LES YOUTUBEURS SONT-ILS DES PROSTITUÉS ?

Grâce au formidable algorithme de YouTube et ses recommandations, je suis tombé sur la vidéo d’Un Créatif : « J’infiltre un business pyramidal ». Dans cette vidéo, un autre youtubeur fait une intervention : Stupid Economics. J’ai donc regardé plusieurs vidéos à la suite de ces deux chaînes, chaînes très intéressantes avec des vidéos bien réalisées. Mais plus j’avançais, plus je me suis rendu compte qu’il y avait quelque chose de paradoxal dans leur communication. Ce qui m’intéresse ici, c’est le décalage entre le discours et les faits. Même si dans cet article, je vais développer toute une pensée qui va un peu les attaquer, un peu les titiller, ce sont globalement de bonnes chaînes YouTube.

Ce décalage est intéressant parce qu’il est symptomatique d’un mal plus profond, une schizophrénie aiguë vis-à-vis de l’argent. Et surtout, de comment le gagner.

Dans mes articles, je vous parle d’image de marque. J’y répète souvent qu’il faut être raccord dans le discours et les faits. Malheureusement, ce n’est pas le cas pour la majorité des youtubeurs qui ont un gros problème avec l’argent, le flouse, la monnaie, la tune, le gent-ar …

LE NERF DE LA GUERRE

Dans l’analyse que je vais faire des youtubeurs, je prends ici l’exemple d’Un Créatif parce qu’il réunit tous les critères qui mènent à la définition même de youtubeur. Un style dans le contenu (on n’y reviendra par la suite), une manière de produire ses vidéos, une manière de les monétiser…

Un Créatif

Avant d’arriver au nœud du problème, il nous faut comprendre comment un youtubeur gagne sa vie. Je vais parler ici des manières les plus communes pour les youtubeurs de gagner de l’argent.

On développera l’autre moyen, moins connu, dans la suite de l’article.

Que ce soit au départ par simple passion ou purement dans un but monétaire, le seul but d’une chaîne YouTube est de fédérer une communauté. Faire ça uniquement par passion est voué à l’échec puisque la passion par essence même est un événement éphémère.

Si seule la passion guide les actes, ces derniers seront de courte durée.

Fédérer une communauté sur YouTube prend du temps, pour construire une image de marque de qualité prend du temps aussi.

La majeure partie des créateurs de vidéos qui prétendent faire une chaîne YouTube simplement par passion se racontent un peu des histoires. Simplement parce qu’ils n’osent pas avouer qu’ils veulent gagner de l’argent. L’argent, ce n’est pas sale. C’est d’ailleurs un peu le problème des youtubeurs. On va y revenir plus tard.

Avoir une communauté permet d’avoir une influence et donc de proposer des produits à vendre. C’est aussi le cas des influenceurs sur Instagram qui ont une forte communauté. Ils sont engagés pour faire du placement de produit. Ils échangent l’attention de leur audience à une marque en contrepartie d’un montant financier.

Mais revenons-en à YouTube. Pour fédérer cette communauté, il faut évidemment publier régulièrement du contenu, de qualité de préférence, afin que les spectateurs trouvent suffisamment d’intérêt aux vidéos pour s’abonner à la chaîne. Cette étape est la plus difficile si vous souhaitez monétiser votre contenu.

Sur ma chaîne YouTube, j’essaye de fournir un maximum de qualité avec le contenu (les recherches, les scripts, les analyses qui en découlent) mais aussi avec le contenant (le montage, les ressources vidéo, les images).

Entre les recherches, l’écriture du script, le tournage et le montage pour chaque vidéo, cela me prend plusieurs jours pour en réaliser une seule. Je vous invite à y jeter un coup d’œil et d’y laisser un commentaire si une vidéo vous a plu ou vous a interpellé, ça peut aider pour le référencement. Surtout que je pense que ce sujet peut faire débat.

Le nombre de spectateurs représente un pourcentage de votre nombre d’abonnés. Évidemment une personne a beau être abonnée à votre chaîne YouTube, cela ne veut pas dire qu’elle va voir toutes vos vidéos. À chaque étape, on perd un pourcentage de spectateurs. Parce que oui, si vous êtes abonné par exemple à ma chaîne YouTube, cela ne veut pas dire que vous serez au courant des dernières vidéos. La meilleure manière d’être notifié d’une publication d’une nouvelle vidéo est de cliquer sur la cloche à côté du bouton « s’abonner ». Dans ce cas-là, vous recevrez une notification à chaque nouvelle vidéo.

On peut voir qu’il y a beaucoup d’actions à faire pour être tenu au courant des nouveautés d’une chaîne YouTube et cela même si vous êtes abonné. D’où l’importance d’avoir un maximum d’abonnés pour augmenter les chances que ces derniers voient vos vidéos. Pour arriver à ce résultat, il faut fournir de la qualité de manière régulière. Cela peut prendre beaucoup de temps. Une fois ce travail effectué, vous avez créé une audience. Le youtubeur peut donc monétiser l’attention de ses spectateurs en échange de publicités affichées sur ses vidéos. C’est ce qu’on appelle monétiser ses vidéos.

Il existe plusieurs manières de monétiser cette attention.

La première est de laisser YouTube afficher des publicités avant/et ou pendant vos vidéos (en fonction de la durée de celles-ci). La seconde est de faire un placement commercial à l’intérieur de votre vidéo.

Par exemple, je pourrais dire pendant quelques secondes au début de ma vidéo : « cette vidéo est sponsorisée par la marque de lunettes Iron Mind. Vous pouvez aller sur leur site pour acheter leurs lunettes qui sont de bonne qualité et bla-bla-bla bla-bla ».

Bon, dans ce cas de figure, ça ne fonctionne pas vraiment puisque les lunettes Iron Mind que je porte sur mes vidéos sont des lunettes de ma propre marque. La marque peut rémunérer de deux manières. La première est de rémunérer par placement de produit. Par exemple, un youtubeur fait une pub dans une vidéo, il est payé une fois. La seconde est de rémunérer au forfait : la marque paye tous les mois le youtubeur avec un montant fixe qui fait des placements de produits à chaque vidéo.

Voici quelques exemples sur la chaîne d’Un Créatif :

Mais ce n’est pas tout. Il existe encore d’autres méthodes pour monétiser son contenu. Le youtubeur peut demander directement à ses spectateurs de soutenir sa chaîne en faisant des dons. On peut voir dans la description d’une des vidéos d’Un Créatif, je cite : « soutenez la chaîne gratuitement ». Quand on clique sur le lien, on arrive sur un site de dons en ligne. Dans la tête du youtubeur, faire un don, donner de l’argent, c’est gratuit … chelou ça … je donne de l’argent mais c’est gratuit …

On commence ici à percevoir les paradoxes du youtubeur. Mais il y a encore une autre méthode. Faire financer la réalisation de ses vidéos par le CNC, le centre national du cinéma et de l’imagerie animée.

Le CNC est placé sous l’autorité du Ministère de la Culture. Ses frais de fonctionnement proviennent de taxe prélevée sur le secteur soutenu par des cotisations professionnelles, environ 10 % du prix de votre entrée au cinéma. Les fonds prélevés permettent de financer des aides à la création allant jusqu’à 30 000 € pour les créateurs de vidéos ayant au moins 10 000 abonnés ou ayant été primés dans un festival au cours des cinq dernières années.

Pour résumer, quand vous allez voir votre film préféré, vous payez donc une partie au CNC qui finance la création de contenu de certains youtubeurs, comme … Un Créatif.

Et la formule magique dans tout ça, c’est qu’on peut combiner l’ensemble. Le CNC finance la création des vidéos, on monétise ses vidéos avec la publicité sur YouTube, on fait un placement de produit à l’intérieur de ses vidéos pour une marque et on demande des dons « gratuits » à ses abonnés pour soutenir la chaîne. Vlatipa que ça commence à faire un petit peu beaucoup de sous tout ça ?

Ce n’est évidemment pas le cas de tous les youtubeurs

Si je m’intéresse plus particulièrement au cas d’Un Créatif ou encore de « Stupid Economics », c’est qu’ils attaquent beaucoup les personnes qui utilisent YouTube pour faire du business en direct, de la publicité, que ce soit des vendeurs d’information ou d’autres types de business.

LA SCHIZOPHRÉNIE DU YOUTUBEUR

Comme on a pu le voir juste avant, le but d’une chaîne YouTube est de fédérer une communauté pour monétiser son attention. Dans l’excellente vidéo « L’économie de l’attention », produite par la chaîne Stupid Economics, le youtubeur nous explique également ce principe de manière plus générale.

Dans cette vidéo, on sent également une certaine forme de paradoxe, avoir « une démarche de vendre quelque chose » semble être un acte répréhensif selon le youtubeur.

Le youtubeur de cette chaîne va même encore plus loin dans son raisonnement puisqu’il nous incite à installer un bloqueur de pub afin d’éviter d’être sollicité.

A ce moment précis, vous pouvez vous dire : « Oui, c’est vrai, c’est pénible les pubs. ».


Je suis d’accord avec le principe mais dans mes articles, j’essaie toujours de pousser la réflexion en évitant les stéréotypes du style : le camp du bien, ce sont ceux qui ne vendent pas et le camp du mal, ce sont ceux qui vendent des produits. YouTube est un produit gratuit, ou tout du moins, vous échangez la gratuité de consultation contre vos données. Effectivement, plus vous restez sur la plateforme, plus on connait vos habitudes et plus YouTube peut vous proposer des publicités ciblées en fonction de vos centres d’intérêts.

Imaginons maintenant qu’il n’y ait plus aucune pub, que se passerait-il ? Pensez-vous qu’un produit comme YouTube resterait gratuit ? Si la pub est supprimée, ce qui est gratuit deviendra payant. La question à se poser est : « suis-je prêt à supporter quelques pubs pour continuer à utiliser gratuitement ce service ? ». Un journal comme « 20 minutes », distribué à la sortie du métro, est gratuit uniquement parce que des annonceurs paient des pages de publicité à l’intérieur. Si on les supprime, le système n’est plus viable à moins de rendre le journal … payant.

Passer par Adblock court-circuite YouTube. Ce serait comme dire qu’un DVD est cher et qu’il est alors préférable de télécharger gratuitement le film. YouTube est un service qui nécessite bien évidemment des coûts de fonctionnement qu’il faut bien répercuter quelque part. Adblock ne donne aucun moyen financier à YouTube en échange de la gratuité de son contenu. La solution est tout simplement de prendre un abonnement à YouTube Premium pour 11€99 / mois. Je précise que je n’ai aucun gain à dire ça. Avec ce service vous n’aurez plus aucune publicité. Il existe même des solutions de partage (un peu comme GetAround ou Blablacar) pour payer ce service moins cher comme Spliiit. Avec ce site, je paie seulement … 3€/mois pour avoir accès à YouTube Premium. Comme j’en ai eu assez de voir une multitude de pubs de clowns, qui emploient les stratégies du marketing de clone, j’ai pris un abonnement au service de YouTube. Je participe à l’éco-système de YouTube.

Voilà comment la chaîne Stupid Economics souhaite monétiser l’audience de ses spectateurs.

Là encore, on entre dans le paradoxe du youtubeur.

L’objectif de 1€ par mois par abonné, c’est sympa mais utopique et sans réel grande ambition. Est-ce qu’on pourrait imaginer Rolex ou encore Tesla faire cela ? Oui, ce sont de grandes marques mais il vaut mieux prendre exemple sur des leaders. En fait, le youtubeur de Stupid Economics semble ne pas comprendre que ses spectateurs ne paient pas uniquement pour son contenu mais aussi parce qu’il croit en lui, en sa marque et en ses valeurs. Il semble raisonner en privilégiant la passion à la raison. Pour faire une transition de la passion à la raison, il est nécessaire de passer de l’enfance à l’âge adulte.

Ce type de youtubeur a du mal avec la notion d’argent qu’il qualifie (consciemment ou inconsciemment) de mal. Vendre, c’est mal. Gagner de l’argent c’est mal. Mais au fond de lui-même, il a quand même besoin d’argent parce que forcément, comme on l’a vu auparavant, la passion s’estompe avec le temps et il paraît normal de vouloir vivre du contenu que l’on produit. Je parle bien évidemment de contenu de qualité. C’est le cas de Stupid Economics et dans une moindre mesure d’Un Créatif.

Stupid Economics

De surcroît, il en va de la responsabilité du youtubeur de gagner plus d’argent afin de fournir de meilleurs contenus. Ce que je veux dire par là, c’est que plus il y a de moyens, plus on peut les attribuer à la réalisation de sa vidéo. Que ce soit par de meilleures caméras, de meilleurs décors ou aussi du temps qu’on peut attribuer à la recherche concernant les sujets de vidéo. Dans la suite de cet article, je vais vous donner en détail le coût de mes vidéos que je finance exclusivement par mes propres moyens.

À l’inverse sans moyen, on risque de galérer à fabriquer du contenu de qualité et donc potentiellement de plus rapidement s’essouffler. Au début avec la passion, le manque de moyens n’est pas un problème. Mais avec le temps, celle-ci diminue naturellement et laisse place à la raison. Elle fait prendre conscience que galérer pour faire du contenu qui ne rapporte rien n’est pas encourageant. C’est d’ailleurs à ce moment-là que beaucoup de créateurs de contenu s’arrêtent. Imaginez-vous plutôt : vous gagnez bien votre vie, vous prenez plaisir à faire du contenu de qualité, c’est un cercle vertueux. Qu’on le veuille ou non dans la société actuelle, pour pouvoir compter, il faut avoir des moyens financiers.

LA DIFFÉRENCE ENTRE UN YOUTUBEUR ET UN ENTREPRENEUR

On l’a vu précédemment, les youtubeurs ont différentes manières de gagner leur vie. Pour Un Créatif, c’est un peu flou puisqu’il attaque un système qu’il nourrit. Le principe de ses vidéos est de jouer au justicier du net pour démasquer les méchants marketeurs. Lui étant bien évidemment dans le camp du bien. Pour Stupid Economics, c’est légèrement différent puisqu’il ne fait pas de publicité à l’intérieur de ses vidéos (tout du moins, je n’en ai pas vu dans celles que j’ai regardées). Il incite juste son public à faire des dons.

Le youtubeur de Stupid Economics fait des vidéos avec de bons contenus, qu’il diffuse gratuitement sur YouTube et son spectateur, pour le rémunérer de ce contenu, a le choix de lui faire des dons.

On peut noter trois types de profils qui cherchent à monétiser son contenu :

  • Les youtubeurs avec leurs contenus vidéo,
  • les influenceurs qui partagent leur vie en story ou en post généralement sur Instagram (du contenu non informatif) et ceux qui font clairement et ouvertement du business (le camp du mal).
  • Et enfin les youtubeurs qui se sont transformés ouvertement en entrepreneurs comme Ibra TV ou Tibo InShape.

Dans cet exemple précis, Un Créatif est un youtubeur qui monétise son contenu par les différents moyens que j’ai évoqués plus haut. Les influenceurs sont principalement des stars de la télé-réalité.

Ibra TV a utilisé son audience dans un premier temps pour monétiser son contenu avec la publicité puis s’en est extrait afin de financer des business en physique comme son fast-food « Black And White Burger ».

Pour Tibo InShape, c’est le même cas de figure avec sa marque de vêtements et le nom déposé de sa marque « Tibo InShape ».

Ces deux youtubeurs ont évolué dans la manière de monétiser leur contenu en le transformant en réel business. Dans ce cas-là, les choses sont bien plus claires puisque ce qu’ils vendent, ce sont leurs propres produits. La démarche paraît tout de suite plus claire. Les youtubeurs lambda qui ont du mal avec le fait de monétiser clairement leur audience, sont plutôt des hommes sandwich à qui l’on colle une publicité en fonction du prix pour lequel on le paye.

À noter que certains youtubeurs font des vidéos qui manquent cruellement de fond. Je précise que ce n’est pas le cas pour Un Créatif et Stupid Economics et que certains influenceurs peuvent faire du contenu de qualité (même si c’est assez rare).

Les trois catégories s’entrecroisent. Lorsqu’un youtubeur utilise uniquement les moyens de monétiser qu’on a évoqués, son équilibre est beaucoup plus fragile et beaucoup plus précaire puisqu’il dépend uniquement de son nombre de vues. S’il fait moins de vues, il aura moins d’annonceurs et donc moins de moyens. David Lafarge, un très ancien youtubeur, avec 2 millions d’abonnés tout de même, spécialiste dans les cartes Pokémon (Oui, oui ! Ça existe !) en a fait l’amère expérience. Il a construit toute une audience au fur et à mesure des années mais suite à plusieurs boulettes de sa part, elle s’est effondrée. Comme son business dépendait intégralement de sa chaîne YouTube, ce fut la catastrophe.

YouTube sert uniquement à fédérer une communauté mais il faut très vite sortir de la plateforme, créer son propre business pour ne pas être dépendant uniquement des vues et des abonnés de votre chaîne.

Parce que sinon YouTube, c’est un peu votre macro et vous vous êtes donc une …

TRANSPARENCE

Pour que cet article ne passe pas uniquement pour une attaque gratuite et non fondée car je sais qu’il y a sûrement des fans d’Un Créatif et de Stupid Economics qui passeront par ici et qu’ils diront que j’ai tort parce qu’ils sont fans et qu’ils n’arrivent pas à mettre leurs émotions de côté pour avoir un jugement rationnel, je vais vous expliquer exactement comment fonctionne ma chaîne YouTube. Dans mes vidéos, je fais souvent des appels à l’action pour que vous cliquiez sur le premier lien qu’il y a en description. Une fois que vous cliquez sur ce lien, vous devez rentrer votre e-mail pour pouvoir accéder à un cours en ligne que j’offre pour vous aider à avoir une image de marque reconnaissable au premier coup d’œil. Ce cours dure environ une heure. Il a un niveau plus poussé que les vidéos gratuites de ma chaîne. Dès le début du cours, je dis qu’à la fin de la vidéo, je proposerai aux personnes qui le veulent, de devenir client de ma société en achetant un programme qui leur permet de suivre toutes les étapes pour se créer une image de marque.

Bien évidemment, avec les coordonnées récoltées lors de la première étape, je communique non seulement sur les sorties de mes nouvelles vidéos YouTube mais aussi sur mon actualité commerciale. En échange des coordonnées mail, j’offre donc un cours gratuit. Je ne dépends donc pas de placement publicitaire, ou de monétisation de vidéos YouTube. D’ailleurs pour ce dernier point, la majeure partie de mes vidéos ne sont pas monétisables parce que j’ai fait le choix d’utiliser des musiques non libres de droit ou des extraits qui ne me permettent pas de monétiser mes vidéos selon les règles de YouTube.

Avec ce système, cela m’extrait complètement de la dépendance que peuvent avoir les youtubeurs lambda vis-à-vis :

  • des marques qui les payent pour parler de leurs produits,
  • de la monétisation des vidéos selon les vues de YouTube,
  • d’une demande de dons pour ma chaîne,
  • ou du CNC qui subventionnerait mes vidéos.

L’argent que je gagne avec mes propres produits me permet de financer mon contenu. Je n’ai pas besoin d’avoir des milliers de vues sur mes vidéos ou des milliers d’abonnés pour commencer à vivre de mon contenu.

Kevin Kelly a écrit un excellent article sur ce sujet où il explique qu’on peut commencer à vivre sereinement d’un business avec 1000 vrais fans. J’en parle plus en détails dans l’article que j’ai écrit à propos du film Justice League de Zack Snyder. Ce film a été demandé à cor et à cri par des fans qui ont réussi à faire plier un gros studio de cinéma. Je vous invite à lire cet article très fourni si vous avez pour ambition de fédérer une communauté fidèle prête à acheter tous vos produits.

On l’a vu tout à l’heure, le CNC donne environ 30 000 € pour la réalisation des vidéos d’Un Créatif. L’argent qui est prélevé sur votre ticket de cinéma sert donc à financer les vidéos d’un youtubeur qui vous fait des placements de produit et vous demande des dons … gratuits. 30 000 € est une somme importante. Quand on voit les réalisations d’Un Créatif pour ce budget, des vidéos derrière un micro dans sa chambre, on peut se demander à quoi peut servir l’étendue du budget accordé par le CNC (quelque part votre propre argent).

Pour être encore plus transparent, je vais vous donner le montant exact de la production de mes vidéos. Tous les prix que je vais vous annoncer sont pour deux jours de travail puisque c’est la durée de chaque session de tournage. Le studio que je loue ici me coûte 1000 €. Le réalisateur qui est derrière la caméra qui s’occupe du cadre ainsi de la prise de son me coûte 2000 €. Le tournage et la post production sont réalisés par moi-même (dans une autre vie j’étais monteur !). À cela il faut ajouter le prix des vignettes qui sont réalisées par un graphiste spécifique (1500 euros pour 10 vignettes). En deux jours de tournage, nous tournons 10 vidéos ce qui revient à 300 euros la vidéo, auxquels il faut ajouter 150 € pour la vignette soit 450 € par vidéo réalisée. Je publie actuellement 2 vidéos par mois sur ma chaîne, j’espère pouvoir accélérer dans le futur, ce qui revient à 900 euros / mois.

Bien évidemment, si vous avez des questions spécifiques sur ce sujet, vous pouvez me les poser dans la zone commentaire. Comme tout à l’heure, la bonne question à se poser est la suivante.

Doit-on gagner sa vie en faisant de la publicité pour des produits qui ne nous appartiennent pas et donc être dépendant d’un système que nous ne pouvons contrôler, ou devons-nous vendre nos propres produits pour être totalement indépendant concernant la création de notre contenu ?

Évidemment, Un Créatif n’hésite pas à attaquer des business comme le mien en les qualifiant d’arnaque. Il ne se gêne pas pour faire des attaques directes et personnelles, notamment sur la chaîne de Stanislas Leloup, Marketing Mania, qui pour le coup, est plutôt irréprochable sur son contenu et sa transparence.

Aujourd’hui, le mot arnaque est employé à toutes les sauces.

Il suffit de faire la publicité sur Facebook pour voir quelques minutes après, un commentaire qui qualifie la publicité d’arnaque. Rappelons la définition du mot : une arnaque est une escroquerie, un vol, une tromperie, une tricherie. Quelque chose qui est amené à tromper le client.

Un Créatif ne trompe-t-il pas le CNC quand ils utilisent de l’argent prélevé sur les tickets de cinéma pour faire des placements de produits pour Nord VPN ? À ce propos il y a une excellente vidéo sur la chaîne YouTube de Micode qui explique en détail pourquoi nous n’avons pas besoin de Nord VPN et qu’ils font de la publicité trompeuse.

Est-ce qu’on peut qualifier d’arnaque le fait de demander de soutenir la chaîne « gratuitement » en demandant de l’argent, des dons ? Est-ce qu’on peut qualifier d’arnaque, le fait d’annoncer que nous vendons nos propres produits que ce soient des produits physiques, comme Ibra TV ou Tibo InShape ou des produits d’information comme moi ?

Évidemment, il ne faut pas se voiler la face, il existe des escroqueries sur Internet. Que ce soit d’ailleurs du côté des vendeurs que des clients. J’aurais pas mal d’anecdotes à vous raconter sur les clients qui se sont arrêtés de me payer du jour au lendemain et qui ont disparu dans la nature. Quelle est la responsabilité du client ? Quand une pub vous promet de gagner 50 000 € en travaillant seulement une heure par jour et en ne faisant pas grand-chose, quelle est la responsabilité de la personne qui croit en ce type de promesses ?

Pour finir ce chapitre, je finirai sur l’excellente punchline de mon ami Hassan, Le Pro De l’Immo. Oui, je sais : je lui fais de la pub aujourd’hui !

“Si un mec te propose de gagner de l’argent vite et facilement et que tu l’écoutes et que tu le payes pour qu’il t’apprenne ça, c’est toi le zozo ! Il n’y a pas de vendeurs de rêves, il n’y a que des acheteurs à la con !”

L’UNIFORMISATION DU YOUTUBEUR

Je ne pouvais pas parler du sujet principal de cet article sans évoquer l’uniformisation des vidéos de ce type de youtubeur. Comme je l’ai précisé en introduction, j’ai regardé plusieurs vidéos d’Un Créatif pour pouvoir préparer ce contenu. Le montage de ses vidéos est très standardisé. C’est typique d’un youtubeur avec beaucoup de zooms, énormément de cuts, des cris, des effets de style … On frôle parfois la crise d’épilepsie.

Ce type de montage est uniquement conçu pour maintenir l’attention du spectateur.

Cela rejoint tout ce que j’ai dit auparavant. Même si on ne peut connaître dans les moindres détails l’algorithme de YouTube (Fuyez celui qui vous le prétend !), il est certain que le temps de visionnage sur une vidéo est favorable à l’algorithme YouTube. Plus les spectateurs regardent de manière prolongée votre vidéo et plus YouTube jugera qu’elle est pertinente pour la montrer à une audience potentiellement intéressée par votre chaîne. Ce montage sporadique maintient l’attention afin d’augmenter le temps de visionnage. Plus le temps de visionnage sera élevé, plus il y a de chances que l’algorithme vous recommande et donc que vous ayez plus d’abonnés. Qui dit plus d’abonnés dit plus de revenus liés à la monétisation de cette audience. Pour ma chaîne YouTube, je n’ai pas choisi cette stratégie parce qu’elle ne me correspond pas. Je trouve que cela fait très enfantin et que ça manque de professionnalisme. Je me vois mal crier, hurler avec plein de cuts, si à cela s’y ajoute une miniature où je ferais une tête bien bizarre, alors il y a de fortes chances que je me transforme en un ersatz d’Un Créatif.

L’image de marque se travaille dans le temps : comment va vieillir ce type de contenu ? Dans 15 ans, sera-t-il toujours adéquat de faire des vidéos autant marquées par une époque ? Votre rendu va qualifier votre image de marque. Il faut y penser lorsque vous créez votre contenu.

Je pense que l’audience d’Un Créatif est plutôt jeune voire adolescente. Les lives Twitch qu’il organise régulièrement et qui attirent beaucoup de spectateurs corroborent cet argument. Selon un article des Échos, l’âge moyen des spectateurs de Twitch est de 20 ans. Cela nous ramène au paradoxe du youtubeur puisqu’un jeune est en général plutôt en défiance de la société capitaliste. Un Créatif sert donc le produit qui correspond à son audience, un youtubeur cool qui combat le camp du méchant, qui gagne de l’argent « honnêtement » grâce aux dons « gratuits » ou à des « petits » placements de produits.

MEA CULPA

Je me dois d’être le plus précis possible dans cet article. En cherchant un peu sur la chaîne d’Un Créatif, je me suis rendu compte qu’il a publié une vidéo en janvier 2021 pour annoncer qu’il arrêtait ses partenariats publicitaires, notamment avec Nord VPN. Il annonce d’ailleurs dans celle-ci qu’il va réduire la fréquence de publication de ses vidéos sûrement due à un manque à gagner. Pour le cas de Stupid Economics, c’est légèrement différent puisqu’il gagne de l’argent uniquement avec les dons. Il n’a pas de montage typique du youtubeur et il semble beaucoup plus direct et franc dans sa relation à l’argent, même si on peut noter qu’il a clairement un problème avec les publicités.

J’ai regardé beaucoup de contenus d’Un Créatif non seulement parce que je les ai trouvés intéressants dans le fond, même si la forme est vraiment imbuvable, mais je ne me suis pas abonné. Et à vrai dire, après plusieurs contenus, j’ai été plutôt vacciné puisque je sentais le paradoxe évoqué dans les chapitres précédents, bien trop présent. À contrario, je suis abonné à la chaîne de Stupid Economics parce que je trouve son créateur très pertinent sur les sujets qu’il choisit.

FINITO PIPO

Je sais que cet article peut déboucher sur un débat. D’ailleurs si Un Créatif  ou Stupid Economics tombent sur cet article, je serais ravi d’en débattre avec eux. Ce qui est certain, c’est que quand vous commencer à communiquer, il faut penser à être raccord. J’en parle très régulièrement sur ma chaîne YouTube, une image de marque se construit dans le temps :

Le diable est dans les détails et les détails font le diable.

Il est très facile de foncer tête baissée sans penser à une stratégie de communication qui nous permet d’avoir une image de marque reconnaissable au premier coup d’œil mais je pense qu’il est préférable de réfléchir en amont parce qu’une image de marque peut vous coller à la peau. Je pense même qu’une image de marque est ce qui vous permet de durer dans le temps.

Avec l’exemple des youtubeurs que j’ai cités dans cet article, on voit bien qu’il y a un paradoxe entre ce qu’ils disent et ce qu’ils font. Personnellement, cela m’a sauté au visage au bout de quelques vidéos d’Un Créatif. En l’occurrence, il m’a perdu même si c’est vrai que je ne corresponds pas à son audience, je n’ai plus 20 ans.

Sur certains points, Un Créatif a raison puisque des marketeurs abusent des ficelles pour pouvoir vendre absolument leurs produits. Mais de là à dire que ce sont tous des arnaqueurs, je pense qu’il y a de la marge et qu’il faut nuancer le propos.

Contrôler son système de création de contenu est à mes yeux un meilleur gage d’indépendance que de dépendre de revenus publicitaires d’autres marques. J’espère que cet article vous aura donné à réfléchir et j’attends le débat dans la zone de commentaire.

J’espère également que mes arguments vous auront encouragé à ne pas devenir l’énième copie d’une copie sinon vous risquez de vous transformer en photocopieur.

Pour regarder la vidéo qui retrace en intégralité de cet article, cliquez sur l’image juste en dessous :

Comment devenir un leader innovant et créatif pour dominer votre marché grâce à une image de marque unique
This is default text for notification bar