JUSTICE LEAGUE SNYDER’S CUT : le film qui va changer l’histoire du cinéma

Comment plusieurs milliers de fans peuvent arriver à faire plier un studio de cinéma aussi puissant que Warner ? Comment un réalisateur peut-il disrupter un courant dominant dans l’industrie du cinéma ?

Je suis un fan de comics (bandes dessinées américaines) depuis des années. J’ai commencé à en lire à l’âge de sept ans et voir tout cet univers retranscrit au cinéma, pour moi, c’est juste incroyable. Je voulais remercier particulièrement un de mes amis, Anwar, qui m’a fortement inspiré pour cet article.

Voici le message vocal qu’il m’a envoyé suite à la diffusion de Justice League Snyder’cut :

« Un film qui nous sort des émotions. Tu vois, moi, je n’ai pas pleuré comme le type mais j’étais à deux doigts, les larmes étaient là, elles étaient là, frère, elles n’ont pas coulé mais elles étaient là. Je te dis les quatre heures, j’ai eu l’impression que c’était vingt minutes. C’est un vrai truc !!!! Vous les « Mickey Mouse », toutes les années où vous consommez, vous consommez, vous consommez. Vous consommez tellement de Mickey Mouse qu’à un moment donné, d’autres films, on n’en voit pas.

Là, on a un film sombre, un film de super héros. Il a respecté, mon gars, il a respecté … »

Comme on peut le voir, il est très concerné par la sortie de ce film. Je précise que dans la note vocale, il vanne un peu les fans de Marvel Comics, Marvel ayant été racheté par Disney (Mickey Mouse !) il y a quelques années.

Marvel et DC sont deux éditeurs de Comics. Pour faire simple, pour ceux qui s’y connaissent moins, Marvel, c’est Captain America, Spiderman, Iron man, les Avengers et DC, c’est Superman, Batman, Wonder Woman et la Justice League.

Ils sont en concurrence depuis des années sur le marché de la bande dessinée et cette concurrence s’est déplacée sur le marché du cinéma. Le Justice League version Zack Snyder a marqué une réelle disruption dans l’industrie du cinéma, plus peut-être avec tout ce qui s’est passé autour du film que pour le film en lui-même. Je rappelle qu’ici nous ne sommes pas là pour critiquer le scénario ou la réalisation de ce film.

Notre ressenti pour un film dépend de ce que l’on cherche dans ce film.

Ce qui est intéressant d’observer avec ce film, c’est pourquoi des fans, des clients, ont fantasmé puis réclamé une nouvelle version du film (qui est ici le produit). Et surtout comment ils ont eu gain de cause. Un film sorti deux fois avec deux réalisateurs différents, c’est assez rare dans l’histoire du cinéma pour en faire une analyse.

Ce qui est rare, devient convoité, d’où l’importance de se différencier.

Pour aller plus loin sur le sujet comment disrupter votre marché en vous différenciant et en étant unique, pour attirer des clients qui deviennent fans de votre marque, cliquez sur le lien qui se trouve en dernière page de cet article pour accéder à une vidéo privée et interactive complète sur le sujet.

Quand je dis interactive, je parle d’une vidéo où vos choix influencent la suite de la vidéo.

Pourquoi un film qui a fait un flop à sa sortie, a suscité une réadaptation aussi ardemment demandée par des centaines de milliers de fans ?

L’analyse de Justice League Snyder’cut, c’est parti.

LES PREMICES DE L’ÉCHEC

Avant de commencer, clarifions le terme « cut ».

Lorsqu’on parle de montage vidéo, couper des plans pour les assembler s’appelle un « cut ».

Dans l’industrie du cinéma, la production a un regard sur le montage final d’un film. Ce que l’on voit au cinéma n’est pas tout le temps la vision finale du réalisateur. Depuis quelques années maintenant, on voit des versions de film qui sont publiées avec le dernier montage du réalisateur. Ici, Justice League Snyder’s cut est le montage que le réalisateur a validé lui-même. Cette pratique est arrivée il y a de ça plusieurs dizaines d’années, mais s’est vraiment démocratisée avec l’arrivée des DVD puisque cela permettait de vendre une nouveauté aux personnes qui avaient déjà vu le film. On y ajoute le montage du réalisateur qui inclut des scènes supplémentaires ou des scènes en moins. Une des plus célèbres versions de film remonté est justement un film de DC Comics avec Superman 2 et la version Richard Donner’s Cut.

Marlon BRANDO et Christopher REEVES en Superman

En 1977, Richard Donner est évincé du tournage de Superman 2, avec Marlon Brando et Christophe Reeves. Sous la pression des fans, le film aura le droit à une nouvelle version moins drôle, plus raccord avec la vision de Richard Donner. L’histoire est un éternel recommencement puisque c’est ce qui va se passer également avec le film Justice League de Zack Snyder.

Avant d’en arriver là, il faut poser les bases de cette disruption majeure dans l’histoire du cinéma. À chaque disruption ou innovation, on observe le même phénomène. Pour qu’elle voie le jour, trois facteurs doivent s’entrecroiser : le contexte, l’idée, et la faisabilité. Tous les trois s’entrecroisent au sein de la zone de création.

Prenons un exemple simple, si Netflix existe et connait un réel succès aujourd’hui, c’est parce que le contexte était favorable à ce type d’offre. À l’époque, le téléchargement illégal était un fléau pour les créateurs. En France, le gouvernement a essayé d’endiguer ce phénomène avec Hadopi, la Haute Autorité pour la Diffusion des Œuvres et la Protection des droits sur Internet. L’idée de pouvoir accéder à tout un tas de programmes pour seulement quelques euros par mois, était excellente parce qu’elle court-circuitait le téléchargement illégal. La faisabilité au niveau de la technologie était propice puisque les connexions internet étaient devenues à haut débit. Cette rapidité de diffusion facilite la consommation du produit sur un ordinateur, un smartphone ou une télévision.

Revenons-en à Zack Snyder ou plutôt à Justice League ou plutôt à DC Comics ou même pour aller encore plus loin à Marvel Comics.

Effectivement, on ne peut parler du film du genre de super-héros sans parler de Marvel Comics qui a implanté tout un univers au cinéma.

En avril 2008, sort Iron Man, la première pierre à l’édifice d’un univers étendu qu’on appelle le MCU ou Marvel Cinématic Universe.  

Iron Man de Jon FAVREAU – 2008

22 films après et 11 ans plus tard sort Avengers Endgame qui est aujourd’hui le film ayant eu le plus de succès au box-office avec 2,7 milliards de dollars de recettes en faisant du MCU la franchise la plus rentable de l’histoire.

Ces 23 films sont reliés les uns aux autres afin de créer un univers concret et raccord au cinéma. Chaque film est issu d’une bande dessinée puisque Marvel Comics existe depuis 1938.

Je pense qu’un article d’une analyse complète sur le sujet de Marvel pourrait être une bonne idée, dites-moi ce que vous en pensez en commentaire.

Juste pour rappel, dans les années 2000, Marvel Comics, c’est Disney et DC Comics, c’est Warner.

DC s’est déjà essayé à sortir des films de super-héros, avec beaucoup de succès d’ailleurs, comme Superman en 1979 ou encore Batman en 1989.

Comme on l’a vu auparavant, la force de Marvel est de créer tout un univers raccord ou chaque film est dépendant d’un autre (ce qui au passage incite le spectateur à voir les autres films donc à consommer plus).

Cet univers, nommé le Marvel Cinématic Universe, ou MCU, inspire Warner qui planche sur un reboot, une nouvelle version, de son héros phare Superman.

Superman et Batman font partie intégrante de la culture populaire mondiale peut-être même plus que tous les autres super-héros.

Christopher NOLAN et Zack SNYDER

En 2011, commence donc le tournage de « Man of steel », écrit par Christopher Nolan et réalisé par Zack Snyder.

Nolan est très en vue puisqu’il a réussi à relancer la franchise Batman avec trois films à succès.

En 2005, « Batman Begins » avec 580 millions de dollars de recettes à travers le monde, en 2008, « The Dark Knight » avec plus d’un milliard de dollars de recettes à travers le monde, et en 2012, « The Dark Knight Rises » avec également avec plus d’un milliard de dollars de recettes à travers le monde.

Vous pouvez retrouver tous ces chiffres sur le site JP’s Box-Office.

Tonton Francky fait le job pour vous 😉

Zack Snyder est un amoureux des comics et il a déjà réalisé un film de super-héros avec « Watchmen » sorti en 2009.

Il est indéniablement reconnu pour tourner des scènes d’action épiques comme on peut le voir dans le film « 300 », qui est d’ailleurs lui-même une adaptation de comics.

Cette nouvelle adaptation de Superman, « Man of Steel » sort en 2013 avec un budget de 225 millions de dollars.

Le film recueille un beau succès critique et engrange plus de 680 millions de dollars de recettes.

Kévin TSUJIHARA

La Warner et son directeur de l’époque Kevin Tsujihara décide de lancer le DCEU, DC Extended Universe. La mauvaise idée de communication de la Warner est de calquer sa stratégie sur la concurrence puisqu’il crée un peu la même chose que le MCU mais à sa sauce. On le verra plus en détails dans la suite de cet article.

En octobre 2014, la Warner planifie donc 10 films :

  • Batman V Superman en 2016,
  • Suicide Squad en 2016,
  • Justice League en 2017,
  • Wonder Woman en 2017,
  • Aquaman en 2018,
  • Flash en 2018,
  •  Justice League Of America 2 en 2019,
  • Shazam en 2019,
  • Green Lantern en 2020
  • et Cyborg en 2020

Pour la majorité de ces films, il s’agit d’un développement de personnage qui fait partie de l’équipe Justice League qui regroupe les plus grands super-héros de l’écurie DC Comics (Batman, Superman, Wonder Woman, Aquaman, Jean-Jacques Goldman … non, je déconne ! … Flash et Cyborg).

En 2013, lors de l’annonce de la sortie de Batman Vs Superman, les fans sont complètement dingues et hystériques de voir sur grand écran l’affrontement de ces deux personnages mythiques.

Imaginez que la sortie de votre nouveau produit entraîne ce type de réaction : en général, c’est plutôt bon signe. À moins que vous ne les déceviez fortement et dans ce cas-là, cela va vraiment se retourner contre vous. Et c’est exactement ce qu’il va se passer mais ça, nous le verrons dans la suite de cet article.

Snyder supervise le DCEU.

On voit clairement son influence dans le film Wonder Woman sorti en 2017 et James Wan le réalisateur d’Aquaman révèlera que Snyder l’a aidé dans la réalisation du film.

Snyder a clairement une vision sur l’adaptation de l’univers DC Comics au cinéma.

Les vraies marques suivent une vision et non un chemin.

Tous les principes qui tendent à vendre des solutions « copier / coller » ne peuvent pas fonctionner. Les clients adhèrent aux valeurs d’une marque, à sa manière de communiquer à son branding, à son image de marque. C’est ce qu’on voit au travers de toutes les analyses que je peux faire à travers mes articles. Je vous invite d’ailleurs à lire l’article où j’analyse la stratégie d’image de marque de Daft Punk et également celle où j’analyse l’image de marque d’Éric Zemmour.

Zack Snyder avait un plan pour cet univers, un plan qui s’étendait sur cinq films.

Le premier avec Man of Steel, le second avec l’affrontement de Batman et de Superman ainsi que trois films qui réunissaient l’équipe de la Justice League.

Mais tout ne s’est pas passé comme prévu puisque le film Batman versus Superman ou autrement appelé BVS a été sans arrêt entrecoupé de polémiques, de problèmes de réalisation et de problème de montage.

Dès la nomination de l’acteur qui va incarner Batman au cinéma, cela pose problème.

Ben Affleck, qui a été choisi, se fait lyncher sur les réseaux sociaux.

De nombreux fans pensent qu’il ne peut pas incarner Batman. Des pétitions voient le jour pour qu’il renonce ce rôle.

En 1989, avec le Batman incarné par Michael Keaton, c’était le même genre de débat.

Sauf qu’en 1989, bien évidemment il n’y avait pas les réseaux sociaux et leurs forces de propagation.

C’est également le cas avec Heath Ledger qui va incarner le Joker dans the Dark Knight de 2012, alors qu’il a obtenu par la suite un Oscar à titre posthume.

Aujourd’hui, certaines pétitions circulent pour que Ben Affleck incarne à nouveau Batman parce que les fans jugent que Robert Pattinson (qui doit jouer la nouvelle interprétation de Bruce Wayne) ne sera pas à la hauteur pour le film qui est prévu en 2022.

Le changement est un traumatisme pour l’être humain.

Nous sommes naturellement cablés pour rester dans la même situation. Il est plus facile de rentrer dans une case et de ne pas faire de vagues plutôt que d’essayer d’aller à l’encontre de la norme. C’est ce qu’on appelle le conformisme.

Batman V Superman sort donc sur les écrans en 2016. Avec une recette de 880 millions de dollars pour 240 millions de budget, on peut dire que c’est un film qui a fonctionné. Mais la critique et les fans ne se gênent pas pour le descendre sur Internet.

Rotten Tomatoes est un site qui garde la trace de toutes les critiques recensées sur les films.

Il établit un « Tomamètre » qui mesure la qualité du film en fonction des critiques sur Internet.

En dessous des 60 %, le film est considéré comme pourri.

Le film BVS obtient 29 % ce qui est catastrophique.

Pour faire un aparté rapide sur ce site, on voit qu’ils ont compris la puissance de créer un concept de marque.

Il a son propre outil de mesure qui utilise le wording de la marque (les mots employés uniquement par la marque).

Un ensemble de mots homogène qui crée un effet logique et unique dans le concept de marque.

On jette des tomates lorsque le film est mauvais, le site s’appelle « Rotten tomatoes », tomates pourries et l’instrument de mesure est, le tomatomètre.

À la décharge de Zack Snyder, le film sorti en salle a été tronqué de plus de 30 minutes d’images, ce qui selon lui nuit à son œuvre.

L’erreur sera réparée puisque la version du réalisateur de Batman V Superman sortira quelques temps après avec un montage qui est plus proche de sa vision.

Pour avoir vu les deux, il n’y a pas photo entre la version plus longue et la version plus courte.

Le ton va se durcir entre Warner et Snyder puisque le studio décide de créer une filiale, DC films, dirigée par Geoff Johns, scénariste reconnu de comics, afin d’opérer un changement de direction plus dans le style Marvel.

La réalisation de ce film représentait un défi infaisable.

Il y avait beaucoup d’évènement à traiter :

L’introduction du personnage de Batman, le conflit entre Batman et Superman, ainsi que l’introduction de la Justice League.

Et tout ça, dans une durée très courte, puisque la Warner préfère un film court afin d’avoir plus de séances de programmer pour obtenir plus de chiffre d’affaires.

Ce film est en réalité un produit dans lequel on a voulu mettre trop de choses.

Présenter six personnages plus un grand méchant en deux heures, c’est tout bonnement impossible

Sortir un produit qui traite d’une multitude de choses n’est pas une bonne stratégie. Se concentrer sur une seule et unique action et la faire du mieux possible a plus de chance de rencontrer le succès.

Lorsqu’une entreprise prépare un nouveau produit, elle peut être amenée à vouloir trop en faire. Le mieux étant l’ennemi du bien, cela peut amener à apporter de la confusion dans l’esprit du client, du consommateur.

Dans ce cas précis, il y avait trop de choses à l’écran pour le film Batman V Superman.

Warner juge qu’il serait mieux d’aller à l’encontre de la vision de Snyder comme les critiques et les fans n’ont pas été satisfaits.

Cela va se faire en plusieurs étapes.

Le premier dommage collatéral à cette nouvelle vision est le film Suicide Quad.

Sans rentrer dans les détails, ce film est une erreur filmographique. La seule chose assez intéressante à voir dans le film est Margot Robbie.

Là encore, la critique et les fans ne se gênent pas pour dire que le film est mauvais.

Warner réagit au coup à coup et ne semble pas réfléchir à sa stratégie.

On verra d’ailleurs dans la suite de cet article qu’il est indispensable de réfléchir à ce que l’on fait, de ne pas foncer tête baissée dans le mur juste parce qu’on voit les concurrents accomplir des actes qui semblent fonctionner pour eux.

LA JUSTICE LEAGUE 1

Suite aux mauvaises critiques sur Batman V Superman ainsi que sur Suicide Squad, DC films décide d’encadrer Zack Snyder sur le tournage du film Justice League pour avoir un ton beaucoup plus cool, moins sombre. Snyder veut rentrer dans les détails pour son film Justice League et souhaite faire un long film. Warner refuse et indique qu’il ne faut pas que le film fasse plus de deux heures

Plus le film est court, plus il peut faire de séances, donc d’entrées et donc de chiffre d’affaires. On voit clairement que deux visions s’opposent.

La vision du producteur (gagner un maximum d’argent) et la vision de l’artiste (respecter sa manière de voir les choses).

En tant qu’entrepreneur, on est un peu entre les deux.

Les données économiques à mesurer et à chiffrer sont très importantes, mais on a aussi une vision à avoir sur le long terme.

Je vous rappelle que la vision est bien plus importante que le chemin, même si le chemin peut nous paraître plus évident à faire rapidement.

Une image de marque se construit dans le temps, brique par brique en assemblant une stratégie de communication qui respecte chaque point de l’image de marque.

Joss Whedon

DC Films décide donc d’engager Joss Whedon afin d’aider Snyder dans la réalisation du film Justice League.

Whedon est déjà connu dans le cinéma puisqu’il a créé la série à succès « Buffy contre les vampires », et il a aussi écrit les deux premiers films « Avengers » de Marvel.

Là encore, Warner choisit de simplement copier la concurrence en recrutant un réalisateur qui a rencontré le succès dans l’écurie voisine, Marvel.

Warner donne de plus en plus de pouvoirs à Joss Whedon qui réécrira les ¾ du film et tournera certaines séquences du film.

Avec les mauvais retours sur Batman V Superman et Suicide Squad, le studio oblige Snyder à changer ses plans en réduisant de plus de 90 minutes sa vision du film.

Le storytelling de la réalisation de ce film atteint son apogée lorsqu’en mars 2017, à l’âge de 20 ans, la fille de Zack Snyder se suicide suite à une dépression.

Snyder démissionne du tournage mais certaines personnes estiment qu’il a plutôt été écarté du tournage.

Le composition du film change, des reshoots conséquents sont organisés, un étalonnage (uniformiser la couleur du film) beaucoup plus clair est appliqué …

Le film Justice League arrive donc seulement un an après Batman V Superman, le 17 novembre 2017.

Bien qu’ayant engrangé 657 millions de dollars au box-office pour un budget de 300 millions de dollars, c’est un échec critique et commercial pour la Warner.

Celle-ci souhaitait dépasser le milliard de dollars de recettes tout comme l’avait fait Avengers chez son concurrent, Marvel.

De plus, Justice League fait 11 millions de recettes de moins par rapport au premier Superman, Man of Steel.

Ce film devait être la clé de voûte de l’édifice du DCEU au cinéma, mais à la place, on assiste à un naufrage cinématographique.

C’est sans compter sans la pugnacité des fans qui vont réclamer à cor et à cri la version du réalisateur original du film : La Justice League Snyder’cut.

LES MINORITAIRES DEVIENNENT PRIORITAIRES

Je sais qu’il y a beaucoup d’éléments dans le contexte que nous venons de voir mais il est indispensable de voir comment toutes les pièces ont été placées sur l’échiquier pour comprendre ce qui va amener les fans de Snyder à déplacer des montagnes pour voir la version du film qu’ils souhaitent.

Je suis allé voir ce film au Grand Rex à Paris en VIP avec mon ami Anwar (qui m’a envoyé la note vocale expliquée au début de cet article). Nous avons payé une cinquantaine d’euros pour voir le film dans une salle spéciale, avec une coupe de champagne en prime.

En mode beaux gosses !

Lorsque nous sommes arrivés au cinéma, on s’est vite rendu compte qu’on était les deux seuls VIP et que la salle était très peu remplie.

Personnellement, j’étais plutôt content parce qu’on avait la salle juste pour nous.

Pour mon ami Anwar, c’était tout l’inverse.

Voilà ce qu’il me dit : « j’ai l’impression de m’être fait avoir parce ce que je voulais que les autres voient que je ne fais pas la queue, que je suis différent parce que je suis VIP. ».

Avoir des produits haut-de-gamme ou dit VIP, est très intéressant dans une gamme de produits.

Vos clients veulent se sentir différents et surtout ils veulent qu’on voit qu’ils sont traités différemment.

Iron Mind 3

J’ai organisé à trois reprises un événement en live qui s’appelle Iron Mind qui réunit, chaque année, plusieurs centaines d’entrepreneurs.

Nous avons des places VIP qui sont placées au premier rang et qui ont un accès plus rapide à la salle.

Les clients paient plus cher pour avoir ce privilège. C’est un privilège qui donne accès à des fonctions supplémentaires mais aussi au fait qu’on voit que vous êtes privilégiés. C’est un ressort psychologique très intéressant qui doit être au cœur d’une position d’image de marque.

Le prix entraîne une image de marque.

Si vous vendez des produits très peu chers, vous êtes un peu comme la Foir’fouille (il y a de tout et à n’importe quel prix) si vous vendez des produits plus chers, vous serez plus assimilés à une marque de luxe, comme Rolex par exemple (qui propose peu de produits, mais à un prix plus élevé).

Je vous invite à l’article que j’ai fait sur la marque Rolex où j’analyse en détail leur communication de marque de luxe : comment ils gèrent la rareté et les prix élevés …

Après cet aparté, revenons à la suite du Snyder’s cut.

Avant le départ du tournage, Zack Snyder avait tourné tous les plans qui correspondaient à sa vision, tout était mis en boîte.

Toute sa vision du film avait été réalisée, il n’y avait que le montage final qui ne la respectait pas.

En novembre 2017, une pétition avec plus de 200 000 signatures voit le jour pour que la version du film de Zack Snyder sorte.

Cette passion devient un mouvement incarné par un hashtag : #relaesethesnyderscut.

Ce qui veut dire « libérer le montage de Snyder ».

Le terme « libéré » est employé comme si la version de Zack Snyder avait été emprisonnée.

Les fans étaient réunis autour d’une cause, faire éclater la vérité au grand jour : que le film Justice League de Zack Snyder était bien mieux que la version de Whedon.

On va le voir dans la suite de cet article, faire en sorte d’avoir une communauté soudée et unie autour d’un seul et même but permet d’avoir des clients fidèles, prêts à acheter tous vos produits.

Au début du mouvement, cela amuse Snyder qui en profite pour partager des clichés et des images inédites de sa version du film telles que la version du grand méchant Darkseid (coupé au montage par Whedon alors qu’il était attendu de pied ferme par les fans) ou encore Superman avec son fameux costume noir.

De l’autre côté, la presse et les studios Warner affirment que cette version du film n’existe pas et qu’elle ne sortira jamais.

On assiste à un combat tel que David contre Goliath, qui peut être un parallèle à l’opposition qu’on a vue tout à l’heure entre la vision du réalisateur et la vision du studio.

Tout cela alimente encore plus la ferveur des fans qui se transforment en militant de la cause Snyder.

Il lance un crowdfunding qui permet de financer des panneaux d’affichage à Time Square ainsi que des panneaux publicitaires dans les stades de foot avec le #relaesethesnyderscut.

Mais encore plus fort que ça, ils organisent une collecte de fonds pour la fondation américaine de prévention du suicide en hommage à la fille de Zack Snyder.

Sur un site dédié, on peut acheter un vêtement avec le logo de la Snyder’cut et l’argent récolté va directement à la fondation.

Ils ont récolté plusieurs centaines de milliers d’euros.

Le mouvement ne cesse de prendre de l’ampleur.

L’apogée arrive en novembre 2019 puisque les acteurs du film eux-mêmes relaient le #relaesethesnyderscut, ils soutiennent eux aussi Snyder.

La Warner est acculée et propose à Snyder de diffuser sa version du film sur HBO Max, le service de VOD proposé par Warner Media, mais une version brute sans effets spéciaux.

Zack Snyder refuse catégoriquement.

Il pense que la Warner souhaite uniquement redorer son image.

Il pense également que sortir une version sans les effets spéciaux validerait que sa version est moins aboutie que la version officielle de Whedon.

Les grands leaders savent dire non et imposer leur vision.

C’est ce que fait exactement Zack Snyder à ce moment précis.

Warner finit donc par céder et rajoute une enveloppe de 70 millions de dollars pour réaliser les effets spéciaux manquant en échange d’une diffusion en exclusivité du film sur HBO Max. Au passage Zack Snyder oblige Warner à lui donner un total contrôle sur le film ainsi que sur la durée.

Le 18 mars 2021, la Justice League version Zack Snyder sort uniquement en VOD, pour 13€99.

C’est un véritable succès à travers le monde.

7 jours seulement après sa sortie, en France plus de 100 000 personnes ont payé pour voir le film.

Les fans ont fait bouger les choses et décident de ne pas en rester là.

Un nouvel hashtag voit le jour : le #restorethesnyderverse pour voir la suite de la vision de Zack Snyder adaptée au cinéma.

Ou encore une pétition pour que Ben Affleck incarne à nouveau Batman.

Celui-ci avait renoncé au rôle après de nombreuses critiques émises suite à la sortie du premier Justice League.

Au tout début, quand on a annoncé qu’il allait interpréter le rôle, les fans l’ont conspué,

puis ils l’ont adulé dans Batman V Superman,

puis détesté dans Justice League

pour enfin réclamer qu’ils reviennent après Justice League version Snyder …

Bon ! C’est un peu le principe d’un fan de ne pas contrôler ses émotions.

Cette seconde version du film est bien différente de la première de par son format et de sa durée mais on va le voir en détail dans la suite de la vidéo où on va analyser pourquoi Zack Snyder est si différent et pourquoi il suscite autant de réactions.

Une communauté forte, qui sauve des vies, fait plaisir aux fans et donne les pouvoirs à un réalisateur face à un studio comme Warner.  Tout cela fait beaucoup parler. Il y a pléthore de vidéos, d’articles sur le sujet sur Internet et avec cet article, cela fera un de plus. C’est un peu le même schéma qu’on avait observé avec le cas de Éric Zemmour, donc je vous invite à lire l’article.

La polémique fabrique du contenu, le contenu fait parler et les gens qui parlent créent des polémiques. Depuis des années, les studios détruisent la créativité des scénaristes, des réalisateurs. Les fans ont aidé à redonner les pleins pouvoirs à ce réalisateur.

Warner a fait deux erreurs fondamentales.

La première a été de se comparer à son concurrent, Marvel, en adaptant sa stratégie de communication en fonction de comment la concurrence se comportait. En aucun cas, la stratégie de communication d’une entreprise ne peut se calquer sur ce que fait la concurrence.

Bien évidemment, il faut avoir une veille sur ce qu’il se fait sur son marché mais en évitant d’être influencé.

En cherchant à copier le succès de Marvel, Warner a oublié une donnée indispensable dans sa manière d’analyser les évènements : son concurrent a construit avec le temps.

Il a fallu 11 ans et 22 films à Marvel pour construire son image de marque.

Warner a voulu aller beaucoup trop vite et a négligé des étapes.

Une image de marque se construit avec le temps.

C’est comme un mur que vous allez construire.

Au début, ce ne sont que quelques parpaings, puis cela se transforme en muret et enfin en mur qui lui-même participe à la création d’une maison.

Essayer de construire son toit avant d’avoir posé la première brique est voué à l’échec

La seconde erreur de la Warner est de ne pas avoir écouté ses clients.

Et oui ! les spectateurs d’un film restent des clients.

En l’occurrence les fans de Zack Snyder voulaient absolument consommer le produit que représente la version du réalisateur.

Kevin Kelly a écrit un article qui parle de la théorie des 1000 vrais fans.

Pour être un créateur à succès, il n’y a pas besoin de gagner des millions d’euros ou d’avoir des millions d’adeptes ou d’être une star.

Ce que Kelly appelle un vrai fan, c’est une personne qui est prête à tout pour consommer votre produit.

Elle est prête à faire beaucoup de kilomètres pour venir acheter ce produit, à acheter toutes les versions qui peuvent exister de ce produit et également à propager ce produit.

Avec 1000 fans de ce type, il est possible de soulever des montagnes.

Et là où la faisabilité du schéma contexte / idée / faisabilité prend toute sa mesure, c’est qu’aujourd’hui avec l’époque d’Internet il est encore plus facile d’accomplir ses différentes tâches.

Participer à un crowfunding, comme celui dont on a parlé précédemment, partager un hashtag sur les réseaux sociaux, #releasethesnyderscut, acheter un film en VOD … Si ces 1000 vrais fans dépensent en moyenne 100€ / an, on arrive à un chiffre d’affaires de 100 000 €.

Ce qui est suffisamment pour pouvoir vivre de sa passion, de son métier.

Les fans se réunissent autour d’une cause, de quelque chose qui les fait vibrer, et ils sont prêts à tout pour que leur vision voie le jour. C’est ce qu’on a pu voir avec le film de Zack Snyder. La théorie de Kevin Kelly s’adapte parfaitement à ce cas à l’exception faite qu’on parle de centaines de milliers de fans. Ce qui confère une puissance incroyable à la vision de Snyder.

Voici ce qu’Anne Sarnoff, présidente de Warner, a déclaré suite à la sortie en VOD de la Snyder’cut : « “Vous savez, il y a une doctrine très simple à Warner, qui est un peu comme une maxime familiale, une sorte d’échelle de conduite. On dit toujours : va où va l’argent. L’entretien qui a été publié la semaine passée avait en fait été conduit avant que la Snyder’s Cut ne soit proposée sur HBO Max et en VOD ailleurs dans le monde. C’est-à-dire qu’on ne s’était pas rendu compte de tout l’argent que cela allait nous rapporter. On s’en rend compte maintenant, et vous connaissez certainement notre seconde maxime, chez nous à Warner : il n’y a que les idiots qui ne changent pas d’avis.” »

Anne SARNOFF, Présidente de Warner

C’est une victoire du réalisateur et des fans face au studio Warner.

On assiste à une réelle prise de pouvoir des fans.

Les minoritaires deviennent prioritaires.

IL FAUT CULTIVER LA DIFFÉRENCE ET NON L’INDIFFÉRENCE.

Thimothée Gustave – « Les Trois Frères » 1995.

Zack Snyder est un réalisateur adulé et aussi très critiqué.

C’est le lot des leaders identifiables et uniques sur leur marché. Si vous voulez en savoir plus sur le sujet, j’ai réalisé une vidéo interactive et privée (le lien est disponible à la dernière page de cet article).

Le style de Snyder est reconnaissable entre 1000. Il s’est d’ailleurs inspiré pour ensuite influencer. En 2004, il réalisa son premier film, « L’armée des morts » qui est le remake du film du célèbre George Romero, Zombie sorti en 1978. Snyder s’est donc inspiré de George Romero pour son film … qui a lui-même inspiré un autre film. La célèbre scène d’introduction de « L’armée des morts » est restée dans les esprits. Cette scène a servi d’inspiration pour un autre blockbuster de genre « World War Z ».

L’armée des morts de Zack Snyder

Lorsqu’un de vos produits influence un autre grand produit on peut dire que la boucle est bouclée et que vous avez réussi votre pari.

Dans sa version de Justice League, Snyder a usé et abusé des codes pour en faire une version unique.

L’étalonnage utilisé pour ses films est très facilement reconnaissable, avec une teinte plus sombre. Là où la version de Whedon avait gagné en couleur, celle de Snyder en perd mais gagne en identité avec un côté sombre.

Le film de Joss Whedon est coloré, drôle, édulcoré et impersonnel alors que celui de Snyder est sombre et dramatique.

La seconde version transpire la personnalité du réalisateur ce qui fait également écho à l’histoire de Zack Snyder.

En sachant que les fans ont participé à la diffusion de la version de Snyder, tout est relié. Avec leur crowfunding, ils ont récupéré de l’argent qui sert à la cause que défend Snyder après la perte de sa fille : la fondation américaine de prévention du suicide.

Et tout cela est visible à l’écran.

En sachant que la fille du réalisateur est décédée pendant le tournage, la vision du film devient tout autre.

Le style de Zack Snyder est facilement reconnaissable avec ses ralentis, ses effets spéciaux. On peut même dire que certaines fois, c’est même un peu abusé, mais Snyder va complètement à l’inverse de ce que fait Marvel, le leader.

Au-delà de la réalisation, Snyder a été encore plus loin dans son image de marque. En imposant à Warner de diffuser sur les plateformes de VOD un film de plus de quatre heures, il marque les esprits.

Il est évident qu’un film avec cette durée n’aurait pas été validé pour le cinéma.

Cela devient possible grâce à la VOD et participe activement au fantasme du fan qui se dit qu’on lui a caché une grande partie du montage de ce film, la première version au cinéma durant deux heures de moins.

Zack Snyder met la pression pour que son film sorte en quatre-tiers contrairement à la majorité des films qui sont en 16/9. C’est un format d’image carré qui selon Snyder donne plus de perspectives aux personnages.

Ce format participe à créer le mythe du superhéros et l’aide à créer des scènes épiques.

La durée singulière du film ainsi que les bandes noires sur le côté du haut format quatre-tiers rajoute une touche différente. C’est une singularité expliquée avec des arguments solides qui permettent d’être accepté par les spectateurs et d’argumenter contre les opposants.

Avoir une singularité pour avoir uniquement une singularité ne sert à rien.

Si vous vous dites, je vais créer une image de marque parce que je vais porter une écharpe rose, cela n’a aucun sens.

L’écharpe rose n’est qu’une pièce à l’édifice.

Souvenez-vous que tout doit être raccord et que tout doit participer à la stratégie de communication d’une image de marque.

CONCLUSION

Un jour a été nécessaire pour faire les recherches concernant cet article.

Un jour supplémentaire a été nécessaire pour l’écriture.

Deux jours ont été nécessaires pour la lecture, la mise en forme et l’illustration.

Ce qui fait au total quatre jours de travail entier pour la réalisation de cet article.

Si je vous précise cela, c’est uniquement pour vous dire que j’essaie ici de toujours vous donner les meilleures informations possibles. Mon image de marque dépend du contenu que je produis.

La meilleure manière de soutenir mon travail de me laisser un commentaire, c’est très utile pour le référencement.

La force des fans a fait plier la puissance d’un grand studio de cinéma.

Lorsqu’un client souhaite ardemment un produit il faut lui donner.

Pour aller encore plus loin il faut donner l’envie à un client de vouloir ardemment votre produit.

Comme dirait Jean-Philippe Smet : « Il faut donner l’envie d’avoir envie ».

C’est ce qu’a réussi à faire Zack Snyder malgré le parcours semé d’embuches qu’il a rencontré.

En imposant sa vision, en allant à contre-courant de ce que faisait le leader, Marvel, Snyder a conçu quelque chose d’unique dans l’histoire du cinéma : un film, hors format, réclamé à cor et à cri par ses plus grands adorateurs, ses plus grands fans, ses fidèles clients.

Snyder a compris qu’il ne sert à rien d’être la copie d’une copie sinon on se transforme en … photocopieur.

Si vous souhaitez regarder la vidéo YouTube qui retrace l’intégralité de cet article, cliquez juste en dessous :

Comment devenir un leader innovant et créatif pour dominer votre marché grâce à une image de marque unique
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