont ouvert un livre de développement personnel en 2018, deux fois plus que cinq ans auparavant. Ce rayon pèse 53 millions d’euros de chiffre d’affaires. En 2016, il pesait 9,9 milliards de dollars aux Etats Unis pour une estimation à 13,2 milliards de dollars d’ici 2022. Soit une augmentation de + de 30% en à peine 6 ans.

Mais le rouleau compresseur développement personnel ne s’arrête pas là. Le top des applications pour Smartphone, selon leurs revenus, est très représentatif du succès du développement personnel. On y retrouve en tête des applications dédiées à la méditation et la pleine conscience. En 2018, elles ont généré 27 millions de dollars pour le premier trimestre, soit une hausse de 170 % par rapport à l’année précédente.

Les succès littéraires ainsi que les succès des applications montrent l’engouement vers ce mouvement voué au bien-être et au bonheur qui sont devenus des droits et des devoirs pour chacun. Dans mes articles, j’essaie toujours de pousser les raisonnements pour aller plus loin. Le développement personnel n’est-il pas un marché basé sur le malheur des gens ? Si tout le monde est heureux, tous les auteurs de ce mouvement n’auront plus de travail. C’est un peu comme Pôle Emploi. Cette agence est payée à vous aider dans la recherche d’un emploi. Mais si vous trouvez cet emploi, vous n’êtes plus client chez eux. Cela pose forcément un problème. Surtout qu’aujourd’hui le bien-être devient un produit certifié à vendre en kit de manière industrialisée. 

L’INDUSTRIALISATION DU VIDE

Qui d’entre vous n’est jamais tombé sur une publicité d’un coach vendant une méthode miracle pour accéder au bonheur ? Ces publicités pullulent sur Internet. On passe du coach qui vous apprend la vie, alors qu’il est à peine âgé d’une vingtaine d’années et qu’il n’a pas encore vécu la sienne, à des shamans holistiques qui ont résolu l’équation de la vie et surtout du bonheur.

Dans mes ouvrages, je parle sans arrêt d’image de marque. Pour moi, c’est la première étape à contrôler avant de vouloir monter un business.

Malheureusement ce type de personnes pensent uniquement avec la méthode du fusil à un coup. Sortir vite un produit, qui surfe sur une mode, en devenant encore un énième clone d’un clone de ce qui se fait déjà, et prendre le maximum d’euros au passage.

Il suffit juste de voir les personnes qui durent dans le temps pour se rendre compte qu’elles ne sont pas légion. Il y a de quoi avoir la puce à l’oreille. Même si c’est vrai que durer dans le temps n’est pas forcément un gage de qualité, cela peut être un indicateur. Tous les vendeurs de développement personnel cherchent la confiance en utilisant des leviers marketing déjà approuvés. En employant le tutoiement à longueur de temps, comme si ils s’adressaient  à quelqu’un qu’ils connaissent, cela renforce le lien de proximité. Alors qu’à y regarder de plus près, l’auteur de développement personnel n’aime pas ses lecteurs, il aime le fait d’être aimé par ses lecteurs. C’est une sacrée différence.

Il paraît complètement stupide d’aimer des personnes qu’on ne connaît pas. Ce mouvement prône l’exploration de soi alors que la majorité des livres s’appuient sur des méthodes, des structures, des programmes. On ne découvre alors rien,  on ne fait que suivre un programme qui a été dicté par une autre personne. Le nom du mouvement “développement personnel” est un paradoxe.

Puisqu’il s’adresse à un maximum de personnes avec une seule et même méthode, comment peut-il être personnel ?

En comparaison, un coach sportif ne va pas faire le même programme à une personne de 60 ans qu’à une personne de 30 ans. Il s’adapte.

 À l’inverse il faut s’adapter au développement personnel. Quand on creuse un peu le sujet, on se rend compte que les concepts sont vastes et imprécis. On trouve de tout et surtout n’importe quoi. Les moyens proposés pour réussir dans l’existence sont disproportionnés. Comment peut-on trouver le bonheur en 10 techniques, sur 300 pages pour dix euros ? C’est assez prétentieux surtout que de nombreux praticiens de ces méthodes manquent cruellement de qualification.

Le docteur en philosophie Julia de Funès dira sur France Inter  « C’est fou qu’on ne demande pas d’expertise ! Ça ne viendrait à l’idée à personne de se faire opérer du genou par un type qui a fait 18 mois d’études ; on préfère un chirurgien qui en a fait 12 ans. Pour l’esprit, apparemment, on est plus laxiste. Pourquoi ? »

Etant curieux de nature, je navigue de temps en temps sur les profils proposés par Instagram. Et on peut dire que cela amène de l’eau à mon moulin avec tous les termes pompeux, les mots valises qui ne veulent rien dire, qui sont employés pour qualifier les personnes promulguant le développement personnel.

Au milieu des coachs de vie (je n’ai jamais compris ce que c’était), on retrouve des dénominations exotiques. Éveilleur quantique, coach holistique, magicienne de la réussite, coach en plein potentiel, transformateur de multi potentiel … avec des slogans dénués de sens « je t’accompagne à te libérer du regard des autres et prendre ta place dans le monde », vous noterez ici le tutoiement dont j’ai parlé précédemment, ou encore « construire une entreprise puissante au service de sa liberté » … J’ai envie de prendre une aspirine ! Cela m’a filé mal à la tête ce bordel ! À trop chercher à être unique, ils complexifient leurs messages à outrance. Si une personne ne comprend pas ce que vous faites en lisant simplement votre slogan, il y a un problème. Il faut toujours penser à simplifier. Ces personnes écrivent plus quelque chose pour elles-mêmes que pour les gens qu’elles souhaitent servir. Ce qui crée une sorte de vide incompréhensible.

Le problème, c’est que dans le développement personnel tout peut être traduit par une simple phrase, le bon sens ou la technique ancestrale de … se sortir les doigts. Mais tout cela est emballé dans un package compliqué avec des concepts fumeux afin de le rendre attrayant.

Les réseaux sociaux font un effet loupe sur ce phénomène. Il suffit de surfer quelques secondes pour voir des tonnes de citations plutôt niaises et confuses, bourrées de démagogie, concluant sur une idéologie de pensée magique ayant pour conséquence que l’on peut toujours s’améliorer.

Prenons l’exemple de la loi de l’attraction. Penser à quelque chose de positif qui pourrait vous arriver renforce la possibilité que cela vous arrive. Peut-être. C’est bien là le problème. C’est que le développement personnel est basé sur le doute. Ce qui est plus certain, c’est que la loi de la traction, traction au niveau du dos je parle comme en musculation, vous rendra à coup sûr plus musclé. C’est du simple pragmatisme. Vendre un produit c’est bien. Vendre un produit qui aide réellement votre client c’est mieux. La difficulté du développement personnel est qu’il ne peut solutionner un problème qui ne dépend que de chacun. Quelle conception se fait-on du bonheur ? Chacun a sa propre réponse. Le problème avec ce mouvement, c’est qu’il incite à l’addiction. Une fois avoir lu les « 10 méthodes pour être plus heureux » en 300 pages pour 10 euros, il y a de fortes chances que vous ne trouviez pas la réponse à la fin de l’ouvrage. Et il y a encore plus de chances que vous décidiez d’acheter un autre ouvrage. C’est ce qu’on appelle une addiction. La drogue est un excellent produit. Attention ! Quand je dis “excellent produit”, je parle en termes d’addiction. Mais c’est un mauvais produit pour la santé. Si vous résolvez le problème de votre client vous avez réussi. Si celui-ci est obligé de sans arrêt revenir en quête perpétuelle d’une chose qu’il ne peut atteindre, vous n’avez pas réussi. Ou peut-être que vous avez des idées seulement mercantiles.

C’est toute la différence entre un business qui va apporter une solution et un business qui veut juste vendre des produits. Steve Salerno, auteur américain et spécialiste du sujet, décrit en 2005, un portrait du mouvement du développement personnel qui le montre sans efficacité pour atteindre ses buts, mais aussi dangereux socialement. 80 % des clients du développement personnel sont des clients répétés qui continuent à y revenir.

Plus les clients lisent et plus ils pensent qu’ils en ont besoin. Comment peut-on être guider à être authentique, libre et heureux, alors que ce sont des valeurs propres à chacun ? Une méthode qui vous apprendrait à être authentique, est paradoxal avec la signification même du mot authentique. Vouloir savoir à outrance si nous sommes authentiques éloigne obligatoirement de l’authenticité. C’est pourquoi le développement personnel reste le meilleur chemin vers l’impersonnalité en se transformant en une machine à cloner les individus.

UNE MACHINE À CLONER

Dans un monde marketing où la communication se clone à l’infini, il faut tirer son épingle du jeu pour attirer l’attention des clients. Plus les clones se copient, plus ils en perdent leur identité.

On ne devient pas une référence sur un marché en copiant les autres acteurs !

Malheureusement, c’est le cas de toutes les personnes qui participent au mouvement du développement personnel. Elles sont tous plus stéréotypées les unes que les autres. “Ne soyez pas l’énième copie d’une copie sinon vous vous transformerez en photocopieur”, c’est le slogan avec lequel je ponctue la majorité de mes vidéos et articles. Un petit tour sur Instagram, et vous trouverez rapidement les mêmes poncifs, avec les mêmes manières de faire. Alors que le développement personnel tend à être unique, la majorité célèbre la différence alors que toutes leurs pensées produisent de l’identique.

En ce moment, j’observe une idée plutôt originale, ou pas. C’est faire des reels, ces petites vidéos de 15 secondes ou 30 secondes, où des conseils de développement personnel sont donnés en dansant. Des fois, ça frise le ridicule.

J’ai comme référence Elon Musk. Ça ne reste bien évidemment que ma référence, parce que c’est un entrepreneur que j’apprécie et que je trouve très bon globalement. Même s’il y a des points que j’apprécie moins. Voilà quelle méthode j’emploie avant de faire quelque chose concernant mon business et mon image de marque. Je me pose la question suivante. Est-ce que Elon Musk le ferait ? Jusqu’ici je ne l’ai encore jamais vu faire des reels en dansant. Une fois de plus, cela ne sort pas du lot puisque tout le monde le fait. C’est une abondance des produits avec un tarissement des idées. Il n’y a aucune personnalité possible derrière ce langage ou formule générale. Trouver un ensemble de mots représentatifs de la marque, du concept de la marque, afin qu’elle soit identifiable et différente des autres marques, c’est ce qu’on appelle le Wording.

Avoir son propre vocabulaire, permet d’être identifié. Ce sont vos mots, votre manière de vous exprimer. Si celle-ci ressemble à tous les autres, comment vous différencier ? Si vous souhaitez approfondir le sujet, je vous invite à regarder l’interview de Lucie Michaud que nous avons fait sur le sujet.

La vérité c’est que très peu de personnes arrivent à sortir du lot. Elles jouent plus à être heureuses qu’elles ne le sont vraiment. Surtout que sur Internet, il est très facile de se créer un personnage en quelques secondes pour valider une expertise auto-approuvée après lecture d’ouvrages sur le sujet.

Le développement personnel prône à longueur de temps qu’il faut être contre le jugement. Cette théorie est exposée fièrement dans de nombreux posts sur Instagram. Le paradoxe est que Instagram est LA plateforme qui existe uniquement avec le jugement d’autrui. C’est la plateforme de l’auto-centrage où on retrouve une multitude de publications en “JE” comme « avant J’ÉTAIS comme ça », et « maintenant JE suis comme ça, grâce à la méthode que J’AI découverte … ». Les acteurs du développement personnel pensent créer alors qu’ils subissent.

La temporalité en est la preuve. La majorité des ouvrages que vous trouverez sur le sujet l’utilise. Par exemple, « Simplifiez votre vie en 7 jours », « 10 étapes pour une vie positive », « Changer sa vie en 21 jours ». Cette temporalité révèle 2 choses :

  •  Premièrement une facilité à aller vers l’objectif en réduisant la difficulté au minima : 21 jours pour changer de vie, c’est quand même assez complexe.
  • Deuxièmement, la valorisation du temps court. Comme si prendre son temps était quelque chose de néfaste. Alors que pour développer quelque chose de qualité on sait très bien que cela nécessite du temps. Vous voulez être musclé ? Prenez la pilule miracle pour être musclé en trois jours. De plus, si vous voulez exceller cela passe par le temps. L’excellence ne peut être produite à la chaîne. À moins que tout ceci ne serve uniquement pour aller rapidement vers l’amour des autres. Peut-être que le développement personnel sert à satisfaire uniquement nos petits égos.

MOI, BÊTE ET MÉCHANT

Le développement personnel est en phase avec son temps. Celui-ci est à l’hyper personnalisation.

Une voiture avec des options uniquement composées par vous. Un T-shirt aux motifs que vous seul possédez. Un meuble de série, avec une configuration unique et une couleur de votre choix. Nous voulons tous être uniques dans une industrie de masse. Imaginez-vous croiser une personne qui porte exactement le même T-shirt que vous dans la rue, cela provoquera irrémédiablement une sorte de malaise. Le moi est au centre. Et le seul critère valable d’une vie réussie devient le moi. Ai-je réussi ? Est-ce que je suis heureux ? Alors que dans le passé, l’être humain avait plutôt tendance à se sacrifier pour les autres avec son travail pour sa famille ou durant les périodes de guerre.

Les réseaux sociaux accélèrent encore cette tendance. Nous avons la possibilité d’avoir plus de relations mais celles-ci sont plus artificielles. Il s’agit plus de montrer ce que l’on fait que de s’intéresser à ce que fait l’autre. Le relationnel s’estompe au profit du narcissisme.

Narcissisme encouragé à l’extrême  par le développement personnel sous forme d’injonction. Ne soyez pas dépendant des autres. Vivez dans l’instant. Ne vous engagez pas trop en amour ni en amitié. Éloignez les personnes qui sont néfastes pour vous (et donc qui ne pense pas comme vous). Tout le monde veut avoir raison sur tout et pense que son avis est le bon. C’est la société des autodiagnostics. Il suffit de jeter un œil sous les commentaires des publications Facebook pour voir que tout le monde donne son avis en s’érigeant prédicateur de vérité.

Avec la crise du Covid-19, nous avons vu monter une certaine opposition envers la médecine qui est sans arrêt remise en doute, accentuée évidemment par toutes les théories du complot qu’on peut trouver sur Internet. L’auto-médicalisation croit d’autant plus avec les dérives mystiques du développement personnel. Chamanisme, druidisme, je-m’en-foutisme… Et tous les trucs chimiques qui suivent.

Petit aparté, pour vous dire que j’ai rédigé un article très complète sur le sujet du COVID-19. J’y analyse en détail ce phénomène. Pourquoi le gouvernement a complètement raté sa communication, Pourquoi la population ne croit plus aux informations officielles. Il y a énormément d’informations dans cette analyse.

Ce que nous ressentons prime sur ce que les autres ressentent. On peut le voir également avec les tenues vestimentaires. Beaucoup de personnes privilégient le jogging basket au jour le jour. Quelle que soit la situation. Bien évidemment, de temps en temps, porter un jogging, ça ne pose pas de problème, mais cela en pose un quand il s’agit de faire des démarches professionnelles ou de faire meilleure impression. J’aurais pu très bien faire mes vidéos en jogging, mal rasé, une coupe de travers en me disant :

« L’important, c’est que moi je m’aime ».

Un peu de discipline sur soi-même ne fait jamais de mal. En gros, respecte-toi bordel ! La société valorise de plus en plus l’individu au détriment du groupe alors qu’une société se construit avec des groupes et non avec une multitude d’individus. Mais pourquoi toutes ces personnes veulent-elle être des fervents défenseurs du mouvement du développement personnel ? Pour avoir un rôle dans la société. Devenir un acteur important aux yeux d’autres personnes. Le lecteur ne veut plus subir sa vie, il veut en devenir l’acteur. Vie validée par d’autres. Oui je sais, c’est paradoxal pour un mouvement qui tend à se replier sur soi-même. D’autant plus que la reconversion est facile et très valorisante. Puisque en position de sachant, le pratiquant du développement personnel accède donc à une position de supériorité. Supériorité sur les ascendants plus fragiles qu’il est supposé aider.

Martine a subi un burnout dans sa société. Son chef était bien trop vindicatif. Il l’a fait craquer sous la pression. Martine quitte son travail et découvre le développement personnel. Après la lecture de plusieurs ouvrages dont « 10 méthodes pour trouver le bonheur » en 300 pages pour 10 €, elle décide de devenir coach de développement personnel. Et voilà ! Maintenant elle apprend aux gens. Elle peut donc être un chef … comme le chef qui l’a fait craquer auparavant. Elle passe de subordonnée à supérieure. On l’écoute parce ce qu’elle sait. Elle ouvre un compte sur les réseaux sociaux, de préférence Instagram, et dévoile son intimité avec sa vie personnelle et ses opinions.

Cela ne vous rappelle pas quelque chose ? Exactement c’est une influenceuse mais en version développement personnel. Regardez votre fil d’actualité Instagram et vous retrouverez des tonnes de clones de Martine. Ah ! j’oubliais ! Martine n’a pas mis plusieurs années pour faire ce métier. En quelques mois, c’était plié comme on l’a vu précédemment avec la temporisation qui n’est pas un élément très apprécié dans le développement personnel.

Certaines choses nécessitent du temps, dont la qualité. Développement personnel et médias traditionnels ne font pas bon ménage. Souvent, nous sommes invités à nous couper des médias dit de masse voire même de jeter notre télé. J’ai toujours trouvé ça très étrange d’avoir ce type de comportement excessif. C’est nous qui sommes au bout du téléviseur et c’est nous qui choisissons les programmes que nous regardons. Jeter sa télé est un aveu de faiblesse. Cela veut dire que nous n’arrivons plus à la contrôler. Enfin quand je dis “jeter la télé”, bien évidemment, il ne faut pas la regarder que quand on y parle de développement personnel.

En gros, on vous demande de vous couper du monde en évitant de côtoyer le malheur et des personnes différentes. Le développement personnel est donc un chemin tout tracé vers l’individualisme. Le terme même développement personnel est très autocentré. Je me développe moi. Mais pour un développement efficace n’est-il pas recommandé de s’ouvrir aux autres puisque l’existence même d’un être humain réside dans ses rapports aux autres ?

Les raisonnements naissent de la contestation. On avance plus dans un raisonnement en écoutant des avis différents du sien. Si nous ne vivons que parmi nos semblables, les raisonnements n’en deviennent que très pauvres. Le développement personnel fait comme si l’individu pouvait contrôler ses réactions. Éviter de juger, contrôler ses émotions, contrôler ses choix, mais tout ça est illusoire puisque tout ne dépend pas que de soi.

Naturellement,  quand nous voyons quelqu’un, nous le jugeons, plus ou moins c’est vrai, mais nous le jugeons quand même, consciemment ou inconsciemment. Le problème du développement personnel est qu’il assimile l’être humain à un moteur de voiture où il suffirait juste de mettre les mains pour pouvoir le réparer. C’est bien plus complexe que ça.

LA NÉGATION DU RÉEL

Quoi qu’il se passe au niveau de notre activité, un succès ou un échec, il y a un temps pour l’introspection. Tirer des conclusions afin de pouvoir s’améliorer. Ses conclusions doivent être détachées au maximum des émotions. Celles-ci influencent nos raisonnements, voire même nous amènent à déformer le réel. Le développement personnel est passé maître dans l’art de déformer la réalité pour se conformer à  un irréel radieux.

En ayant une conversation avec une pratiquante du développement personnel au sujet de son comportement vis-à-vis du groupe auquel je participais (elle arrivait tout le temps en retard), elle me dit : « ça c’est ta réalité Franck ». Ma réponse était simple « Non, ce sont les faits. Tu es toujours en retard ». J’ai essayé de reproduire cette technique en allant dans une concession Tesla, pour acheter un modèle X, le vendeur me dit « C’est 90 000 € ce modèle », j’ai répondu « non, ça c’est votre réalité ». À vrai dire, cela n’a pas changé le prix de la voiture.

Plus la réalité est difficile à admettre, plus on peut y préférer une illusion. C’est toujours assez désagréable de s’entendre dire qu’on a échoué, ou que l’opinion de l’autre ne correspond pas à la nôtre. C’est le lot de la vie.

Le développement personnel est une manière d’accommoder les choses et de les arranger pour modifier la perception que nous en avons. Quitte à nier le réel. Tout ça en se dissimulant sous la bannière de la bienveillance. À y regarder de plus près, ce mot est employé à toutes les sauces. Le terme en devient galvaudé. S’accommoder au goût et aux sentiments d’autrui pour lui plaire est la définition de complaisance.

En d’autres termes, les fans du développement personnel font preuve de complaisance et non de bienveillance. Ce n’est pas parce que nous ne sommes pas d’accord que nous ne pouvons pas faire preuve d’une bienveillance et cela même s’il y a une confrontation d’idée. La confrontation permet de débattre et de faire naître les idées. Mais le développement personnel n’accepte pas une idée différente de la sienne.

Comme je vois partout sur Internet des #bienveillance et que j’aime bien disrupter les mouvements de clones, je pense que je pourrai lancer le #malveillance. Écrivez-moi en commentaire #malveillance si vous voulez participer au mouvement des gens malveillants.

Tout cela est englué dans des bons sentiments un peu niais qui se résument avec des expressions très étranges.

« Vous êtes une belle personne. Vous êtes une belle âme. Merci d’être toi. »

Des expressions et un vocabulaire qui nous invite à être nous-mêmes. Alors qu’à y regarder de plus près, tous les clichés ultra-léchés d’Instagram que montrent les professionnels du développement personnel, les dévoilent sous leur meilleur jour généralement réalisés par des professionnels.

Je m’accepte moi-même à partir du moment où la photo est impeccable. Le filtre me met en valeur, et l’équipe de professionnels fait des photos retouchées. Encore un des innombrables paradoxes. En voulant écarter les personnes qui ne pensent pas comme elles, tous les pratiquants du développement personnel pensent qu’ils sont les seuls responsables de leur destin. Nier le collectif ne permet pas de se développer. Nier nos failles, nos faiblesses, nos jugements aveugles, notre raisonnement sur nous-mêmes. Il faut au contraire faire avec et vivre avec. Se couper de tout ça et ne pas le supporter peut conduire à une forme de déprime. L’acceptation de sa part d’ombre, #Malveillance, est bien plus fort que la nier.

Comment vivre avec les autres si nous passons notre temps à nier leur raisonnement ?

Grâce au développement personnel, une réalité vous gêne ? Faites comme si elle n’existait pas.

Tout positiver à l’extrême, positiver les mots, positiver ce que l’on pense, ne permet pas de positiver toutes les choses que vous ne pouvez contrôler. De plus, les professionnels du développement personnel sont maîtres dans l’art de faire glisser lentement le lecteur sur le terrain séduisant de l’imaginaire qui contrairement au réel ne connaît aucune limite, aucune contrainte et aucune déception.

LA COLÈRE POUR VERTU

Avant de conclure cet article, je ne pouvais finir sans une partie concernant les réactions des pratiquants de ce mouvement. Comme à l’accoutumée, pour réaliser cet article, j’ai lu des ouvrages sur le sujet ainsi que regarder de nombreuses vidéos. Julia de Funès a écrit un excellent livre qui s’appelle : « Développement (im)personnel : le succès d’une imposture ».

Je vous invite à lire ce livre qui est très intéressant et en plus pour tout vous avouer, j’ai beaucoup ri en le lisant. En regardant plusieurs vidéos sur YouTube de Julia de Funès, j’ai été sidéré de voir des commentaires très malveillants (#malveillance),  de professionnels du développement personnel, pour juger le travail de cet auteur. Des Professionnels de la bienveillance et du non jugement qui émettent des jugements malveillants sur une personne qui contredit les bases de leur mouvement. Ça donne à réfléchir …

Je me suis penché sur le sujet du développement personnel suite à diverses réactions très vindicatives de certains de mes clients. Une petite partie, mais intéressante à observer. Sans entrer dans les détails, les réactions les plus virulentes, pour être très clair les plus méchantes, sont issues du même profil type. Je suis quelqu’un de curieux et avec mon assistante, on a mené l’enquête pour voir quelles étaient majoritairement les professions de ces personnes très énervées. Et bien dans le mille Émile ! Une très grande majorité travaillent dans le développement personnel. Bien évidemment, je fais une généralité par rapport à ce que j’ai vécu. Mais je pense que c’est assez représentatif vu le nombre de clients que je possède.

“Vivre est un élan hasardeux et il n’y a aucune conclusion à en tirer.”

En tant qu’êtres humains, nous n’aimons pas le temps long. Nous voulons que ça aille vite surtout dans un monde où tout va vite. La répétition, qui ne s’effectue que dans un temps long, amène à l’excellence. Malheureusement ou heureusement, ça dépend de quel côté de la barrière on se situe, le développement personnel souhaite que tout aille vite. Il fonctionne selon un schéma problème/solution. Et pourtant il y a des problèmes qui n’ont pas de solution. Ou encore des problèmes qui n’ont pas de solution aujourd’hui mais qui en auront demain selon votre parcours effectué. Tout dépend de où vous en êtes dans votre raisonnement. Et celui-ci ne peut évoluer qu’avec le temps. On a tous une propension à aller vers le facile ce qui peut expliquer le succès du développement personnel. Bien que j’aie critiqué énormément ce mouvement dans cet article, je reconnais qu’être positif est essentiel pour pouvoir avancer. Il vaut mieux voir le verre à moitié plein que le verre à moitié vide. Mais il ne s’agit pas de nier l’existence du mauvais côté. L’accepter permet de progresser. Pour conclure cet article, voilà trois points essentiels qu’il faut garder en ligne de mire.

  • Premier point : ne pas penser en termes de fusil à un coup. Ici, je vous sensibilise à l’excellence, à la qualité, à travailler sur une image de marque qui est durable et qui vous différencie de tous les autres clones qu’on peut retrouver sur un marché très compétitif. D’où l’intérêt de se pencher sur un produit de qualité et non juste là pour prendre l’argent qui est disponible au moment de la tendance.
  • Second point : travailler une réelle identité. On l’a vu précédemment : le développement personnel est une machine à cloner les individus. Les mêmes méthodes, les mêmes stratégies de communication dans un marché où personne ne tire son épingle du jeu à part quelques leaders. Travailler une identité forte avec son propre wording, ses propres méthodes quitte à aller contre à contre-courant marquera bien plus les esprits que de faire comme tous les autres.
  • Dernier point et non des moindres : travailler son sujet en s’appuyant sur des données concrètes. Le développement personnel est tellement vaste avec des méthodes tellement confuses qu’il en perd en crédibilité. Travailler son sujet est primordial. Quand je travaille mes articles, je lis des livres sur le sujet.

Par exemple, pour celui-ci, j’ai lu deux excellents ouvrages que je vous recommande. Le premier dont j’ai parlé précédemment “Développement (im)personnel” de Julia de Funès, excellent livre très facile à lire très intéressant. Deuxième livre « Contre le développement personnel » de Thierry Jobard. Ces deux livres m’ont aidé à écrire plusieurs passages de cet article. Quand j’ai une information je vais la vérifier de la manière la plus précise possible. Je lis également des livres sur le sujet de l’innovation et la créativité et l’image de marque. Je prends note d’étude, de statistiques, ce qui me permet d’expliquer des phénomènes.

Pour finir, je pense que le développement personnel est à la base quelque chose de positif mais qu’il a été déformé par le marketing et surtout par l’appétence des personnes à la facilité. Alors que je pense que pour être très bon sur un sujet, il faut se confronter à la difficulté. C’est un peu comme les religions qui sont bonnes à la base mais qui sont déformées par l’être humain.

Je me doute que nombre d’entre vous ne seront pas d’accord avec moi sur les arguments avancés dans cet article, je vous invite à en débattre dans la zone de commentaire Amazon.

Dans tous les cas, ce qui est certain c’est que :

« Ne soyez jamais l’énième copie d’une copie sinon vous vous transformerez en photocopieur. »

Si vous souhaitez voir la vidéo qui retrace l’intégralité de cet article, cliquez sur l’image juste en dessous :

Comment devenir un leader innovant et créatif pour dominer votre marché grâce à une image de marque unique
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